jeudi 7 juillet 2016

Luc 11:1-13 Jésus et la prière - dimanche 24 juillet 2016



Évangile de Luc: Chapitre 11:1-13
Jésus et la prière
1 Il priait un jour en un certain lieu. Lorsqu'il eut achevé, un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean aussi l'a enseigné à ses disciples. 2 Il leur dit : Quand vous priez, dites :
Père,
que ton nom soit reconnu pour sacré, que ton règne vienne ! 3 Donne-nous, chaque jour, notre pain pour ce jour ; 4 pardonne-nous nos péchés, car nous aussi, nous remettons sa dette à quiconque nous doit quelque chose ; et ne nous fais pas entrer dans l'épreuve.
5 Il leur dit encore : Qui d'entre vous aura un ami chez qui il se rendra au milieu de la nuit pour lui dire : « Mon ami, prête-moi trois pains, 6car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n'ai rien à lui offrir. » 7 Si, de l'intérieur, l'autre lui répond : « Cesse de m'importuner ; la porte est déjà fermée, mes enfants et moi nous sommes au lit, je ne peux me lever pour te donner des pains », 8— je vous le dis, même s'il ne se lève pas pour les lui donner parce qu'il est son ami, il se lèvera à cause de son insistance effrontée et il lui donnera tout ce dont il a besoin. 9 Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, et l'on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l'on vous ouvrira. 10 Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira. 11 Quel père parmi vous, si son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu d'un poisson ? 12 Ou bien, s'il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? 13 Si donc vous, tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l'Esprit saint à ceux qui le lui demandent !



Comment rendre compte de tout ce qu’il y a en moi ? Je voudrais savoir prier pour dire des choses merveilleuses comme l’ont fait tous ces gens dont il m’arrive de lire les prières dans les livres. Il faut sans doute être quelqu’un d’exceptionnel pour réussir à dire toutes ces choses à Dieu ! Il paraît que le roi David a écrit des choses remarquables dans le livre des psaumes, mais il ne m’est pas possible de me comparer à lui. Quand je me laisse aller à dire quelques mots, je trouve que ce que je dis est tellement banal que je me tais aussitôt !

Il m’arrive aussi d’avoir envie d’exprimer tout le poids que j’ai sur le cœur, c’est alors que je raconte ma vie, je dis les choses dans ma tête, et j'espère qu'un autre peut les entendre mais je ne sais pas très bien à qui cela s’adresse ? Est-ce à Dieu ou à moi-même ? Est-ce vraiment une prière ? Parfois, j’ai honte de ce que je pense et je n’ose pas le dire devant Dieu. J’aimerais  que, par une sorte de miracle ma vie soit transformée, mais au fond de moi, je sais que penser de telles choses consisterait à tendre un piège à Dieu. Tout ce que je sais, c’est que je ne sais pas vraiment prier, et je fais mienne la demande des disciples, "Seigneur apprends-nous à prier."

Il est curieux de constater que dans le texte même des évangiles, il n’y ait pas vraiment de prières. Il y a cette magnifique prière de Jésus à Gethsémani portant le monde entier devant Dieu avant d’être arrêté et crucifié, mais c’est une prière que Jésus a adressée à Dieu son Père et qu’en aucun cas nous ne pouvons imiter. Il y a aussi le Notre Père, et c’est tout.
Le Notre Père n’est pas seulement l’expression de tout ce que nous pouvons demander à Dieu, c’est plus que cela, le "Notre Père" est aussi une confession de foi qui nous invite à dire à Dieu tout ce que nous croyons sur lui. Il nous demande alors, quand nous prions le "Notre Père" de mettre en pratique tout ce que nous croyons à son sujet.
Cette version courte du "Notre Père" qui nous est donnée ici dans l’Évangile de Luc nous paraît un peu sèche, ce n'est pas celle que nous avons adoptée dans nos culte, mais celle de Matthieu qui est plus longue et peut être mieux construite ! Elle sert ici d’introduction à un développement sur la prière qui nous surprend. Pour dire les choses sans ambages les différentes remarques qui y sont rassemblées nous paraissent en dehors de nos soucis habituels. "Père que ton nom soit reconnu comme sacré, donne -nous notre pain de ce jour, pardonne-nous nos péché, car nous aussi nous remettons notre  dette à quiconque nous doit quelque chose et ne nous fais pas entrer dans l'épreuve."  Face à ces demandes, il semblerait  que nos propres prières dont nous savons les faiblesses pourraient importuner Dieu qui les écouteraient avec condescendance, et il agirait envers nous comme nous le ferions poliment d’un ami qui nous importunerait à l’heure de notre sommeil. L’Évangéliste ose mettre dans la bouche de Jésus des paroles qui confondraient nos prières avec des gestes inconvenants tels celui d’un Père qui oserait nourrir ses enfants avec des pierres, des scorpions ou des serpents ! Si nos prières reçoivent un tel accueil auprès de Dieu, nous aurions raison de ne pas les dire.
Il est sans doute tout à fait évident que ces remarques sont faites pour nous choquer et pour provoquer nos réactions. Elles ne sont pas faites pour nous empêcher de prier quel que soit le contenu de nos prière, mais pour nous dire que Dieu répond toujours en faisant descendre son saint Esprit sur celui qui prie. C’est le saint Esprit qui joue le plus grand rôle dans nos prières. Quel qu’ en soit le contenu, notre prière s’achève toujours par le don de l’Esprit qui donne sens à ce que nous n’avons pas toujours réussi à formuler. Mieux que nous-mêmes, il exprime ce que nous ressentons vraiment. Ce n’est plus nous alors qui prions c’est l’Esprit qui est venu en nous qui a formulé notre prière avec nos propres mots.
Quand nous avons compris cela, nous découvrons que toutes les objections que nos avons formulées au sujet de la prière deviennent caduques. Même les formules du "Notre Père" que nous avons trouvées un peu sèches s’éclairent d’un sens nouveau. C’est le saint Esprit qui révèle en nous les qualités de Père qui caractérisent Dieu. Nous nous adressons à lui comme à celui qui peut tout entendre et tout prendre en charge. C’est lui qui peut apaiser nos souffrances et porter avec nous nos révoltes . C’est lui qui redonne vie à nos espoirs déçus et qui transforme nos angoisses en pulsions de vie. Nous pouvons alors nous adresser à lui en lui disant « Notre père » et c'est un sérieux privilège.


