Jean 14 : 15-26 l'Amour de Dieu - dimanche 19 mai 2013
15 Si vous m'aimez, vous garderez mes
commandements. 16 Moi, je demanderai au Père de vous donner un autre défenseur
pour qu'il soit avec vous pour toujours, 17 l'Esprit de la vérité, que le monde
ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas et qu'il ne le connaît
pas ; vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous et
qu'il sera en vous.
18Je ne vous laisserai pas
orphelins ; je viens à vous. 19 Encore un peu, et le monde ne me verra
plus ; mais vous, vous me verrez, parce que, moi, je vis, et que vous
aussi, vous vivrez. 20 En ce jour-là, vous saurez que, moi, je suis en mon
Père, comme vous en moi et moi en vous. 21 Celui qui m'aime, c'est celui qui a
mes commandements et qui les garde. Or celui qui m'aime sera aimé de mon
Père ; moi aussi je l'aimerai et je me manifesterai à lui.
22 Judas, non pas l'Iscariote, lui
dit : Seigneur, comment se fait-il que tu doives te manifester à nous et
non pas au monde ? 23 Jésus lui répondit : Si quelqu'un m'aime, il
gardera ma parole, et mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui et nous
ferons notre demeure auprès de lui. 24 Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes
paroles. Et la parole que vous entendez n'est pas la mienne, mais celle du Père
qui m'a envoyé.
25Je vous ai
parlé ainsi pendant que je demeurais auprès de vous. 26 Mais c'est le
Défenseur, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera
tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit.
Une immense bonté habite le monde, mais qui s’en rend compte ? La
lecture de nous journaux quotidiens semble même nous dire le contraire. Ils ne
cessent de nous énumérer toutes ces choses dont l’humanité serait victime, si bien qu’on a pris
l’habitude de considérer que le monde serait aux mains du « mauvais »
et que c’était lui qui en était devenu le maître. Dans le récit de la Tentation
rapporté par les évangiles ne nous raconte-t-on pas qu’il se présente comme le
maître du monde ? Si Jésus ne tombe
pas dans le panneau, la plupart des humains se laisse avoir.
Sans doute les média, aussi se
font prendre au même piège et
s’ingénient à présenter le mauvais côté des choses. Cependant, il suffit de jeter un coup d’œil sur tout ce
qui nous entoure pour constater la beauté qui irradie de toute part. Du lever
du soleil jusqu’à son couchant que de merveilles ne défilent pas sous nos yeux !
Avec un peu d’attention nous voyons la bonté de tous ces humains à l’œuvre quand
ils s’entraident mutuellement. Nous partageons aussi cette immense espérance qui fait vibrer nos
cœurs et qui installe en nous l’idée que demain portera des fruits meilleurs
que ceux d’aujourd’hui.
Il y a un fond d’optimisme en nous que nous prenons soin de cacher,
comme si c’était malsain de voir les choses sous un jour heureux. Ce fond
d’optimisme correspond sans doute à la
trace de Dieu qui se promène incognito
dans notre monde (1) et qui sème quelques bribes de lui-même partout où
il passe. C’est ce qui nous permet
inconsciemment de profiter de la vie.
Pourtant ce sont d’autres idées sur Dieu qui habitent nos esprits. Elles
sont assez généralement partagées dans ce monde-ci. Dieu serait perçu par beaucoup comme l’ « être suprême » cher aux
révolutionnaires qui ne se soucierait pas beaucoup du sort de l’humanité. On le considère,
dans le meilleur des cas comme celui qui aurait jeté le monde sur sa lancée, mais
qui, depuis le big-bang qu’il aurait initié, le laisserait évoluer
à sa guise. Ce Dieu ne serait en rien dérangé par les guerres que se font les hommes entre
eux, ni par les trains qui déraillent,
ni par les petits enfants qui ont faim.
Telle est la vision de Dieu qui se répand dans notre société. Si on
croit en Dieu, on ne lui accorde que peu de cas. Notre société évolue sur un
fond de panthéisme qui nous suggère qu’à la fin, notre vie s’achèvera dans un Grand Tout où curieusement nous conserverons une partie
de notre personnalité. Ce sont les média qui encore une fois accréditent cette
idée. En effet, il suffit qu’une personnalité disparaisse pour que l’on nous suggère que là
où elle est désormais, elle nous voit et participe d’une manière ou d’une autre
à la suite des événements. Nos contemporains s’approprient volontiers les idées d’un de nos anciens président défunt qui avant de mourir laissait entendre
qu’il ne nous quitterait pas tout à fait parce qu’il croyait aux forces de
l’esprit. Mais bien évidemment nous avons du mal à nous y retrouver.
Dans le monde antique juif dont nous sommes héritiers et dans lequel
vivait Jésus, il n’en allait pas ainsi. On pensait que Dieu était beaucoup plus
présent dans le monde dont il avait jeté les bases. On pensait qu’il pouvait
intervenir dans la société des hommes
pour faire respecter ses préceptes et ses lois, sans quoi le monde ne pourrait
évoluer selon le programme que Dieu aurait établi. Le Dieu créateur aurait fait
l’homme libre. Seulement sa liberté se limiterait à discerner sa volonté et à
la respecter. Partant de préceptes remontant à Moïse, et même au-delà de lui à
Noé, les penseurs de la Bible ont rédigé tout un arsenal de préceptes, au
nombre de 613, qu’il fallait respecter, sous peine de voir le visage de Dieu
s’empourprer pour laisser éclater sa colère et punir les contrevenants. Dieu
était cependant perçu comme infiniment bon mais sa bonté, pour s’exercer impliquait que l’on
respecte ses commandements.
