lundi 3 septembre 2018

Esaïie 35/4-7 dimanche 9 septembre 2018



Esaïe  35/4-7



La voie sacrée

1Le désert et le pays desséché s'égayeront ;

la plaine aride tressaillira d'allégresse et fleurira comme le narcisse 

   ;

2 elle se couvrira de fleurs et tressaillira

avec chants d'allégresse et cris de joie ;

la gloire du Liban lui sera donnée,

la magnificence du Carmel et de la plaine côtière.

Ils verront la gloire du SEIGNEUR,

la magnificence de notre Dieu.



3 Rendez fortes les mains faibles,

affermissez les genoux qui font trébucher ;



4 dites à ceux dont le cœur palpite :

Soyez forts, n'ayez pas peur :

il est là, votre Dieu !

La vengeance viendra,

la rétribution de Dieu ;

il viendra lui-même vous sauver.



5 Alors les yeux des aveugles seront dessillés,

les oreilles des sourds s'ouvriront ;



6 alors le boiteux sautera comme un cerf,

et la langue du muet poussera des cris de joie.

Car de l'eau jaillira dans le désert,

des torrents dans la plaine aride.



7 Le lieu torride se changera en étang

et la terre de la soif en fontaines ;

dans le domaine où se couchaient les chacals,

il y aura place pour les roseaux et les joncs.



8 Il y aura là un chemin frayé, une voie ;

on l'appellera « Voie sacrée ».

L'impur n'y passera pas ;

elle sera pour ceux qui la suivront,

et les imbéciles ne s'y égareront pas ;



9 là il n'y aura pas de lion ;

les animaux voraces n'y viendront pas,

on ne les y trouvera pas ;

là marcheront des gens rédimés ;



10 ainsi ceux que le SEIGNEUR a libérés reviendront.

Ils arriveront à Sion avec des cris de joie,

une joie perpétuelle couronnera leur tête ;

la gaieté et la joie viendront à leur rencontre,

le chagrin et les gémissements s'enfuiront.





Après cinquante ans d’exil, il était temps que les choses changent et  que Dieu accomplisse enfin ses promesses. Les exilés espéraient une justice réparatrice pour leur peuple. Ils espéraient que Dieu les vengeraient de la destruction de leur pays et de leur temple. Ils continuaient à croire en la promesse des prophètes selon laquelle « un reste devait revenir « (Esaïe 10/21) telle semblait être l’opinion la plus répandue parmi les plus religieux d’entre eux. Malgré la dureté de la situation, un certain nombre d’entre eux avaient prospéré et avaient organisé leur existence sans songer au retour. Ils avaient organisé leur vie religieuse d’une autre façon et s’en portaient bien, puisqu’ils avaient établi des  lieux de réflexion de  culture juive d’où naîtra bien plus tard, le Talmud de Babylone.


Ceux qui espéraient un retour possible prêtaient attention aux événements politiques du moment.  Le conflit avec les Perses et la venue au pouvoir de Cyrus, leur permettaient d’espérer l’annonce du retour. Mais avec le temps, les hommes avaient changé. Ils  s’étaient habitué à célébrer leur culte autrement, sans temple ni prêtres. Dieu lui-même avait changé de visage au cours de ces années et les mots que l’on utilisait pour parler de lui n’avaient  parfois plus le même sens. Ce fut notamment le cas du mot vengeance.


La notion de vengeance qui est mentionnée  dans ce texte ne signifiait plus un retour en force dans les lieux jadis occupés par leurs ancêtres. Elle ne signifiait plus l’anéantissement de l’adversaire selon une justice que les textes de Moïse leur avaient enseigné. La vengeance était perçue désormais comme le rétablissement de  la norme de vie pour  tout ce qui n’y entrait pas. Les aveugles se mettraient à y voir clair, les muets retrouveraient la parole et les sourds le sens de l’ouïe. Le désert serait  arrosé et le culte à l’Eternel serait caractérisé par les chants célébrant  la gloire de Dieu.


La description des jours nouveaux ne comprend donc plus de violence contre personne. Dieu lui-même prend un visage différent de ce que la tradition avait retenu de lui. Il se caractérisait désormais par sa volonté  de rendre aux hommes leur dignité perdue et de rendre à la nature sa fonction de terre habitable pour tous, c’est pourquoi le prophète envisage que les bêtes sauvages deviennent dociles et  que les sources jaillissent dans le désert. Dieu se faisait  le partenaire des hommes et de la nature pour un bonheur généralisé
.

Certes, tous avaient du mal à accepter ce nouvel aspect de Dieu. Cela n’était sans doute pas nouveau, mais on l’avait jusque-là ignoré. En fait, les prophètes accablés par les malheurs des peuples provoqués par l’exil, cherchaient à se situer  par rapport à Dieu et c’est cet aspect du divin qui prit désormais le dessus, celui qui consiste à accompagner les hommes et  à faire corps avec eux quand les difficultés les assaillaient.


Si Dieu lui-même faisait cause commune avec les hommes en difficultés, il ne pouvait plus être perçu comme le responsable de leurs malheurs et faire peser sur eux un châtiment quelconque. Ce Dieu qui devenait partenaire des hommes et qui créait l’espérance là où elle tendait à faire défaut mettra encore longtemps à s’imposer pour être compris par les hommes. Il faudra attendre  la mort de son plus fidèle défenseur, Jésus le Christ pour que ce nouveau visage de Dieu caché jusqu’alors et s’impose aux hommes. Et même après la mort du Christ combien de croyants chercheront encore en lui le Dieu du jugement qui impose aux hommes la rigueur de sa vengeance.

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