lundi 15 juillet 2013

Luc 11:1-13



Luc 11 :1-13 - La prière  - dimanche 28 juillet 2013



1 Il priait un jour en un certain lieu. Lorsqu'il eut achevé, un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean aussi l'a enseigné à ses disciples. 2 Il leur dit : Quand vous priez, dites :

Père,

que ton nom soit reconnu pour sacré,

que ton règne vienne !

3 Donne-nous, chaque jour, notre pain pour ce jour ;

4 pardonne-nous nos péchés,

car nous aussi, nous remettons sa dette à quiconque nous doit quelque chose ;

et ne nous fais pas entrer dans l'épreuve.

5 Il leur dit encore : Qui d'entre vous aura un ami chez qui il se rendra au milieu de la nuit pour lui dire : « Mon ami, prête-moi trois pains, 6 car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n'ai rien à lui offrir. » 7 Si, de l'intérieur, l'autre lui répond : « Cesse de m'importuner ; la porte est déjà fermée, mes enfants et moi nous sommes au lit, je ne peux me lever pour te donner des pains », 8 — je vous le dis, même s'il ne se lève pas pour les lui donner parce qu'il est son ami, il se lèvera à cause de son insistance effrontée et il lui donnera tout ce dont il a besoin.

9 Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, et l'on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l'on vous ouvrira. 10 Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira. 11 Quel père parmi vous, si son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu d'un poisson ? 12 Ou bien, s'il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? 13 Si donc vous, tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l'Esprit saint à ceux qui le lui demandent !



Pourquoi prier ? Quand faut-il prier ? Comment prier ? Autant de questions qui se posent à nous et que Jésus nous aide ici à solutionner.  Jésus vivait dans un pays où la présence de Dieu ne se discutait pas. Elle faisait partie des évidences. Dieu était  omni présent. Les religieux se rencontraient à chaque carrefour des villes et des villages et on les repérait à leurs vêtements  caractéristiques qui signifiaient leur attachement à la religion. Les fêtes de pèlerinage qui rythmaient la vie de toute l’année entretenaient ce climat de religiosité permanente. Il est donc normal que les disciples de Jésus lui aient demandé  comment régler leur relation à Dieu alors que Jésus se mettait en retrait de la religion officielle.


Ils attendaient de lui qu’il leur précise la place que devaient prendre les différents rites religieux dans la vie. Ce ne sont ni les  pratiques du jeûne, ni celles du pèlerinage, ni celles des formes multiples de charité, mais c’est  la prière personnelle qui aura sa préférence. Il ne s’agit pas de n’importe quelle prière. Il s’agit de celle qui ne pouvait  être contrôlée par personne et qui ne correspondait à aucune réglementation. En effet, il y avait les prières rituelles qui se faisaient à différents moments de la journée, il y avait celles qui correspondaient à la lecture des psaumes qui se faisaient à la synagogue. Il y avait aussi les prières qui se disaient au moment des repas, et j’en passe.


Pour Jésus, c’est la prière individuelle qu’il pratique lui-même personnellement et très longuement qu’il recommande.  Il leur donne une forme de canevas pour en déterminer le contenu. Il s’agit du Notre Père. C’est une prière qui ne se serait  pas suffi à elle-même si elle s’était  résumée aux quelques phrases qu’elle contient. Mais elle  pouvait se prolonger indéfiniment si celui qui priait s’en servait pour organiser sa prière personnelle qu’il  adressait  à Dieu son Père. 


Elle commence par une louange qui lui est adressée. Celle-ci  se poursuit par l’énoncé des éléments  dont nous avons besoin pour vivre, à commencer par notre nourriture sous forme de pain quotidien. La prière contient ensuite tous les éléments de notre vie quotidienne en n’oubliant pas de mentionner nos manquements vis-à-vis des autres et de Dieu. Nous remarquons qu’elle ne fait pas état de toutes nos doléances vis-à-vis de tout ce qui ne va pas autour de nous. Cette prière est d’abord orientée vers les autres et s’adresse à Dieu dans sa fonction de Père.


Jésus  favorise donc notre relation  personnelle à Dieu qu’il situe non pas dans une relation de dépendance  ou de soumission à un Dieu souverain et tout puissant,  mais dans une relation d’amour semblable à celui que l’on partage avec ses parents. Pour Jésus nous devons entretenir une relation à Dieu qui correspond à celle que nous entretenons avec  les humains qui nous sont les plus proches. Le Père ou la Mère.


