mardi 22 décembre 2015

Matthieu 2/1-12 Adoration des mages - dimanche 3 janvier 2016



Matthieu 2/1-12 Adoration des mages ( repris et modifié du sermon du 6 janvier 2013)

1 Après la naissance de Jésus, à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem 2 et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus nous prosterner devant lui. 3 A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4 Il rassembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple pour leur demander où devait naître le Christ. 5 Ils lui dirent : A Bethléem de Judée, car voici ce qui a été écrit par l'entremise du prophète : 
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es certainement pas la moins importante dans l'assemblée des gouverneurs de Juda ; car de toi sortira un dirigeant qui fera paître Israël, mon peuple. 

7 Alors Hérode fit appeler en secret les mages et se fit préciser par eux l'époque de l'apparition de l'étoile. 8 Puis il les envoya à Bethléem en disant : Allez prendre des informations précises sur l'enfant ; quand vous l'aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que moi aussi je vienne me prosterner devant lui. 

9 Après avoir entendu le roi, ils partirent. Or l'étoile qu'ils avaient vue en Orient les précédait ; arrivée au-dessus du lieu où était l'enfant, elle s'arrêta. 10 A la vue de l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. 11 Ils entrèrent dans la maison, virent l'enfant avec Marie, sa mère, et tombèrent à ses pieds pour se prosterner devant lui ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe. 12 Puis, divinement avertis en rêve de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

SI l’Évangile avait été écrit aujourd'hui il aurait pu commencer de la manière suivante: Il était une fois, un groupe de marcheurs de la paix qui partirent de chez eux à la recherche de Dieu. Ils venaient de là-bas pour aller on ne sait où, là où les étoiles voudraient bien les guider. Leur méthode était bien empirique dans un monde où seule la science avait force de loi. On a  finalement repéré leur trace dans un petit village d’une lointaine province d’un petit état dont le dictateur sans scrupule faisait partie des plus cruels. Le ciel était rempli d’étoiles, c’est dire qu’ils allaient dans tous les lieux où la voûte des cieux les éclairait. Il y avait dans le monde, des centaines de milliers de villages  semblables à celui où on avait repéré leur passage. Autrement dit, il y avait tant de lieux où ils pouvaient rencontrer Dieu qu’on ne pouvait les dénombrer. La trace de Dieu  est donc de partout dans ce monde si vaste. 

En nous racontant  cette histoire à sa façon, la Bible a ouvert les Évangiles par l’affirmation de l’universalité de Dieu. Il  est en tous lieux, Il est accessible à tous mais les héros de l'histoire viennent d'ailleurs. Ils repèrent la présence de Dieu  dans une maison que l’Évangile de Matthieu signale à notre attention. Relisez bien les textes, cet Évangile ne nous  présente pas  cette demeure comme  une étable, un lieu destiné à rassembler les bestiaux mais comme une  maison toute banale qui pourrait bien être la vôtre. Aucune agitation non plus  dans le monde des bergers. On ne nous parle pas non plus  de  merveilles célestes. Pas de concert d’anges. On nous parle seulement d’un fabuleux trésor composé d’or, de myrrhe, et d’encens. N'est ce pas là une manière symbolique pour nous parler des richesses insoupçonnées de Dieu.  Dieu fait  ainsi sa demeure chez n’importe qui, pour vue que la lumière des cieux y  soit accessible. La lumière des cieux !  Voilà encore un mot pour dire l’espérance.

Même rapporté ainsi ce texte garde tout son mystère. Nous comprenons  que Dieu se laisse trouver par tous ceux qui le  cherchent et c'est cela qui est important même s'il y a de nombreux obstacles qui se dressent sur leur chemin. Le premier de ces obstacles est en nous-mêmes. En effet, comme nous sommes avides de merveilleux, nous en avons rajouté. Nous  sommes allés le  chercher dans un autre  Évangile, celui de Luc dont l'intention n'est pas la même. Nous lui avons emprunté les anges pour mettre du mouvement dans le ciel et les bergers  pour créer de l’agitation sur terre. Mais en agissant ainsi nous avons gommé une grande    partie du message que Matthieu voulait nous faire partager.

Le récit de l’Évangile de Matthieu nous parle  seulement des Mages qui découvrent que Dieu se fait présent dans un monde de  désolation. Il  campe son récit  dans un décor qui a pour toile de fond  la même atmosphère que celle où notre société évolue. C'est un massacre d'enfants innocents,  c'est aussi l'histoire de pauvres gens  qui quittent leur pays et s’exilent à l'étranger pour avoir la vie sauve. Raconté ainsi, le récit prend une singulière actualité pour nous dire que Dieu joue un rôle dans les drames de la vie, mais il ne joue pas le rôle du « dieu faiseur de miracles » »  où on a pris l’habitude de l’enfermer. En présentant ainsi son récit, l’Évangile   devance  les questions qui sont déjà sur nos lèvres et qu'on exprime  généralement pour justifier notre manque de foi: «  Si Dieu existait, le monde  évoluerait avec raison, il n’y aurait pas tant de guerres,  pas de persécutions, pas de famines, pas de massacre d’innocents ». Pour en rajouter une couche, nous  ne pouvons  nous empêcher d'imaginer que  cette histoire  se situe  en hiver par le froid et de la neige.
Ainsi, ni les éléments météorologiques, ni le mauvais comportement des humains, ni tous les éléments discordants que l'on peut imaginer n’entravent  la marche de Dieu dans sa révélation au cœur des hommes.

