jeudi 1 mai 2014

Jean 17:1-11 la prière sacerdotale



Jean 17:1-11 La prière Sacerdotale  Dimanche 1 juin 2014 ( repise d’un sermon déjà publié)


  1 Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel et dit : Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie, 2 selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu'il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. 3 Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. 4 Je t'ai glorifié sur la terre ; j'ai achevé l'œuvre que tu m'as donnée à faire.

5 Et maintenant, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi, avant que le monde fût. 6 J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu m'as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole. 7 Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi. 8 Car je leur ai donné les paroles que tu m'as données ; ils les ont reçues ; ils ont vraiment reconnu que je suis sorti d'au-près de toi et ils ont cru que tu m'as envoyé.

9 C'est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont à toi 10 — et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi — et je suis glorifié en eux. 11 Je ne suis plus dans le monde ; eux sont dans le monde, et moi je vais à toi. Père saint, garde-les en ton nom, (ce nom) que tu m'as donné, afin qu'ils soient un comme nous. 


On nous a enseigné qu’il était redoutable de tomber vivant dans les mains de Dieu. Celui à qui une telle aventure arriverait se trouverait ipso facto dévoré par le feu brûlant de la gloire du Seigneur. Dans ce chapitre 17 de l’Evangile de Jean que d’aucuns se plaisent à dire qu’il est le plus beau chapitre de tous les Evangiles, sans doute parce que personne ne le comprend vraiment, Jésus nous introduit dans l’intimité de Dieu au risque de devenir victimes de sa gloire. Si ce sermon est sensé se limiter aux versets 1-11, il est évident que l’on ne peut faire abstraction de la suite du passage.

Nous sommes à la fois admiratifs et mal à l’aise en pénétrant les pensées qui s’expriment ici. Si nous sommes attentifs au mouvement du texte nous découvrons que nous sommes aspirés par une forme de pensée qui nous aspire dans une spirale  ascendante qui  nous entraine dans l’intimité du Christ en gloire. Sous l’effet du mouvement ascensionnel de la pensée de Jésus, nous rencontrons Dieu face à face. Puis, tout aussi rapidement, nous sommes ramenés sur terre, non pas pour y être anéantis mais pour y exercer la mission que le Père nous a confiée qui consiste à travailler dans le monde pour le gagner à la cause de Dieu.

Si nous sommes désorientés par ce texte, c’est aussi parce que c’est notre nature de l’être. En effet, nous appartenons à deux réalités qui se contredisent. Nous sommes à la fois liés à la matière qui compose ce monde et nous appartenons au monde de l’esprit qui semble ne rien à voir à faire avec le premier.


En tant qu’habitants de cette terre nous appartenons à la réalité physique qui la constitue. Notre corps est constitué par les mêmes composantes chimiques et biologiques que tout le reste de la planète, nous devenons ainsi partie prenante de sa réalité physique. Par contre, nous sommes également dotés d’un esprit qui nous entraîne dans les hauteurs du monde spirituel où la lourdeur de notre corps a du mal à nous suivre. Nous devenons tout proches de Dieu et nous réalisons que son Esprit créateur a placé sa marque en nous, c’est pourquoi, notre personne est à la fois matière et à la fois esprit. Nous ne pouvons pas exister sans les faire cohabiter. Ne nous étonnons donc pas si Jésus nous prend pour ce que nous sommes : des êtres de chair et de sang, dotés d’un esprit capable d’intuition divine.

Cette intuition nous inquiète. Conscients du fait qu’il y a une réalité spirituelle au de là de nous-mêmes, nous nous demandons quelle relation il peut y avoir entre nous et elle, et quelle action elle peut avoir sur nous ? Nous craignons que l’Esprit Créateur nous sanctionne pour ne pas avoir réalisé ce qu’il escomptait que nous allions faire. Nous sommes pris d’une peur congénitale d’avoir commis une faute ignorée qu’il pourrait nous reprocher. Nous redoutons les conséquences d’avoir fait ce que nous avons fait ou de ne pas avoir fait ce que nous aurions du faire. La présence du divin provoque en nous une angoisse dont nous n’arrivons pas à nous libérer.