Nous savons que toute notre existence se déroule sous le regard de Dieu, c’est pourquoi nous le remercions pour le pain qui nous nourrit chaque jour, ainsi que de tout ce qui alimente notre existence. Alors que nous faisons monter vers Dieu notre action de grâce pour le remercier de remplir notre vie de tout ce que nous avons besoin au quotidien, nous prenons conscience que tous les hommes ne peuvent pas formuler les mêmes remerciements. Il y a des gens sur cette terre qui n’ont pas de pain au quotidien ni d’actions de grâces à adresser à Dieu.

C’est encore le saint Esprit qui nous rappelle les nécessités des autres. Au moment même où nous formulons notre demande, il établit un lien entre nous, qui éprouvons de la reconnaissance et ceux qui ne peuvent plus prier parce que leur prière de demande de pain quotidien n’est pas ou n’est plus exaucées pour eux. Tant que leur prière restera sans réponse, pensez-vous que nous pouvons continuer à prier ? Ne pensez-vous pas que le péché dont nous demandons à être pardonné dans la suite du " Notre Père " n’est pas celui de laisser sans réponse la prière des affamés. Eux aussi, ils aspirent à pourvoir remercier Dieu à leur tour pour leur pain quotidien.
Tant que leur prière ne sera pas exaucée, notre prière propre  devrait s’arrêter là et la honte devrait nous empêcher de continuer. Cependant, le saint Esprit qui est le moteur de notre prière nous invite à continuer. Il nous enjoint à continuer, parce qu’en même temps que nous prions, il entreprend de nous transformer totalement en commençant par notre cœur de pierre qui s’amollit lentement. Il s’empare de notre apathie, rassemble notre énergie et nous pousse à désirer que quelque chose se passe en nous et autour de nous pour que le sort de ceux qui n’ont plus de pain s’améliore.
Dieu espère que l’action du saint Esprit finira par provoquer en nous des réactions telles qu' elles proposeront les éléments de réponse dont Dieu a besoin pour exaucer la prière de ceux qui n’ont rien et qui manquent de tout. Sans cette action de l’Esprit saint, nous pourrions être tentés de baisser les bras et de nous replier sur nous-mêmes. Nous nous résignerions à considérer que rien ne changera dans ce monde et que les chanceux continueront à se réjouir de voir leur sort s’améliorer, tandis que le trop grand nombre des autres nous empêcherait de croire que quoi que ce soit ne pourra être changé en leur faveur. La tentation de manquer d’espérance nous guette, c’est pourquoi le saint Esprit ne cesse de souffler sur nous pour que jamais nous ne nous résignions à ce que nos prières ne soient pas exaucées. C’est là la dernière demande du Notre Père : délivre-nous de la tentation : celle  de manquer d'espérance.
Toute prière dite dans la foi est en même temps une confession de foi. Par elle nous disons à Dieu que nous croyons à son action sur le monde. Nous lui disons aussi que nous nous portons volontaires pour mettre à sa disposition toutes les possibilités qu’il y a en nous pour que par nos mains et nos actions, nos prières soient exaucées. Certes, cela prendra sans doute plus de temps que nous pouvons le penser, mais Dieu n’est-il pas maître du temps ?

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