lundi 25 juillet 2016

Luc 12:49-53 Voir l'avenir sans être hypocrite Dimanche 14 août 2016



- Reprise du même sermon du dimanche 18 août 2013

49 Je suis venu mettre un feu sur la terre ; comme je voudrais qu'il soit déjà allumé ! 50 J'ai un baptême à recevoir ; comme cela me pèse d'ici qu'il soit accompli ! 

51 Pensez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. 52 Car désormais cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux et deux contre trois ; 53 père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille contre mère, belle-mère contre belle-fille et belle-fille contre belle-mère. 
54 Il disait encore aux foules : Quand vous voyez un nuage se lever à l'ouest, vous dites aussitôt : « La pluie vient. » Et cela arrive. 55 Et quand c'est le vent du sud qui souffle, vous dites : « Il va faire chaud. » Et cela arrive. 56 Hypocrites, vous savez apprécier l'aspect de la terre et du ciel ; comment pouvez-vous ne pas savoir apprécier ce temps-ci ?

57 Et pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes de ce qui est juste ? 58 Lorsque tu vas avec ton adversaire devant un chef, tâche en chemin de te dégager de lui, de peur qu'il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l'huissier, et que l'huissier ne te fasse mettre en prison. 59 Je te le dis, tu n'en sortiras pas que tu n'aies payé jusqu'au dernier lepte.

(Pour ma part, je trouve plus de cohérence à ce texte si on le prolonge jusqu'au verset 59 plutôt que de le couper au verset 53 comme dans la liste de lectures proposées)

Quand les idées sont bonnes et pourraient donner naissance à l’espérance, elles sont rapidement combattues par de solides adversaires qui s’opposent à elles. Ils cherchent à les tourner en dérision et tentent  par tous les moyens à les ridiculiser. Ce fut en particulier  le sort qu’a connu  l’évangile de Jésus-Christ, qui à peine formulé s’est trouvé en but à la vindicte de nombreux  opposants qui n’ont eu de cesse que de provoquer la mort du maître. Ce phénomène se produit chaque fois que des idées nouvelles et généreuses sont formulées. Bien entendu, nous allons essayer de le comprendre.

Jésus, quant à lui, en  fut bien conscient. Il a  même prophétisé que si la nouveauté qu’il était en train d’enseigner avait quelques chances de porter des fruits elle susciterait en même temps des tensions chez les hommes qui la partageraient et provoqueraient des mouvements d’hostilité à leur égard. Leurs propres familles se diviseraient même à son sujet. Quand on sait ce qui s’en suivit, on aurait pu se demander si le jeu en valait la chandelle. Pourquoi a-t-il fallu que tant de haine et de dissensions se répandent  avant que l’évangile ne soit accepté ? On peut même se demander s’il a vraiment été accepté puisque les idées de respect réciproque, de tolérance et d’amour qu’il véhicule n’ont toujours pas triomphé.

Les chrétiens, pour ne  parler que de leur histoire, n’ont jamais cessé de se faire la guerre et de s’opposer entre eux.  Mais le phénomène ne concerne pas seulement le christianisme, il est partagé par bien d’autres religions.  Pourquoi donc les religions sont-elles à l’origine de tant de rivalités entre les hommes et apportent-elles tant de violence dans le monde alors que la plupart d’entre elles se réfèrent à un Dieu bienveillant qui propose aux hommes de vivre dans l’harmonie la concorde et la paix ?  La doctrine de la plupart des religions propose à l’humanité un projet de paix universelle et de tolérance entre les peuples. C’est à n’y rien comprendre.

Alors que ses discours avaient du succès, Jésus voyait  poindre l’orage à l’horizon. Il prophétisa alors   sa venue et parla des dégâts qui s’en suivront. Il voyait déjà les familles se diviser  au sujet de ses idées et leurs  membres se dresser les uns contre les autres. Plus loin Jésus a clairement  décrit l’ampleur que prendra  le phénomène  ainsi que les persécutions que connaîtront ses amis. On verra même les nations se dresser les unes contre les autres à cause de l’évangile.

En annonçant ainsi  ce qui va se passer, Jésus ouvre les hostilités en rendant les hommes responsables du phénomène. Il les accuse d’hypocrisie, car ils ne savent pas appliquer aux réalités spirituelles les comportements qu’ils sont capables de manifester par rapport aux simples prédictions météorologiques auxquels ils ne cessent de recourir.  Qu’un nuage apparaisse dans un coin du ciel, qu’un souffle de vent s’élève soudainement, et chacun   sait parfaitement  dire ce qui va se passer et en tirer les conséquences. Ce sera la pluie, l’orage ou la tempête. Les hommes exercent alors leur science pour s’en prémunir et protéger leurs récoltes et leurs biens.

