Jésus répondit : Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole,
et mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure
auprès de lui. 24 Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles. Et la
parole que vous entendez n'est pas la mienne, mais celle du Père qui m'a
envoyé.
25 Je vous ai parlé ainsi pendant que je demeurais auprès de
vous. 26 Mais c'est le Défenseur, l'Esprit saint que le Père enverra en mon
nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai
dit.
27Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi, je ne vous
donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble pas et ne cède pas
à la lâcheté ! 28Vous avez entendu que, moi, je vous ai dit : Je m'en
vais et je viens à vous. Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je
vais vers le Père, car le Père est plus grand que moi. 29 Je vous ai dit ces
choses maintenant, avant qu'elles n'arrivent, pour que, lorsqu'elles
arriveront, vous croyiez.
Que celui qui est triste et
se sent abandonné, qui vit dans ce monde comme un prisonnier enfermé dans sa
cellule, verrouillé à l’écart des hommes par des secrets de vie qui l’empêchent
de communiquer ne se désespère pas. Dieu est au courant de sa situation
et lui envoie son Esprit afin que tout soit mis en œuvre pour qu’il soit
libéré. Encore, faut-il qu’il y mette du sien.
Il n’y a pas de honte à
avoir des états d’âme, il n’y a pas de honte non plus à éprouver le besoin de
sentir une présence à ses côtés, il n’y a pas de honte à sentir un cœur d’enfant
battre dans nos poitrines d’adultes. Il n’y a pas de honte non plus à savoir
que nous sommes des hommes et des femmes faits de chairs et de sentiments. Les
épreuves du temps nous ont appris à nous blinder et à nous protéger d’un masque
que nous sauvegardons au mieux pour ne pas laisser transparaître la réalité
secrète de notre personnalité. Derrière les murs de l’apparence, nous
cultivons des jardins secrets où parfois nous nous sentons bien seuls.
Dieu se propose de nous
visiter dans les jardins secrets de notre histoire personnelle. Il se propose
par cette visite de produire en nous un effet bénéfique, de provoquer une
sérénité nouvelle dont les effets sont inhabituels. «Je me tiens à ta porte et
je frappe » dit le Seigneur et pour qu’il entre chez nous il a besoin
qu’on lui ouvre la porte. C’est à cette démarche que, sur l’injonction de Jésus
je vous propose ce matin. La porte ouverte, Dieu s’approche et nous offre les
services de Consolation dont nous avons besoin.
Il
n’est sans doute pas difficile d’ouvrir une porte dont on détient la clé, et
pourtant à force de rester dans le secret, les mécanismes ont fini par se
rouiller et la serrure s’est complètement bloquée tant il est difficile
de s’ouvrir, même à Dieu, et surtout à Dieu dirai-je, tant nous
redoutons son regard sévère et son jugement. Cinq siècles de
Réforme ne nous ont toujours pas libérés de cet aspect redoutable dont
les siècles antérieurs ont revêtu Dieu. Sa proximité fait encore peser sur nos
consciences un sentiment de culpabilité dont nous avons du mal à nous sentir
libérés.
Pour
rétablir des chances de dialogue avec lui, Dieu se propose de faire une
démarche nouvelle en notre faveur, il irradie vers nous un supplément de
sa puissance divine qui nous est présentée ici comme le
« Consolateur ». En lui, nous reconnaissons l’action du Saint
Esprit que le texte de l’Évangile de Jean appelle le « Paraclet »
Nous
avons déjà, bien entendu, repéré l’œuvre du Saint Esprit. C’est par son
action, selon les Ecritures que Dieu est intervenu, à l’origine des temps
pour créer le monde. Il est présenté comme la puissance créatrice de Dieu
et il est sensé présider à la destinée du monde. Il a exploré
l’immensité du cahot avant de l’organiser. Il a permis à Abraham de
parler cœur à cœur avec Dieu. Il a parlé par les prophètes, il est
descendu sur Marie et s’est posé sur la poitrine du Messie. Il est enfin venu
sur les apôtres le jour de la Pentecôte. Il continue son action en
provoquant le dynamisme de l’Église, il la rend active et missionnaire et la
conforte dans sa fidélité. Nous le voyons ainsi à l’œuvre et
bien souvent ça nous suffit. Mais pour Jésus, ça ne suffit pas, c’est pourquoi
il attire ici notre attention. Il nous demande de considérer que le rôle
du Saint Esprit ne s’arrête pas là. Il a pour mission d’établir un lien
particulier entre Dieu et nous. Dans ce rôle là Jésus lui donne le titre de
Consolateur, de « Paraclet ».
