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Corinthiens 1: 20-31 La folie qui sauve - dimanche 2 décembre 2012
20 Où est le sage ? Où est le
scribe ? Où est le débatteur de ce monde ? Dieu n'a-t-il pas frappé
de folie la sagesse du monde ? 21 En effet, puisque le monde, par la
sagesse, n'a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie de la
proclamation qu'il a plu à Dieu de sauver ceux qui croient. 22 Les Juifs, en
effet, demandent des signes, et les Grecs cherchent la sagesse. 23 Or nous,
nous proclamons un Christ crucifié, cause de chute pour les Juifs et folie pour
les non-Juifs ; 24 mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, un
Christ qui est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. 25 Car la folie de
Dieu est plus sage que les humains, et la faiblesse de Dieu est plus forte que
les humains.
26 Regardez,
mes frères, comment vous avez été appelés : il n'y a pas parmi vous
beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de
nobles. 27 Dieu a choisi ce qui est fou dans le monde pour faire honte aux
sages ; Dieu a choisi ce qui est faible dans le monde pour faire honte à
ce qui est fort ; 28 Dieu a choisi ce qui est vil dans le monde, ce qu'on
méprise, ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est, 29 de sorte que
personne ne puisse faire le fier devant Dieu. 30 Or c'est grâce à lui que vous
êtes en Jésus-Christ, qui a été fait pour nous sagesse venant de Dieu — mais
aussi justice, consécration et rédemption, 31 afin, comme il est écrit, que le
fier mette sa fierté dans le Seigneur.
Aucun être humain n’a traversé la vie sans se
poser de questions sur ce qu’il y avait après.
Y a-t-il seulement un après ? Non disent les uns, oui, disent les
autres. Ces deux réponses laissent le
problème entier. Est-il possible que rien ne reste de nous après que nous ayons
été. Ne reste-t-il rien des amitiés que
nous avons nouées, des amours que nous avons eues ? Ce serait absurde de penser ainsi, mais ce serait logique de le
penser tout de même.
Ce long tunnel qui s’ouvre sur une lumière
apaisante que des gens en phase de coma
dépassé ont parfois parcouru jusqu’au bout, puis sont revenus, est-ce une
illusion ? Qui suis-je pour le dire ? La sagesse humaine butte ici
sur le mur de ses limites extrêmes et aucun savant ne se risque vraiment à un commentaire.
Pourtant nous aimerions tous, arrivés au
terme de notre parcours terrestre qu’il nous soit donné de faire le point sur
notre vie écoulée. Nous partirions plus en paix vers un au-delà inconnu si nous n’étions pas seuls à emporter avec
nous les secrets dont on ne se serait ouverts à personne. Peut-on espérer que l’expérience de toute une
vie puisse être partagée par quelqu’un
d’autre que nous-mêmes ? Qui entendra, ne serai-ce qu’une fois nos regrets
pour des actions commises dont les effets auraient pu être nocifs pour
d’autres ?
Qui
entendra le récit des projets que nous avons formulés, pour lesquels nous nous sommes battus et qui n’ont pas
aboutis ? Y a-t-il dans le secret de notre intimité ou dans le silence du
tombeau une oreille pour nous entendre ? Aucun sage ne pourra répondre,
aucun savant ne se risquera à nous éclairer. Ce serait pourtant frustrant et
même révoltant de parvenir en fin de vie et de ne rien pouvoir partager de ce que nous avons été avec personne.
Le passage de l’Ecriture que nous avons lu dans
la première épître de Paul aux Corinthiens ouvre peut-être une voie à notre
réflexion. Ce passage confirme ce que
nous venons de dire, il n’y a aucun sage ou aucun savant pour réponde à notre
demande, et celui qui s’y risquerait trouverait place parmi les fous. Pourtant Paul a couru ce risque et il a été perçu comme un fou par la plupart
de ses contemporains en particulier par l’Aréopage des philosophes et des
savants d’Athènes qui l’ont invité à ne pas insister sur ses élucubrations. A l’inverse
des érudits les premiers Chrétiens ont
découvert en lui le plus subtile et le plus pertinent de leurs apôtres.
