mardi 11 septembre 2018

Marc 8/27-35 l'avenir du monde - dimanche 16 septembre 2018

Marc  8/27 - 35

Jésus sortit avec ses disciples vers les villages de Césarée de Philippe. En chemin, il se mit à demander à ses disciples : Au dire des gens, qui suis-je ? 28 Ils lui dirent : Pour les uns, Jean le Baptiseur ; pour d'autres, Elie ; pour d'autres encore, l'un des prophètes. 29 Lui leur demandait : Et pour vous, qui suis-je ? Pierre lui dit : Toi, tu es le Christ. 30  Il les rabroua, pour qu'ils ne disent rien à personne à son sujet.
Jésus annonce sa mort et sa résurrection
31Il commença alors à leur apprendre qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué et qu'il se relève trois jours après. 32  Il disait cela ouvertement. Alors Pierre le prit à part et se mit à le rabrouer. 33  Mais lui se retourna, regarda ses disciples et rabroua Pierre : Va-t'en derrière moi, Satan ! lui dit-il. Tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les humains.


34 Puis il appela la foule avec ses disciples et leur dit : Si quelqu'un veut me suivre, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive. 35 Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.




La présence intelligente de l’homme sur cette terre favorise-t-elle la construction d’un avenir heureux pour l’humanité ou la précipite-t-elle vers un avenir chaotique qui mettrait en question jusqu’à l’équilibre de la planète ? Cette double question met les penseurs de ce temps en rivalité. Les uns plaident en faveur de la première hypothèse en mettant en avant tous les acquis sociaux qui président à la construction des sociétés modernes. Si on considère le progrès des Droits de l’homme, l’égalité des races et des sexes, l’abolition de la peine de mort on pourrait penser que la race humaine est en voie d’amélioration significative. Ces arguments plaident en faveur d’une sagesse inhérente à l’humanité qui présiderait à son évolution.

Pour ceux qui s’opposent à cette hypothèse, les éléments qui laissent augurer un avenir sombre pour l’espèce humaine, pèsent plus lourds que les arguments en faveur d’un avenir heureux. Ils font état de l’incapacité de l’humanité à maîtriser tout ce qui s’oppose à une évolution harmonieuse de l’espèce. Ils s’appuient sur le fait qu’il semble impossible à l’homme de maîtriser sa production de gaz à effet de serre ou à limiter d’une manière significative le nombre des naissances, sans parler de la prolifération des armes à destruction massive de toute sorte. Tout en ayant la possibilité de nourrir tous les humains qui se meuvent sur cette planète, les hommes restent incapables de modifier le sort des 2 milliards d’individus qui ne mangent pas à leur faim et qui restent désespérément sous le seuil de la pauvreté. L’avenir, selon eux serait bien mal engagé.

Curieusement la voix des penseurs qui se réclament de l’Evangile n’a pas une résonance particulière. Ils rejoignent l’un ou l’autre camp suivant que leurs penchants naturels les poussent à défendre une opinion plutôt que l’autre, si bien qu’on les trouve dans les deux camps.

Certains, qui forment me semble-t-il une minorité, pensent cependant que Dieu interviendra d’une manière ou d’une autre. Pour les uns, il est impensable que Dieu laisse sombrer les hommes dans une folie autodestructrice. Ils affirment qu’il interviendra au dernier moment comme il le fit lors du déluge, sauvant par l’action de Noé l’humanité en voie de destruction. Pour d’autres qui se rangent dans une pensée plus élaborée, Dieu multiplie sans cesse les efforts pour que son dynamisme créateur mobilise assez d’individus pour que les hommes eux-mêmes s’unissent sur des projets novateurs qui permettraient une évolution harmonieuse où chacun trouverait son compte. On connaît aussi la pensée de ceux qui soutiennent des thèses millénaristes en vertu desquelles, c’est Dieu lui-même qui détruira l’humanité rebelle pour sauver le petit reste de ses fidèles qui respectent ses lois et ses préceptes.

Toutes ces idées sont trop contradictoires et trop floues pour que l’on puisse définir une pensée vraiment chrétienne. Nous tenterons cependant d’interroger Jésus lui-même pour essayer de percer le mystère de sa pensée en la matière. Compte tenu de ce que nous venons de dire, nous pouvons nous attendre à quelques difficultés et à trouver peut-être des contradictions dans sa propre pensée.

Il est vrai que Jésus a prophétisé la possibilité d’une catastrophe finale. Il a annoncé la fin de Jérusalem et pressenti ce que les historiens ont appelé la guerre des juifs. Il a prédit que l’abomination de la désolation pourrait entrer en œuvre, mais ce ne sera pas la fin s’est-il autorisé à dire. ( Mat. 26) Nous ne pouvons cependant passer sous silence les travaux des théologiens qui pensent que ses propos sur la catastrophe finale ont été placés dans la bouche de Jésus par les narrateurs de l’Evangile eux-mêmes quand ils ont écrit leurs récits après les événements catastrophiques de la Guerre des Juifs. Ils auraient ainsi rendu compte de la pensée de Jésus en utilisant ses propos, mais ils les auraient détournés de leur contexte originel pour les reproduire dans une actualité plus brûlante, si bien qu’on ne sait pas vraiment ce que Jésus lui-même pensait.