Cette prière particulièrement adressée au père a été critiquée par certains théologiens modernes qui ont accusé l’évangéliste Luc  et Jésus lui-même de machisme parce qu’il privilégiait la relation au Père. En fait  dans l’esprit de Jésus, selon moi,  il s’agissait de  la relation affective la plus immédiate et la plus naturelle de son temps. Si on veut bien se donner  la peine de rester dans sa pensée, on admettra facilement qu’il s’agissait d’exprimer notre relation à Dieu dans les mêmes termes que ceux que l’on utilise pour  le  parent pour lequel on a le plus d’affection.  C’est la relation avec celui des humains que l’on aime le plus qui est la bonne référence pour s’adresser à Dieu. Ainsi se trouve exclue de notre référence à Dieu le parent, fut-il notre Père, pour lequel on ne ressent pas une tendresse particulière et qui exerce vis à vis de nous une relation d’autorité et non d’affection.


Jésus privilégie donc  la relation affective pour  caractériser notre relation à Dieu  à l’exclusion de toute autre forme de relation. C’était en cela une nouveauté pour les gens de son temps qui voyaient en Dieu un être tout puissant qui réglait le monde selon sa justice. Pour nous est-ce aussi une nouveauté ?



Pour nos contemporains Dieu est moins présent dans leur vie de tous les jours qu’il l’était jadis. Nous vivons dans une société laïque qui rend suspecte toute référence à Dieu dans la vie ordinaire. A la différence des anciens, l’homme d’aujourd’hui ne reconnaît pas l’intervention de Dieu dans les mouvements de la nature. Avertis des règles naturelles qui gèrent le monde, il n’y reconnaît plus la présence de Dieu. Si d’aventure il prétendait le contraire il serait perçu comme  un individu déphasé par rapport au monde où il vit. Le soleil, le vent, la pluie, n’interviennent pas sur injonction de Dieu  et ne sont pas l’expression d’une intervention divine. Ils  ne sont porteurs ni de malédiction ni de bénédiction. On ne voit plus que l’action bonne ou mauvaise des hommes dans les événements qui marquent la société.

Dieu rejeté de la société des hommes se trouve exilé dans les recoins sensibles de notre âme et nous ne l’y trouvons que si nous voulons le chercher. Pourtant Dieu ne s’enferme pas dans ce refuge que lui concède la société. Au contraire il s’y complet. Il y fait sa demeure  et il s’y rend actif.


N’êtes-vous pas surpris de constater  que beaucoup de gens continuent à accorder leur confiance à Dieu dans un monde où il semble absent. En fait Dieu agit en nous. Il habite notre âme et n’y reste pas en repos. Beaucoup d’humains ressentent sa présence dans leur vie intérieure et cela les pousse  à vouloir le rencontrer et se familiariser avec lui. «  Qui cherche,  trouve » dit alors Jésus. Quiconque est intriguée par cette présence d’une force inconnue en lui qui le pousse à aimer sans espérer de compensation et à faire des actions qui ne lui sont pas naturelles en cherche  l’origine et  la trouve en Dieu.


C’est alors que la prière trouve tout naturellement sa place dans notre recherche. La prière devient une descente approfondie au fond de nous-mêmes  pour rencontrer celui qui nous appelle à vivre autrement que ce que nous le faisons.


Nous prendrons en conclusion la parabole qui constitue la deuxième partie de notre texte et nous la lirons  en fonction de cette interprétation. Il s’agit de l’aventure d’un homme qui a soigneusement fermé la porte de sa maison. Il a mis la barre en travers, il a couché ses enfants et lui-même s’est mis au lit, quand tout à coup il est sollicité par une voix qui vient  de l’extérieure et qui réclame ses services. Il fait la sourde oreille mais le solliciteur insiste. Le dormeur argumente pour ne pas se lever mais  l’autre se fait encore plus pressent au point de devenir importun. Cela pourrait durer longtemps.

Contrairement à son habitude, L’Evangéliste Luc ne donne pas d’explication à la parabole. Ne peut-on pas imaginer pour notre part qu’elle pourrait être une réponse à nos questionnements? Celui qui sollicite  de l’extérieur et qui demande qu’on lui  ouvre sa porte ne serait-il pas Dieu ? Il   insiste pour que nous lui ouvrions notre âme et que nous écoutions l’objet de sa requête.  Le solliciteur a besoin des quelques pains que le dormeur  garde en réserve et  dont il a besoin pour ses amis. Dieu à force d’insister a finalement raison de la porte  de notre  âme qui s’ouvre. Nous  accueillons  Dieu qui deviendra présent dans notre vie et lui donnera du sens, il la rendra utile  en  utilisant  à bon escient tout qui est utile en nous pour autrui.


Quand enfin l’homme qui sommeille loin de Dieu le reconnaît dans ce solliciteur, les événements de sa vie prennent une autre tournure. Si Dieu intervient dans sa vie, c’est du bonheur qu’il lui  donne. Il reconnait  que les scorpions, serpents et autres cailloux qui encombrent sa vie ne viennent pas de Dieu, mais que c’est lui qui l’aide à les combattre et à surmonter les obstacles que les hasards de la vie lui  apportent.

Illustrations : différentes personnes en prière: Rembrandt


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