C’est dans ce double contexte du présent et du passé que nous nous
approprions le message de Jésus pour ce jour. Il précise ses rapports avec Dieu et avec nous. Bien
entendu il ne s’accorde avec aucune des thèses suggérées dans mon propos. Ses rapports avec les hommes
sont réglés par la notion d’amour. L’amour de Dieu pour les hommes tel que
Jésus l’enseigne est inconditionnel. Dieu est perçu par Jésus comme un Père essentiellement bon. La
bonté de Dieu se répand sur le monde et Dieu la communique aux hommes par le
relais de Jésus. Grâce à ce nouveau regard que Jésus porte sur Dieu les choses
prennent un aspect bien différent et notre relation à Dieu prend une allure
toute nouvelle. Le vrai visage de Dieu se révèle alors à nous grâce à notre
capacité à aimer. Tel serait en quelque sorte le testament spirituel de Jésus avant son départ de ce monde.
Bien que cet enseignement de Jésus nous soit connu de longue date, nous
avons conservé de par nous-mêmes des
conceptions de Dieu qui relèvent encore de la conception des contemporains de
Jésus auquel il s’est vivement opposé. Un tel portrait de Dieu où la notion
d’amour serait dominante nous paraît encore vraiment réducteur. Nous
considérons que les attributs traditionnels de Dieu n’ y sont pas assez pris en compte. Beaucoup trouvent
que l’on n’insiste pas assez sur la toute-puissance de Dieu, ni sur sa
capacité à créer, ni sur sa justice.
En fait Jésus ne met nullement en cause les attributs de Dieu, mais il
rappelle que l’essentiel dans la relation que Dieu veut entretenir avec les
hommes est l’amour qui passe avant la justice, la loi et son action de créateur. Si cette capacité
à aimer est première en Dieu, elle doit l’être aussi, bien évidemment en
l’homme. C’est en mettant l’amour en pratique que nous maintiendrons une relation cohérente avec Dieu.
Il est important de constater que
dans notre lecture de l’Evangile, nous avons bien repéré l’insistance que Jésus
accorde à l’amour que les hommes doivent avoir les uns pour les autres et aussi
pour Dieu. Il est inutile d’énumérer toutes les paraboles qui insistent sur cet
aspect des choses. Il est aussi inutile de rappeler tous les passages où Jésus
parle du commandement d’amour. Pourtant nous donnons priorité à d’autres valeurs
dans nos relations à Dieu, et sans même nous en rendre compte, nous donnons
priorité aux anciennes valeurs du judaïsme contre lesquelles Jésus s’est élevé
avec force. Nous mettons en avant notre péché, comme s’il fallait encore et
toujours négocier notre pardon. Nous nous interrogeons sur notre salut. Nous
revêtons Dieu de la toge du juste juge en oubliant que c’est la notion de Père aimant que Jésus a mis en avant.
Les chrétiens se sont jadis séparés les uns des autres et se sont érigés en églises distinctes sur
des notions de justice. Ils se sont
excommuniés mutuellement sur des
principes légalistes, et aujourd’hui encore ils n’arrivent pas à se réconcilier
sur ces mêmes principes alors que ce qui
devrait avoir priorité sur tout le reste devrait être notre référence à l’amour que Dieu éprouve
pour chacun de nous et que nous devrions avoir pour lui et pour les autres.
Selon Jésus le moteur du monde devrait être l’amour, car c’est cette
notion qu’il a choisie pour révéler aux hommes sa relation à Dieu qui vient
vers eux comme un Père. Cette notion de Père contient en elle le seul secret qui nous soit révélé de la part de Dieu et que
nous devons mettre en pratique pour que
le monde évolue dans la bonne voie.
C’est cet amour que l’on doit manifester aux autres, même s’ils ne le
partagent pas, et même s’ils le combattent.
Jésus savait bien qu’une telle idée serait difficile à faire partager
aux hommes, pourtant elle est la vérité
la plus essentielle que Dieu a voulu nous transmettre. Curieusement les hommes
l’admettent volontiers, mais pourquoi ne la mettent-ils pas en pratique ?
Leur fierté personnelle et leur désir de
supplanter les autres sont-ils si valorisants qu’il faille les mettre en rivalité avec Dieu ?
(1) Einstein
Illustrations: Puvis de Chavanne sur le thème du bonheur
Texte pour ouvrir un culte sur ce thème:
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Chaque
matin, au lever du soleil, au moment où le coq salue la nature qui s’éveille,
la
terre se pare de toute sa beauté pour accueillir les humains.
Elle
leur offre une nature encore endormie qui sort de la nuit.
Et qui chaque jour se présente à eux sous un
aspect différent.
Tantôt
c’est le soleil qui pointe ses rayons, accompagné du chant des premiers
oiseaux.
C’est
parfois la pluie qui teinte tout l’espace d’une couleur uniforme, comme
une photographie en noir et blanc !
A
d’autres moments, c’est le mélange de la pluie et du soleil
Qui
colore la journée de milliers de teintes dégradées !
Pour
celui qui sait voir toute cette beauté, c’est
à n’en pas douter, l’œuvre de
Dieu lui-même
Qui
nous offre de commencer notre journée
par ce concert de lumières variées !
 lui
soit notre reconnaissance !
Puisse-t-il
maintenant accueillir avec bienveillance, le chant de notre louange.
Texte pour ouvrir un culte sur ce thème:
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