Luc 12: 32-48 « tenez vos lampes allumées »
- dimanche 11 Août
2013
Voir aussi en deuxième partie un autre sermon sur ce sujet de juillet 2016
Voir aussi en deuxième partie un autre sermon sur ce sujet de juillet 2016
32 N'aie pas peur, petit troupeau ;
car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume.
33 Vendez vos biens et donnez-les par des
actes de compassion. Faites-vous des bourses qui ne s'usent pas, un trésor
inépuisable dans les cieux, là où aucun voleur n'approche et où aucune mite ne
ronge. 34 Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
35 Tenez-vous
prêts, la ceinture aux reins et les lampes allumées. 36 Vous aussi, soyez
semblables à ces hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin
de lui ouvrir sitôt qu'il arrivera et frappera.
37 Heureux
ces esclaves que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller ! Amen,
je vous le dis, il se mettra à son tour en tenue de travail, il les installera
à table et il viendra les servir. 38 Qu'il arrive à la deuxième ou à la
troisième veille, s'il les trouve ainsi, heureux sont-ils !
39 Sachez-le bien, si le maître de maison
savait à quelle heure le voleur doit venir, il ne laisserait pas fracturer sa
maison. 40 Vous aussi, soyez prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure
que vous ne pensez pas.
41 Pierre lui dit : Seigneur, est-ce à
nous que tu adresses cette parabole, ou aussi à tous ? 42 Le Seigneur
dit : Quel est donc l'intendant avisé et digne de confiance que le maître
nommera responsable de ses gens, pour leur donner leur ration de blé en temps
voulu ? 43 Heureux cet esclave, celui que son maître, à son arrivée,
trouvera occupé de la sorte ! 44 En vérité, je vous le dis, il le nommera
responsable de tous ses biens. 45 Mais si cet esclave se dit : « Mon
maître tarde à venir », qu'il se mette à battre les serviteurs et les
servantes, à manger, à boire et à s'enivrer, 46 le maître de cet esclave
viendra le jour où il ne s'y attend pas et à l'heure qu'il ne connaît pas, il
le mettra en pièces et lui fera partager le sort des infidèles.
47 L'esclave qui aura connu la volonté de
son maître, mais qui n'aura rien préparé ni fait en vue de cette volonté sera
battu d'un grand nombre de coups. 48 En revanche, celui qui ne l'aura pas
connue et aura fait des choses qui méritent un châtiment ne sera battu que de
peu de coups. A quiconque il a été beaucoup donné, il sera beaucoup
demandé ; de celui à qui on a beaucoup confié, on exigera davantage.
Le monde où nous sommes ne serait-il qu’une illusion ? La vérité sur les
êtres et les choses que nous rencontrons est sans doute différente de celle que
nous percevons. Les expériences de la vie nous montrent que la personnalité des
humains est plus complexes que ce que nous en saisissons au premier contact.
Ils ne se livrent pas facilement et nous offrent la plus part du temps un
visage derrière lequel nous avons du mal à discerner leur vérité. Il faut bien
les connaître pour y arriver.
Pourquoi se cache-t-on ainsi ? Pourquoi ne laissons-nous pas percer
facilement le fond de nos pensées ? Nous pouvons certainement apporter de
multiples réponses à ces questions qui expliqueraient notre propension à nous
cacher. Jésus pour sa part ne semble pas approuver une telle attitude et il
nous conseille de laisser transparaître la lumière qui éclaire notre âme. La
connaissance de Dieu devrait mettre en nous une espérance qui irradierait de
tout notre être et qui éclairerait ceux qui nous croisent. Notre seule présence
sur la même route qu’eux devrait projeter sur eux comme un reflet de la réalité
divine qui est en nous.
Pourquoi rêver ? Nous savons qu’une telle réalité ne se produit que
rarement et que la sérénité que met la foi en nous est peu visible pour les
autres. Ce n’est pas que notre foi ne soit pas authentique, mais c’est que nous
partageons les mêmes soucis que nos contemporains et ce sont eux qui voilent la
vérité qui nous habite. Nous avons du mal à laisser notre foi prendre le dessus
sur les affaires de ce monde.
En effet comment dominer sereinement les problèmes de santé qui arrivent
sur nous à l’improviste. Comment affronter, les déboires que nous procurent nos
proches ou comment faire face aux fins de mois difficiles ? Les soucis nous
submergent souvent et nous avons du mal à leur opposer une sérénité à toute
épreuve. En dépit des difficultés que nous partageons avec tous, la foi en
Jésus Christ devrait nous permettre de dépasser les difficultés du monde
sensible d’aujourd’hui pour percevoir les réalités dernières du monde de
demain.