Dans ce passage, Jésus prend en charge notre inquiétude et nous rassure. Il nous rappelle qu’il n’y a aucun danger à nous approcher de Dieu. Mieux, il nous dit que la gloire de Dieu se trouve amplifiée du fait que nous osons nous approcher de lui. La gloire de Dieu, c’est que son Esprit puisse cohabiter avec le nôtre pour créer une harmonie entre lui et nous. Et Jésus offre modestement ses services pour que nous puissions y participer. C’est pour cela qu’il a joué sa vie sur la croix.


Le rôle que Jésus joue ici est capital, il nous entraîne à sa suite pour nous introduire dans le tout proche voisinage de Dieu et il donne à chacun de ceux qui acceptent de mettre leurs pas dans les siens la possibilité de vivre de la plénitude de Dieu sans aucune compensation, si non d’accepter que notre esprit soit habité par l’esprit de Dieu.

Sur les chemins du ciel, nous n’avons rien à redouter de Dieu. Il détruit par sa présence toute incidence que pourraient avoir nos fautes et nos erreurs sur la suite des événements. Leurs conséquences sont détruites par Dieu qui libère l’accès de son ciel à quiconque décide d’y suivre Jésus.

Mais nos esprits sont liés à la matière dont sont faites nos personnes, et nous sommes insatisfaits car nous voudrions en savoir davantage sur la réalité du monde invisible où Dieu nous appelle par la voix de Jésus. A quoi ressemble ce monde de l’Esprit dans lequel Dieu nous absorbe ? Nous sommes déçus parce que nous restons sans réponse. Nous voudrions être emportés tout de suite vers les hauteurs de l’Esprit auxquelles nous n’appartenons pas encore.

Jésus nous demande de ne pas brûler trop vite les étapes, tant que nous habiterons notre corps physique, tant que le monde de la matière aura de l’emprise sur nous, nous resterons dans l’impossibilité d’en savoir davantage, c’est pourquoi après avoir entrevu l’ouverture des portes du ciel, il nous semble bien brutal de revenir sur terre. Notre mission, en attendant la gloire promise, consistera à rayonner de la joie parfaite que la foi en cet avenir met en nous. Notre tâche est donc de rayonner de la joie qui vient d’en haut.

Pensez-vous alors que l’Eglise accomplisse bien sa vocation quand nous l’observons d’un peu près et que nous la regardons agir dans la société des hommes? En quoi rayonne-t-elle de la joie qu’elle a reçue d’en haut ? C’est à se demander si l’Eglise d’aujourd’hui, toutes dénominations confondues, est bien sûre d’accomplir fidèlement les promesses dont elle a la charge. La plupart des Eglises se sont emparées à leur profit des promesses du Christ et elles se sont empressées de s’octroyer le privilège de baliser les chemins du ciel. Chaque Eglise, de proposer son code de restrictions, et chacun de dire, « hors de mon Eglise, pas de salut », hors de nos sanctuaires, pas de salut, hors de nos règles, pas de salut, hors de nos baptêmes , pas de salut, hors la confession des péchés , pas de salut.

Notre péché de tout temps a été de vouloir limiter les effets de la bonté et de l’amour de Dieu sur les hommes. Nous cherchons, sans y arriver à canaliser le souffle de l’Esprit vers nos institutions, si bien que nous contribuons à faire croire au monde que Dieu a le visage de nos assemblées dominicale et qu’il s’identifie à nos Eglises et à nos codes de morale qu’il cautionne.


Nous faisons comme s’il se trouvait à l’aise dans les sociétés que nous inventons. Non, Dieu au contraire de nos églises rayonne de joie. Il ne limite pour personne l’accès de son ciel, les règles de salut édictées par les hommes ne sont pas les siennes puisqu’il a éradiqué toute forme de péché pour ceux qui croient, il serait malvenue à nos Eglises d’en conserver la trace.

Puissent un jour nos propres institutions se sentir elles-mêmes libérées des contraintes qu’elles imposent aux hommes et qu’elles se mettent à diffuser la joie qu’elles ont la charge de répandre.

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