dimanche 6 juillet 2014

Psaume 91:1-9 La protection du Très Haut



Psaume 91 :1-9

Auprès du Seigneur, aucun mal ne peut te toucher
1 Celui qui se met à l'abri près du Dieu très-haut
se repose à l'ombre du Tout-Puissant.
2 Il dit au SEIGNEUR : « Tu es mon abri,
tu me protèges avec puissance,
tu es mon Dieu, j'ai confiance en toi. »
3 Oui, c'est Dieu qui te délivre des pièges du chasseur,
il te guérit de la peste qui tue.
4 Il te couvre de ses ailes,
et tu te réfugies près de lui,
comme un poussin sous les ailes de sa mère.
Oui, sa fidélité te protège comme un bouclier.
5 Alors tu n'auras peur de rien :
ni des dangers de la nuit,
ni des flèches lancées en plein jour,
6  ni de la peste qui avance dans l'obscurité,
ni du malheur qui frappe en pleine lumière.
7 Même si mille personnes tombent près de toi,
et si dix mille meurent à côté de toi,
rien ne t'arrivera !
8 Ouvre seulement les yeux,
et tu verras comment sont punis les gens mauvais.
9— Oui, SEIGNEUR, tu es pour moi un protecteur.


L’être humain a besoin de tendresse pour s’épanouir.  Il en prodigue à ses enfants les gestes  qui en sont porteurs car il sait qu’ils en ont besoin pour  construire leur vie.  Mais arrivés  à l’âge adulte il  cache ce besoin de tendresse comme par pudeur et il le dissimule sous une indifférence apparente.  Les hommes  ont  par ailleurs besoin d’exprimer  leur  puissance et ils la revendiquent parce que c’est en la manifestant qu’ils croient montrer aux autres qu’il sont devenus des adultes responsables et efficaces.  Depuis que le monde est monde les choses  sont ainsi.

Comment alors, allons-nous nous situer par rapport à ce psaume qui  nous  met en porte à faux par rapport à nous-mêmes car il nous dit exactement le contraire ? Il considère la puissance comme un attribut de Dieu. Celui qui s’en sert comme support à sa prière  affirme placer sa confiance en Dieu en toute chose. Il se place  en situation de dépendance par rapport à lui et manifeste son besoin de tendresse. Il revendique à chaque instant le privilège de se mettre en sécurité sous les ailes du tout puissant qui l’enveloppe de douceur et de protection comme le ferait une poule qui en écartant ses ailes  pousse ses poussins  sous son duvet tiède et protecteur.

Cette image bucolique  nous rappelle que nous sommes plongés dans un monde où tous les dangers nous guettent.  Comme la flèche, tirée de son carquois par une main habile, frappe silencieusement et mortellement sa victime, ainsi l’épidémie frappe aveuglément, sans crier gare,  ceux  qu’elle choisit pour  cible. La guerre provoque à chaque bataille son lot de morts et de blessés. Le danger est toujours là et la mort plane. Quelle force sera donc capable de nous protéger ? L’expérience nous montre  que la puissance de Dieu n’est apparemment pas la protection  suffisante contre  tous les dangers.

Il nous faudra donc être plus malin que l’adversaire ! C’est alors que l’homme intelligent va chercher à mettre sa confiance en sa propre intelligence. Il  va mobiliser ses capacités à inventer. Jadis, un philosophe grec du nom de Diogène,
vivant à moitié nu, dans le dénuement le plus total et passant ses nuits dans un tonneau parcourait les rues d’Athènes, sous la risée de ses contemporains,  une lampe à la main à la recherche d’un homme qu’il ne réussissait pas à trouver. Nous avons toujours le même  problème aujourd’hui, nous cherchons nous aussi l’homme providentiel, celui qui apportera les bonnes  réponses. A la différence de Diogène nous savons quel homme nous cherchons. Nous cherchons un homme, un autre nous mêmes, mais plus compétent, qui à force d’intelligence, de science et d’énergie apportera les solutions et réussira à dominer tous les obstacles que le monde nous oppose.  Nous cherchons un  homme fort et puissant, capables  de supplanter toutes les divinités auxquelles nous ne croyons plus et de nous donner   foi en une vie heureuse et prospère  qui dépassera les limites de la vie actuelle sans passer par la mort.