On peut également faire la même analyse sur les propos de Paul qui , à un moment de sa vie a réellement pensé qu’une catastrophe finale allait se produire de son vivant ( Première ep. aux Thess) et à mesure que le temps passait, et l’événement ne se produisant pas, il aurait modifié sa pensée.

Personne ne peut vraiment dire en s’appuyant sur les Ecritures quel sera l’avenir de l’humanité. Ce dernier constat ne va pas nous aider à répondre à la question que Jésus nous pose aujourd’hui et qui va nous mettre en cause en ce moment de l’année où nous reprenons nos activités : « Et vous qui dites-vous que je suis ? ».

Bien entendu, nous savons la bonne réponse que donne Pierre et nous ne saurions en donner une autre : « Tu es le Christ ». Mais une telle réponse nous aide-t-elle à avancer ? En effet, si le mot Christ était revêtu d’un certain contenu pour Pierre, aujourd’hui, il est devenu un mot passe-partout qui accompagne le nom de Jésus comme si c’était un nom de famille, mais il ne résonne pas en nous comme une réponse qui serait chargée de vérité. Il va donc falloir que nous nous impliquions davantage.

Au moment où se situe ce récit, Jésus se trouve en terre païenne, à Césarée de Philippe, dans un monde où il s’est rarement aventuré et où les vérités du judaïsme ne produisaient aucun écho. Le mot de Christ, faisant référence à une manifestation de Dieu, utilisé par Pierre n’y avait aucune valeur. C’est un peu la même situation que celle où nous nous trouvons en tant que chrétiens d’aujourd’hui. Le langage de la foi ne résonne pas de la même façon dans nos murs et hors de nos murs, et les termes religieux perdent une partie de leur signification, c’est pourquoi la réponse de Pierre pouvait paraître obsolète aux gens de cette contrée.

Pour remettre les choses dans leur contexte, il faut considérer que la conversation de Jésus avec ses proches s’est déroulée dans leur langue commune, c’est à dire l’araméen et ce n’est pas le mot Christ que Pierre a utilisé mais le mot de Messahia, Messie qui était le titre des anciens rois d’Israël, il était aussi le titre que l’on donnait au Sauveur qui devait venir à la fin des temps. Certains pensaient, tels les Zélotes, que le Messie viendrait pour libérer Israël du joug de l’occupant romain. Cinquante ans plus tard, quand Marc écrit son Evangile les choses ont changé. La langue commune est devenue le grec, et biein que le mot « Christ » utilisé cette foi ait le même sens que celui de messie, les choses ont complètement changé. On n’attendait plus vraiment un « Sauveur » tant les événements politiques avaient modifié la donne: la guerre contre les romains et la séparation du monde juif d’avec le monde chrétien avaient changé leur vision du monde.

Aujourd’hui, les traducteurs de nos Bibles se sont bien gardés de traduire ce mot dans notre langue. Ils nous en ont laissé le soin. C’est donc ce qu’il nous faut faire maintenant en sachant que notre contexte de vie n’est ni celui où vivait Jésus ni celui du moment de la transmission des textes.

Qui donc est Jésus pour nous ? Il est important que dans une époque où l’on dit tout et son contraire sur Jésus que nous sachions nous situer par rapport à ce que nous croyons. Nous devons répondre clairement à la question qui va nous permettre de dire notre foi : Qui dites-vous que je suis ?

Qui est Jésus pour moi ? Toutes les réponses ont déjà été envisagées par les apôtres avant nous : un prophète ou l’incarnation du plus grand d’entre eux : Elie, ou du dernier d’entre eux : Jean Baptiste. C’est ce que répètent les autres ! Mais Jésus insiste, mais vous, mais toi, qui dites-vous que je suis ?

Si nous disons comme Pierre : « tu es le Christ », avec tout ce que nous savons sur le contenu de ce mot , cela veut donc dire que sa parole est porteuse de vie et d’avenir. Cela veut dire qu’en nous référant à lui, nous donnons à Dieu un visage qui est le sien. Cela veut dire que nous sommes habités par lui et que c’est lui qui construit nos projets.

Nous rejoignons alors les propos que nous formulions sur l’avenir du monde. En effet, si aujourd’hui, nous croyons que nous sommes habités par Dieu grâce à la personne de Jésus, notre avenir est aussi habité par lui. C’est avec cette conviction que nous aborderons les problèmes posés à l’humanité, en sachant que Dieu ne peut habiter que des projets qui sont porteurs de vie et qu’il est contraire à sa nature de Dieu de se servir des forces du mal pour accomplir ses projets. Au contraire, Dieu ne peut inspirer que des projets de vie et l’avenir que nous construisons avec lui ne peut que porter les marques de son éternité.

Dieu inspire donc des projets tels que si on les suit, l’humanité pourra évoluer harmonieusement. Elle ne pourra que se trouver mieux si les hommes les réalisent. La question sur la qualité des hommes qui les mettront en œuvre reste cependant ouverte. Dans la liberté qu’il accorde aux hommes,  Dieu ne peut faire plus que de les inciter à aller de l’avant selon ses principes de vie. A nous d’agir de telle sorte pour qu’il en soit ainsi et que par notre témoignage nos contemporains acceptent de se laisser inspirer par lui.

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