Rejoignons maintenant les Mages que l’histoire nous a  présentés comme des savants cherchant les mystères de Dieu dans les étoiles. Nous les retrouverions sans doute  aujourd’hui sous les traits de  savants modernes.  A force de calculs subtiles  et d’observations minutieuses, ils auraient sans doute  découvert que la question de Dieu venait sans doute troubler leurs équations. Ils se seraient rendu compte que Dieu ne serait pas seulement celui que l’on vénère dans les temples. On découvrirait qu’il  n’avait pas besoin  d’un clergé à son service pour exister, mais que l’on trouvait sa trace  dans les hypothèses de travail que certains hommes de science formulent à partir de leurs équations. 

Imaginons alors  que l’on convoque une conférence internationale sur la question. C’est alors que ceux qui exercent le pouvoir  pourraient s’inquiéter. Ils enverraient des observateurs, et chercheraient peut-être  à brouiller les cartes, à l’instar d’Hérode qui considéra que son pouvoir humain était mis en cause  par les allégations des mages selon lesquels Dieu dirigerait l’histoire des hommes et qu’il contesterait  l’ordre de la succession monarchique pour que les choses aillent mieux.  Les savants du récit biblique,  étaient  convaincus que Dieu intervenait dans l’histoire des hommes et qu'il se reconnaissait le droit de remettre en cause  les  gens au pouvoir. Il  invitait les hommes à agir selon ce qu’il leur  était donné de comprendre de la volonté divine.. Nos dirigeants sont-ils conscients du fait que  Dieu  malgré le droit des urnes se permet d’être d’un autre avis ?

 En abordant ce problème nous sautons à pieds joints dans nos problèmes contemporains concernant l'écologie et l'avenir de la planète. Les savants certes peuvent discuter à n’en plus finir sur l’existence d’un esprit supérieur qui serait ou ne serait pas à l’origine du big-bang. Cela ne troublerait personne. Mais ce qui serait gênant   c’est que,  identifiant Dieu avec le principe de vie sur la planète, ils découvraient, qu’à court terme, tout le système de gestion du monde était à revoir. Cela n’empêcherait pas   les gens au pouvoir de faire comme Hérode et de chercher  à remettre cause les déductions des savants, à contourner leurs conclusions et à faire  comme si personne ne les avait avertis du fait que Dieu ne cautionnait pas leur  manière de gérer le monde.

Il n’est pas difficile de voir que les déductions  que font souvent les hommes de science s’harmonisent avec ce que tout un chacun  peut lire dans les Évangiles. Dieu, auquel on n’a plus l’habitude de croire  dans ce monde moderne,  avait déjà mis dans la bouche de Jésus, et des prophètes avant lui, des paroles qui auraient pu apporter des réponses aux défis que les savants découvrent par leurs analyses souvent  alarmistes   et que les hommes  au  pouvoir ne semblent toujours  pas disposés à entendre. Il s’agit de partage équitable,   de richesses à mettre en commun et d’une autre façon de gérer  les produits de la terre et ceux de la mer.

On peut certainement imaginer Dieu de différentes façons, mais  pour les Mages, Dieu s’intéressait à la  vie ce cet enfant, comme il s'intéresse à toute vie et   qu’il fallait la préserver à tout prix. Il est merveilleux et banal tout à la fois de réaliser  que Dieu mobilisait tant de gens de  génie  pour que cet enfant puisse vivre. L' esprit de Dieu habitait les mages, il a inspiré Joseph qui a organisé  la fuite en Égypte, et Marie qui l’a suivi, et peut être a-t-il donné un supplément d’énergie à  l’âne qui les a portés. Mais Dieu n’en a pas fait plus, parce que c’est  aux hommes de faire le reste. Et si parfois  les événements tournent  mal, ce n’est pas à Dieu qu’il faut s’en prendre mais aux hommes qui n’ont pas su se mettre à l’écoute de Dieu.

Ce qui ressort de cette histoire, c’est qu’il dépend des humains  que la  volonté  de Dieu devienne manifeste. C’est lui qui met en nous le vouloir et le faire, c’est lui qui  inspire aux hommes la fraternité, le partage et l’espérance qui sont les seuls outils qu’il met à notre disposition pour que la vie dont il est porteur subsiste sur cette terre. On peut ainsi dire que Dieu  vient visiter le génie humain  pour que les valeurs qu’il a déposées en lui s’emparent du monde et que les hommes comprennent que Dieu est en eux, qu’ils sont stimulés par lui et ouverts par lui à l’ espérance qui seule est porteuse de l’avenir.

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