Nous savons que notre vie est liée aux hasards des événements et que notre
sort ne sera pas différent de celui de nos contemporains. Si la foi en Dieu ne
nous permet pas d’échapper à notre sort, elle nous permet de vivre le quotidien
avec la certitude que nous ne sommes ni seuls ni abandonnés. Nous savons que
nous sommes accompagnés par Dieu qui donne à notre vie une qualité spéciale.
Nous entrevoyons au-delà du temps présent un autre temps où Dieu habitera
toujours et donnera de la plénitude à notre personne.
Le fait de savoir que Dieu nous tient la main et guide nos pas, donne à
notre existence une qualité de vie qui devrait être communicative. Nous
devrions donc être éclairés par cette lumière qui vient d’en haut et qui
devrait également éclairer à notre contact, le chemin de nos compagnons de
route. Telle est la mission qui nous est confiée par Dieu et telle devrait être
le sens de la vie de la plupart de ceux qui partagent notre foi.
Mais apparemment cela ne marche pas. Tout cela semble être une illusion car
tout se passe comme si cette lumière n’advenait pas et restait invisible aux
autres. Nous aurions cependant tort de nous culpabiliser parce que cela ne se
produit pas comme nous le voudrions. Les hommes d’aujourd’hui sont aveuglés par
d’autres lumières que la lumière de Dieu que nous sommes censés faire
rayonner.
Il y a d’autres sources de lumière, que celle qui vient de Dieu et qui ont
la prétention d’éclairer les peuples. On s’en est servi pour présider aux révolutions du passé. Elles était plus rassurantes et plus immédiates. Les peuples ont préféré se
confier à leur sagacité et leur ont
laissé le soin de construire des sociétés plus justes et plus fraternelles.
Elles avaient les mêmes prétentions que celles de l’Evangile et elles se proposaient
de réussir là où l’enseignement de Jésus Christ paraissait avoir
échoué.
En effet les promesses issues de la
tradition évangélique n’ont plus l’heur d’être écoutées. Les chemins de Dieu ont été assombris par les
églises elles-mêmes. On ne voit toujours pas transparaître à travers les communautés
chrétiennes les promesses d’un avenir heureux. Les Chrétiens eux-mêmes, à part exception ne
font pas preuve d’un enthousiasme qui leur permettrait de faire face aux
sollicitations du moment. On les perçoit plutôt comme des êtres qui ont raté le
tournent de la modernité.
Depuis cette époque que l’on a curieusement appelée « le siècle des
lumières » on a enseigné que l’homme était capable par lui-même de donner du
sens à l’avenir. Seul l’esprit humain, éclairé par l’expérience pourrait
conduire l’humanité vers un avenir rayonnant. Ces idées se sont facilement
imposées car elle proposaient aux hommes
de devenir maîtres de leur destin, face
à un monde religieux qui avait accaparé tous les leviers qui régissent la
société.
On a cru alors, que le monde guidé par la science et libéré des entraves de
la superstition religieuse allait évoluer vers un avenir heureux. On a cru
alors, que les hommes devenus frères allaient partager ensemble les bienfaits
de la connaissance. Malgré les révolutions que l’on disait nécessaires, malgré
les réformes que l’on pensait inévitables, malgré les guerres toujours plus
meurtrières dont on disait que la dernière serait forcément la dernière avant
que ne s’ouvre un âge d’or, malgré tout cela, le temps heureux promis aux
hommes n’arrivait toujours pas. Et les hommes ne l’attendent plus.
Leurs illusions sont tombées et les hommes ne croient plus en l’homme. Ils
ne croient pas davantage en Dieu. Dieu a perdu toute fonction dans une société
d’où on l’a chassé. Les sciences humaines ont remis en cause les vérités
spirituelles sur lesquelles le passé avait construit tout son équilibre. Les
sciences ont introduit le doute dans le monde de Dieu et ont mis un voile sur
les réalités spirituelles si bien que l’on accepte difficilement toute lumière
qui pourrait venir d’une réalité réprouvée.
Malgré le discrédit qui est tombé sur les vérités qui affirmaient la
capacité de l’homme à gérer à lui tout seul l’avenir de nos sociétés, les
hommes restent encore dans l’illusion que tout n’a pas encore été dit. Malgré
les échecs auxquels on a fait allusion, on garde encore l’espoir de faire
partie de cette partie du monde qui continuera encore pour un temps à
bénéficier des avantages acquis par la science et la révolution des lumières.
Beaucoup espèrent encore profiter longtemps, contre toute logique et toute
morale, des bienfaits ventés par des théories qui jusqu’ici ont échoué à
propager le bonheur universel.
Les lumières d’une société qui a exclu Dieu de son univers, bien qu’elles
soient en train de s’éteindre produisent encore des reflets qui bercent les âmes
des occidentaux d’illusions.
Parmi tout ce scintillement de lumières diverses, nous vivons dans un monde
où le clair-obscur des idées continue à nous fasciner. La personne du Dieu de
Jésus Christ qui se propose de donner du sens à la vie des hommes n’est pas
morte et continue à faire son effet et à gagner des adeptes. La lumière encore
faible que répandent les croyants est toujours assez vive pour montrer aux
hommes qu’il y a d’autres voies pour trouver le sens de leur vie. Dieu reste
présent dans ce monde grâce à ceux qui croient en lui. L’espérance est loin
d’être morte, bien que chacun doive faire l’effort de trouver le chemin de la
foi.
Ce chemin se dessine dans le désir de ceux
qui cherchent d’autres vérités que celles qui sont encore dominantes. Dieu se
sert de ce désir pour venir à leur rencontre.
Il leur propose une expérience de foi propre à chacun, il s’empare de leur vie et met en eux l’espérance. Le
nouveau croyant devient alors un porteur de lumière pour ceux qui cherchent une
autre voie. C’est ainsi que Dieu ne désespère pas de construire ce monde
nouveau que Jésus appelait son Royaume.
UN AUTRE SERMON 7 JUILLET 2016/
L’idée selon laquelle l’homme serait seul
dans le monde face au hasard des événements n’est pas nouvelle. Depuis bien
longtemps elle a fait partie des
questions qui interpellent l’humanité en quête de réponse aux questions posées par l’évolution
déconcertante du monde. C’est ce que
pensent beaucoup d’incroyants qui estiment marquer des points en oppositions
aux croyants qui ne semblent pas avoir de réponses convaincantes. On
prétend que l’approche du monde
par les croyants de jadis est devenue obsolète et que les défis auxquels
on était confronté ne trouvaient de
réponse en Dieu que par de vaines prières. Aujourd’hui ce genre de problèmes
semble dépassé et ces mêmes défis n’espèrent
plus trouver de solution que dans la sagesse humaine. C’est la science
que l’on croit seule capable de solutionner les épidémies et on ne croit plus
que Dieu puisse nourrir les affamés en envoyant une manne céleste.
Dans tous les domaines, les penseurs
contemporains estiment que seul l’homme pourra apporter des réponses cohérentes aux problèmes qui
aujourd’hui restent encore sans réponse. C’est ce à quoi s’attachent les
penseurs du transhumanisme, par exemple qui vont même jusqu’à envisager de prolonger la durée de la vie
humaine au-delà des limites du raisonnable. Si sur le plan technique, on peut
les suivre dans cette utopie, aucune réponse humaine cependant ne donne de solutions pour s’opposer à la folie des hommes quand
elle se déchaîne et menace de mener le monde à sa ruine.
Ces idées selon lesquelles les hommes seraient
seuls, confrontés à leur destin ne sont pas nouvelles et ne viennent pas du
monde des incroyants. Depuis le haut Moyen Age les théologiens juifs de la
kabbale ont émis l’hypothèse selon
laquelle Dieu depuis la création se
serait retiré du monde pour laisser aux
hommes le soin de le gérer. Cette
idée plus récemment a été reprise pas Spinoza et aujourd’hui par d’autres
encore.
En lisant le passage de ce jour avec
attention il semblerait que Jésus lui-même ouvre la voie à cette idée qu’il
traite en forme de parabole. Il imagine le maître d’un domaine derrière lequel
on pourrait voir se profiler le visage de Dieu, qui partirait en voyage,
laissant ses serviteurs maîtres des lieux et responsables de la bonne marche de
ses affaires. Il n’est pas très difficile d’y voir la réalité de notre monde.
Si les serviteurs ont la liberté de faire ce qu’ils veulent, ils ont cependant
reçu des consignes pour gérer correctement le domaine afin que les choses se passent bien en l’absence
du maître. Si la maison doit être bien
éclairée, c’est pour qu’aucun coin ne soit laissé dans l’ombre et qu’aucun
espace ne soit négligé. Chacun devra être en vêtement de travail et devra
mettre ses mains dans le cambouis pour que les moteurs bien huilés tournent normalement.
Libre à chacun maintenant de faire ce qui lui
plait. Chacun peut suivre les consignes et faire ce à quoi le maître s’attend.
Chacun peut s’approprier les clés du domaine et s’en prendre à son aise, il
peut piller à son profit les réserves, opprimer et exploiter ceux qui ont la
malchance d’avoir été placés sous ses ordres. Il nous suffira d’un faible effort
de transposition pour imaginer notre monde dans lequel les règles les plus fondamentales du vivre
ensemble sont souvent bafouées
Jésus dans cette histoire prévoit un retour
du maître et une reprise par lui des affaires de son domaine, les mauvais serviteurs
seront punis et les bons seront
récompensés. Il faut bien que la morale soit sauve ! Mais réflexion faite,
ce retour du maître fait partie des
suppléments dont on n’a pas forcément
besoin pour comprendre le texte. Il suffit d’imaginer que si ceux qui
exploitent le domaine à leur profit continuent à le faire d’une manière
injuste, tout cela finira par s’effondrer.
A force de casser la baraque, elle finira bien par s’écrouler, même si
cela prend du temps. Est-ce là que nous en sommes ?
Mais Jésus n’est pas fou, il ne raconte
pas cette histoire pour laisser les lecteurs gamberger. Jésus nous parle bien
ici de la manière dont le monde doit être géré.
Dieu en créant les hommes n’en a pas fait des êtres irresponsables. Ils
peuvent faire des erreurs, ils peuvent même être mauvais et commettre
des abus, mais ils ne sont pas tous ainsi et s’ils ont des règles, c’est d’une
part pour les respecter et pour les retrouver en cas de dérapage. Mais quelles
sont ces règles ? Elles ont été données dans les premières phrases du
récit dans des paroles rassurantes : « n’ayez pas peur ». Il s’agit de ne pas avoir peur de gérer ce
monde qui nous est confié car le succès de l’entreprise est déjà acquis. Jésus qui nous parle au nom de Dieu nous
garantit que nous sommes capables de mener à bien la gestion du monde qui nous est confié, le
succès de l’entreprise est déjà inscrit dans le programme : « n’aie
pas peur petit troupeau car il a plu à mon Père de vous donner le
Royaume. »
Si donc Dieu a pris ses distances par rapport à la gestion du
monde, il ne nous a pas laissé sans la possibilité d’agir, il a mis en nous
cette certitude que si nous respectons ses consignes tout se passera bien et
les choses iront dans le bon sens. Nous
devons donc faire confiance à Dieu en sachant qu’il a fait les bons choix.
Bien évidemment, il ne relève pas de notre
compétence d’empêcher ceux qui n’agissent pas comme il le faudrait d’en faire
tout à leur guise, mais il est de notre responsabilité de témoigner par notre
attitude qu’ils ne suivent pas la bonne
voie et ainsi de les pousser à se convertir à une autre manière de voir les
choses. J’entends déjà les sceptiques qui doutent du succès d’une telle attitude et qui pensent que tout va mal
en regardant évoluer notre société. Mais, en fait, nous ne sommes pas vraiment des
acteurs d’un tel défi, nous sommes de simples agents du Saint Esprit. Nous lui
ouvrons simplement la voie par notre présence si bien que nous agissons de telle sorte que
la fraternité, le partage et l’espérance deviennent lentement les signes d’un changement
d’attitude possible de beaucoup d’humains. C’est ce que Jésus nous demande de
faire quand il nous demande de veiller.
La demande de Jésus contient deux
injonctions. La première relève de la confiance en Dieu. Dieu n’est pas irresponsable au point d’avoir
laissé le monde se débrouiller tout
seul sans lui donner la chance de
réussir, et la deuxième consiste à être assez conscients de la responsabilité
que Dieu nous donne à chacun et de la confiance qu’il nous fait pour que ça
marche !
Gens de peu de foi que nous sommes ! Avons-nous
réalisé que nous regardons évoluer le monde par le mauvais côté de la
lorgnette. Nous sommes attentifs à ce qui ne marche pas, nous regardons ce qui
ne va pas en nous lamentant et en disant que Dieu nous abandonne. Nous disons
même, sans aucun moyen de comparaison,
que les choses aggravent, alors que le
devoir de vigilance que Dieu nous a donné nous demande de voir les choses
autrement.
Que nos yeux regardent d’abord les gens qui
s’aiment, qui s’entraident au lieu de regarder ceux qui exploitent et
humilient, voyons les associations qui se mobilisent au profit des autres et
non ceux qui les humilient, découvrons chaque jour ce qui se fait de beau et de
généreux et le monde changera de visage.
L’instrument principal qui nous est demandé d’utiliser pour gérer notre vigilance avec optimisme, c’est
la prière. C’est la dernière demande de Jésus. Par la prière nous restons en
contact permanent avec Dieu qui est dans
le futur en devenir et qui a prévu que
les choses devaient évoluer dans le sens du mieux être des humains. La prière
nous fait toujours prendre un pas d’avance sur nos contemporains, puisqu’elle
nous met déjà en contact avec ce monde meilleur que Dieu a créé pour que par
nos actions nous entraînions tous les hommes du monde à nous y suivre.
« N’aie donc pas peur petit troupeau
puisqu’il a plu à notre Père de nous donner le Royaume. »
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