On va donc  va faire  appel à des experts plus doués les uns que les autres. En dépit de leurs succès contre certains maux, ils ont recours à des forces qu’ils ne maîtrisent pas forcément et qu’ils croient cependant manipuler avec génie, bien que parfois elles se retournent contre eux.  Malgré leurs efforts, la violence entraine la violence et la mort devient chaque jour plus sournoise ! Inutile de dire qu’un tel  résultat est bien  décevant. Nous  le voyons de nos propres yeux dans les désastres  que subit notre planète    que ces humains providentiels  détruisent de jour en jour et qui continuent  à alimenter nos illusions. D’où nous viendra l’assurance de suivre le bon chemin pour lutter contre les maux qui nous oppressent ?

Ce psaume a été écrit pour répondre à cette question. Il fut traduit jadis par Clément Marot et les protestants persécutés le chantèrent pour se donner du courage. Il leur permettait de supporter  les exactions perpétrées contre eux et même ils le chantaient en allant au combat. Les Huguenots savaient bien  que  Dieu ne les sauverait pas comme  par magie mais ils recevaient de lui l’assurance que ni la défaite ni la mort n’étaient une fin en soi. Ils savaient que la main de Dieu leur était secourable et leur donnerait  la victoire sur la mort.  Il ne s’agissait pas pour eux de la peur de la mort physique, mais il s’agissait de garder vivante l’espérance en une autre vie  qui les maintiendrait en amitié avec Dieu quand bien même ils auraient rendu leur dernier souffle.  La confiance en la tendresse de Dieu maintenait vivante leur espérance et leur permettait de croire que la vie avec Dieu ne s’arrêterait pas à  la fin du combat mais que leur place dans l’éternité y était déjà réservée.

Les esprits forts d’aujourd’hui,  ont du mal à  accepter  cette manière de voir les choses. Ils  n’adhèrent plus à ces discours  qui font miroiter un monde meilleur au-delà de la vie.  Ils cherchent une réponse plus immédiate à leurs questions pour ce temps et non pour un autre temps.  Ils demandent qu’on leur parle d’un Dieu que l’on puisse comprendre et que l’on puisse entendre à défaut de pouvoir le voir.

Puisque notre recherche d’un pouvoir efficace n’aboutit pas, puisque nous ne pouvons pas acquérir la puissance que ce psaume attribue à Dieu, tournons-nous vers  la deuxième hypothèse qu’il propose : la tendresse. Nous l’avons vu, la tendresse est pour nous ce sentiment profondément ancré au cœur de nos désirs, niché  au  plus profond de notre être que nous cultivons en secret. La lecture de ce psaume nous dit également  que Dieu est  tendresse. C’est donc au plus profond de nous-mêmes que nous l’y rencontrerons dans un échange de tendresse avec lui. Au plus intime de nous-mêmes Dieu se mêle  à nos sentiments les plus forts. Il fait ainsi de l’amour le seul absolu qui  nous permette de mettre nos vies en harmonie avec sa volonté et de construire avec lui un avenir possible.

Dieu  deviendra alors audible pour nous.  Mais pour pouvoir percevoir sa voix,  il faudra commencer par nous taire, il faudra que nous oublions toutes les affirmations  humaines sur nos velléités de puissance et nos désirs de dominer l’avenir par nos seules forces. Il nous faudra faire  taire en nous tous ces propos qui flattent notre orgueil et notre vanité.  On pourra alors entendre Dieu et nous mettre en chemin avec lui.  Ce chemin croisera bien évidemment celui de Jésus en qui il a mis toute  sa sagesse. Avec tendresse il nous ouvre le chemin que l’amour de Dieu nous indique. Dieu  a fait de lui son Fils pour que nous devenions ses frères et que nous nous épanouissions dans sa  tendresse de  Père.

Désormais, les Paroles de Jésus, toutes pleines de la sagesse de Dieu donnent toute autorité à sa tendresse  qui devient le seul lien de vie qui nous unira désormais avec Dieu et avec nos semblables. C’est dans l’Evangile que les paroles de Jésus ont été rassemblées. On peut les lire et les méditer, et toujours on entendra cette même vérité, que nos cherchons depuis le début de ce propos, à savoir que c’est l’amour qui mène le monde à son terme car l’amour est cette faculté de dépassement qui supplante toutes les sagesses et toutes les sciences humaines puisqu’il est sagesse et science de Dieu.

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