Jésus, avant lui a sans doute occupé aussi
cette place de fou auprès de ses semblables. Il faut dire qu’il n’y allait pas
de main morte et que ses propos avaient
des résonances subversives. Ils en ont encore aujourd’hui pour certains de nos
contemporains.
Il étayait ses propos sur la relation
particulière qu’il avait avec Dieu qu’il
appelait son Père. Ce Dieu Père, selon lui, récusait le rôle que les hommes
imaginaient qu’il devait jouer. Il ne voulait ni grandeur ni majesté. Il
n’aimait pas les solennités religieuses
qui lui étaient consacrées. Il contestait la valeur des sacrifices qu’on lui offrait. Il préférait qu’on le prie
dans sa chambre plutôt que dans les
espaces publics réservés au culte. Par contre il se sentait concerné par tout
ce qui allait mal dans le monde. Il
s’intéressait individuellement à
chaque humain. Il se voulait proche des malades, des pauvres et des mal-nourris.
Il contestait la richesse des puissants, l’orgueil des dirigeants, l’arrogance
des gens au pouvoir.
Face à la mort qui guettait chaque humain au tournent, il
opposait la vie. Une vie faite de promesses, chargée d’une éternité que personne ne pourrait vraiment
définir mais qui était chargée d’espérance. Folie que tout cela, pensaient les
délateurs de Jésus. Une telle folie était cependant le noyau central de son évangile, elle risquait d’être contagieuse et porteuse de
vérité.
Si
c’était simplement de la folie,
pourquoi l’avoir condamné à mort et exécuté ? Annonçait-il une vérité
dangereuse pour la morale ambiante ou pour la science de son temps ? Il y avait-il dans ses propos comme un défi lancé aux sages et aux savants, et cela
leur était insupportable.
Jésus nous a transmis l’idée qu’un face à
face avec son Père était possible, même dans la mort. Il proclamait une vie en
esprit qui unissait chaque homme au Père. Etait-ce dans cette vie, était-ce
dans une autre, je ne sais ? La vie
qu’il proposait à ceux qui croyaient en lui,
était dépassée dans la mort pour devenir une vie autrement. Cela était
peut être formulé comme une utopie et se trouvait en opposition avec les
options des philosophes et des sages, mais
quantité de ses contemporains ont trouvé du réconfort en mettant cette
idée en pratique.
Fort de cette certitude Jésus a affirmé à ses
contemporains que la mort n’avait pas le pouvoir de les séparer de Dieu. Il
leur promettait de rester vivant et de
partager avec eux cette nouvelle forme de vie. Chacun pouvait y participer par
la prière qu’il était invité à partager avec lui et par laquelle il attestait
que bien que mort, sa relation avec lui restait vivante et le maintiendrait en
vie, même quand la mort l’ emporterait.
Beaucoup de ses amis l’ont cru, beaucoup ont
continué à le rencontrer dans l’intimité de la prière, beaucoup ont pu ainsi
partager avec lui l’intimité de leur existence dans une vie qui se prolongeait
au-delà des limites que la raison humaine lui accorde. Alors, que demander de
plus ?
Que dire encore, si non que chacun à la suite
de Jésus peut espérer se décharger sur Dieu son Père de tout ce qui fait le
poids de sa vie, le meilleur comme le moins beau. Tout peut être entendu et
partagé avec lui, dans cette vie ou dans une autre. C’est là notre espérance.
Elle est précédée pour nous par deux
mille ans d’histoire et ceux qui ont espéré en elle n’ont jamais été déçus.
Nous pouvons donc maintenant conclure avec
l’apôtre Paul en disant que notre espérance en Dieu est liée à Jésus Christ qui
par son Père a été fait pour nous sagesse, et aussi justice, sanctification et
rédemption.
Illustrations: Gaspar David Friedrich : promeneur sur la mer de nuage in Evangile.et Liberté N°260
Illustrations: Gaspar David Friedrich : promeneur sur la mer de nuage in Evangile.et Liberté N°260
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