Le
Paraclet, ou le Consolateur, c’est donc ce supplément d’Esprit que Dieu nous
envoie pour nous convaincre de l’efficacité de I' œuvre
de Jésus Christ en nous. C’est grâce à lui que nous croyons que
Jésus Christ nous a réconciliés avec Dieu. Il nous a révélé l’immense amour de
son Père pour chacun de nous et pour le monde aussi. Nous savons
que par sa mort il a vaincu notre mort. Mais ces arguments intellectuels, s’ils
sont nécessaires à notre compréhension des choses ne remplacent pas notre
conviction intérieure. C’est pour accomplir cette fonction que le Seigneur
envoie sur nous ce supplément de son Esprit. C’est par lui que tous les acquis
de la foi en Christ deviennent certitude et nous transforment en profondeur.
Il
nous faut donc être prêt à accueillir le « Consolateur » en nous. Il
nous faut prendre du temps pour travailler sur nous même par la méditation et
la prière. C’est ainsi qu’il aura la possibilité de pénétrer en nous et
de faire sa demeure en nous. Naturellement, quelques uns parmi-vous vont
considérer que je fais peu de cas de la grâce en évoquant cette nécessité de travailler
sur nous et de faire des efforts sur nous-mêmes. Ils vont penser que je
la renvoie au rayon des accessoires inutiles en préconisant d’une manière
subtile le retour au salut par les œuvres.
Qu’on
ne se méprenne pas. Le salut nous est acquis par grâce, nous n’y avons aucun
mérite. Dieu, par une décision dont le secret n’appartient qu’à lui a décidé de
ne pas tenir compte de nos péchés avoués ou pas et de nous ouvrir tout grands
ses bras de Père. Cela n’est nullement remis en cause. Ce que je dis
simplement, c’est que pour prendre conscience de cette grâce et de l’immense
privilège qu’elle révèle et pour vivre pleinement du bonheur de se sentir
sauvés, il faut accueillir ce supplément d’Esprit que Dieu nous donne.
Pour
l’accueillir, il faut s’y préparer. Pour s’y préparer il faut
en faire l’effort. Il faut d’abord désirer qu’il s’installe en nous pour
participer à notre vie intérieure. Il se comporte alors comme un baume
bienfaisant qui oriente toutes nos pensées pour qu’elles se mettent en harmonie
avec celles du Père. C’est alors que les consolations que nous espérons
pourront se produire. Un supplément de vie prendra alors place en nous
pour alimenter nos désirs car nous avons besoin que nos frustrations soient
prises en compte, qu’elles soient dépassées et qu’elles ne fassent plus
frein à toutes nos entreprises.
Si
on cherche l’étymologie du mot « Paraclet » que l’on traduit par
« consolateur » mais aussi par défenseur ou avocat, nous découvrons
en nous appuyant sur le mot hébreu qui le désigne qu’il vaudrait mieux traduire
par « supplément de vie ». Vous avez sans doute remarqué que
c’est sur ce sens particulier que je me suis appuyé tout au cours de mon
propos. Si toutes les fois que vous lisez dans la Bible le mot « consoler », vous le remplacez par
l’expression « donner un supplément de souffle » vous verrez alors
quel dynamisme il y a dans ce mot.
Le
supplément de souffle se comporte comme une bouffée d’oxygène que l’on fait respirer
au malade pour le ranimer. Nous sommes des êtres en manque de souffle, et Dieu
nous envoie gracieusement et généreusement ce souffle qui vient de lui. Il nous
appartient maintenant d’utiliser ce supplément d’énergie pour surmonter ce qui
entrave nos désirs, c’est ainsi que nous verrons se cicatriser nos plaies
intérieures. Ce supplément d’énergie nous permet de sublimer nos frustrations
et de nous projeter sereinement dans l’avenir.
Je
crois qu’aujourd’hui en 2016 nous ne prenons pas assez de temps de nous laisser
habiter par ce supplément d’esprit. Nous sommes avides de connaissances, nous
prenons du temps pour nous cultiver, ou pour nous divertir, mais nous ne
prenons pas assez de temps pour reprendre souffle comme le coureur sur le bord
de la piste. Nous ne prenons pas le temps de descendre en nous-même pour
y saluer Dieu qui habite déjà en nous et qui nous attend patiemment.
C’est alors que nous pourrons lui dire notre amour et nos inquiétudes.
Nous devons nous ouvrir sans crainte à notre Dieu et il fera le reste. C’est en
agissant ainsi que nous faciliterons l’accès en nous au Saint
esprit. Prenez le temps de vous laisser bercer et cajoler par votre Dieu
qui ne demande que cela. En acceptant cela vous découvrirez qu’il vous en donne
encore bien davantage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire