lundi 5 mai 2014

Actes 1:11-13 avant la Pentecôte: dimanche 1 juin 2014



Actes 1/11-14
12 Alors ils retournèrent à Jérusalem, depuis le mont dit des Oliviers, qui est près de Jérusalem, dans le rayon des déplacements autorisés le jour du sabbat.
13 Quand ils furent rentrés, ils montèrent dans la chambre à l'étage où ils se tenaient d'ordinaire ; il y avait Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques, fils d'Alphée, Simon le Zélote et Judas, fils de Jacques. 14 Tous, d'un commun accord, étaient assidus à la prière, avec des femmes, Marie, mère de Jésus, et les frères de celui-ci.

Ces quelques lignes nous disent au début du Livre des Actes, dans des propos tout à fait laconiques que désormais, tout est fini. Les hommes après le départ de Jésus sont désormais maîtres  de leur destin et du destin du monde qui leur a été confié à la fin de l’Evangile. Mais que vont-ils faire ? Ils restent désormais seuls sans le secours  de personne. Il n’y a rien ici de  particulièrement fondamental qui retient l’attention du narrateur. Jésus a cessé d’être visible. Cela a été dit d’une façon  très sommaire dans les lignes qui précèdent et les quelques lignes qui suivent ne sont pas plus explicites. O ne peut plus accéder à lui par nos sens mais par la prière seule. Il nous faut accepter que la réalité soit désormais celle-ci. Pourtant  quand tout est fini, c’est alors que tout commence.

Ce qui nous surprend, c’est qu’après tout ce qui vient de se produire : l’incompréhension du procès de Jésus, l’horreur de son exécution, l’émerveillement de la résurrection, les joies des retrouvailles, la surprise de son départ, tout retombe dans un calme apparemment décevant.

Depuis 3 ans qu’ils sont ensemble,  que Jésus a déposé en eux un message révolutionnaire et qu’il les  a envoyés   à la conquête des nations pour répandre son évangile, les événements qui suivent manquent de relief.  Apparemment,  il ne se passe rien, Jésus ne leur a pas donné de programme ni de feuille de route. Les plus impatients parmi les lecteurs, vont dire que c’est le calme qui précède la tempête.  La Pentecôte est annoncée, mais il ne s’est encore rien produit. Et le lecteur de penser que c’est alors que tout va changer.

Croyez-vous vraiment que tout va changer et que cette force venue d’en haut va faire des prodiges ? C’est sans doute ce  que l’auteur du livre des Actes a voulu nous laisser croire. Mais  à part quelques événements spectaculaires que tous gardent en mémoire, même après la Pentecôte, les choses présentes ne vont pas beaucoup changer. Le groupe  des croyants va continuer à se développer en communauté  sans rien changer.

En attendant, Jésus, désormais absent, ne sera plus accessible que par la prière, c’est ce que nous disent les quelques versets présents dans ce passage. La communauté qui ne s’est pas encore  vraiment constituée s’est regroupée dans la prière  autour  des onze et des femmes. C’est là la première fonction que se reconnaît  l’Eglise qui n’est pas encore née : la prière communautaire.

Ce sur quoi il faut insister, me semble-t-il, c’est qu’avant que tout commence ils doivent considérer que rien de nouveau ne se produit. S’il y a un changement, il est d’ordre spirituel. Le monde est resté le même. C’est dans ce monde où tout reste à faire que commence  le ministère de l’Eglise qui s’approprie ses nouvelles fonctions dans la prière, sans que personne ne soit préposé à la diriger.

Nous savons la suite, bien entendu. La Pentecôte va se produire. Ils s’y étaient préparés sans savoir ce qu’ils attendaient. L’Eglise par l’entremise de ses membres les plus actifs a accepté  alors de répondre à l’appel de l’esprit qui pousse les premiers croyants à l’aventure. Mais ils sont bien peu à oser se risquer à l’extérieur. Ceux qui ne le font pas, et c’est la majorité, se sont frileusement regroupés dans la communauté  dont la réalité n’est encore qu’une modeste esquisse de ce qu’elle sera par la suite.  Pour l’instant  le manque d’activité les conduits  à se quereller entre eux. 

Mais quel est alors l’intérêt de ce petit texte que nous avons lu ?L’Ecriture est parsemée de petit récits comme celui-ci qui apparemment n’apportent rien à notre réflexion, mais qui devraient plus souvent retenir notre attention parce qu’ils détiennent des secrets que nous aurions intérêt  à exploiter.

Alors que dans quelques jours, à la Pentecôte, le saint Esprit va bousculer la communauté chrétienne, ce texte nous montre les premiers croyants occupés à prier et à méditer, à faire retraite dirions-nous. Ils passent par un temps de méditation où rien ne se passe vraiment. Ce temps semble être un temps de passage  obligatoire  qui rappelle celui où le Seigneur lui-même se retirait dans la montagne pour prier.

Sans doute est-il proposé aux croyants que nous sommes  de nous retirer  et de prier à la ville de tous les grands événements pour laisser le Seigneur nous préparer à ce qui va se passer. C’est dans cet état que le  Seigneur va laisser ses amis après son départ afin qu’ils  préparent à vivre quelque chose de nouveau. Seule alors la prière les maintient en  communion avec lui dans l’ attente  de ce qu’ils ne savent pas encore.


Mais restons modérés dans notre enthousiasme. Certains seront exaltés, nous l’avons dit, et entreprendrons des actions audacieuses, mais la plupart resteront passifs. Tant il est vrai que seuls les plus actifs doivent d’abord réagir avant que les autres suivent. Telle est l’image qui sera  désormais celle de l’Eglise  dans tous les temps.  Nous retiendrons l’enthousiasme des premiers et oublierons l’apathie des autres, tant il est vrai que pour certains le refuge dans la prière et le calme est la meilleure réponse à l’agitation qui nous entoure. Qui oserait dire le contraire ?

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