Alors que l’on sait réagir au mieux quand le tonnerre gronde dans le ciel, pourquoi n’applique-t-on pas la même méthode quand les foules  font retentir le tonnerre que provoque leur indignation  quand elles descendent dans les rues et réclament une autre forme de justice,  revendiquent le  droit d’avoir des idées qui n’ont   pas cours dans ce lieu  ou tout simplement l’égalité et le pain quotidien ? Pourquoi ceux qui réclament une vérité au nom de Dieu se voient-ils opposer une autre vérité qui se réclame elle-aussi du même Dieu ? Pourquoi Dieu lui-même reste-t-il enfermé dans son ciel sans départager les adversaires ? Il n’envoie pas non plus son feu du ciel sur personne.   Ce sont les hommes qui s’en chargent  à leur guise et en son nom.

La parole de Jésus se fait alors incisive. Hypocrites !  Chacun dans son camp se réclame d’une justice ou d’une philosophie qu’il a érigée au rang de parole de Dieu. Le nom de Dieu n’est pas toujours prononcé, mais on a élaboré des principes qui en tiennent lieu et  à cause des quels on se bat. « Si Dieu existe qu’il agisse disent les uns » et les autres de répondre : « on n’a pas besoin de lui, car notre Dieu, c’est notre bon droit »

Jésus face à la tourmente n’a qu’une parole à opposer aux hommes qui se battent pour leurs principes : hypocrites ! Il ne désigne pas plus un camp qu’un autre. Il désigne un état de fait. Dans tous les conflits, les hommes cherchent leur intérêt personnel, qu’il soit justifié ou pas. Ce qui rend leur attitude hypocrite, c’est  qu’ils sont capables de se mettre d’accord à propos des prévisions météorologiques et qu’ils ne le sont pas à propos des orientations qu’ils doivent donner à leur vie.

En fait, pour ce qui concerne la météo,   il s’agit du même intérêt pour tous, si bien qu’ils orientent  leurs actions dans le même sens. Il s’agit de protéger leurs champs, leurs maisons, leurs biens, leurs familles. Tous sont d’accord sur la manière de réagir

Par contre quand les intérêts sont divergents, c’est alors que le ciel s’embrase. Chacun sacralise sa cause en opposant des principes qui ne s’accordent pas entre eux. On est plutôt enclin à prendre fait et cause pour le plus démuni qui revendique son bon  droit contre le plus nanti qui le lui refuse.  Mais pour comprendre le phénomène il faut aller  plus loin, car chacun en sacralisant sa cause y a impliqué Dieu ou ce qui  prend pour lui la place de Dieu.

C’est là maintenant qu’il faut chercher ce qu’il y a derrière le mot hypocrite  que Jésus a prononcé et qui se trouve tout au centre de ce récit, c’est dire l’intérêt que le texte lui porte.
En fait, tout a déjà été dit au sujet de Dieu car l’Évangile insiste en tout premier lieu sur le respect absolu que l’on doit avoir pour l’autre et  contre lequel nul ne doit exercer aucune violence.  Il réclame au contraire douceur et abnégation. Dieu n’a rien d’autre à ajouter.

Ce principe existe non seulement dans l’évangile mais il existe aussi dans la plupart des grands courants spirituels. On l’a même inscrit  en d’autres termes dans la Déclaration des Droits de l’Homme.

Tant que les hommes n’auront pas compris cela, ils ne s’en sortiront pas dit Jésus car ils  devront commencer par appliquer ce principe universellement reconnu. De tout temps les hommes ont voulu l’ignorer et les croyants qui ne le pratiquent pas trahissent l’évangile quelles que soient les bonnes raisons qu’ils utilisent pour se justifier

Les contemporains de Jésus, dont l’univers étaient limité au bassin de la Méditerranée ne le savaient pas, mais  ce principe était reconnu ailleurs par d’autres courants religieux que le leur. Tout se passe comme si, avant que les textes des grandes religions aient été écrits Dieu avait déjà établi ce principe et lui avait donné une portée universelle.

Il est donc hypocrite de s’opposer les uns aux autres par la violence, car Dieu a fait comprendre au monde  qu’il n’avait rien à voir avec  la violence que nous pratiquons pour régler nos conflits avec les autres. Les hommes n’hésitent  cependant  pas  à l’y impliquer  pour masquer leur incapacité à dépasser les situations conflictuelles  dans lesquelles ils se sont engagés.

Mais déjà des voix  s’élèvent pour contester ce qui vient d’être dit et accuser leur auteur de trahison car son propos sous-entendrait que toutes les religions se valent et que le message de Jésus n’est pas distinct de celui des autres religions. Voilà que la discorde est en train  de naître et que la violence  pointe à nouveau son nez. Pourtant il est clair que le principe de base énoncé par Jésus était déjà dans la Loi de Moïse et a pris place dans le message de bien d’autres penseurs que lui. Il se trouve donc que  ce principe est  revêtu d’une valeur universelle.

Ceci étant énoncé, il appartient à chacun de développer les critères de sa propre foi  à l’école du penseur qui lui parle le mieux, mais le  principe commun à tous est celui du respect absolu du prochain. Jésus en a fait son Évangile et l’a enseigné comme étant la volonté première de Dieu. Beaucoup d’autres religions se réclament de la même vérité. Allons-nous nous battre les uns contre les autres à cause de ça ?

Le Christ  bénissant le monde: Tympan de Eglise de Beaulieu sur Dordogne

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