lundi 27 février 2023

 Jean 9  1- 41  Dimanche 19 mars 2023

 

Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. 2 Ses disciples lui demandèrent : Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? 3 Jésus répondit : Ce n'est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais c'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. 4 Il nous faut travailler, tant qu'il fait jour, aux œuvres de celui qui m'a envoyé ; la nuit vient où personne ne peut travailler. 5 Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.

 

6 Après avoir dit cela, il cracha par terre et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les yeux de l'aveugle 7 et lui dit : Va te laver au réservoir de Siloé — ce qui se traduit par Envoyé - . Il y alla, se lava et, quand il revint, il voyait. 8 Ses voisins, et ceux qui auparavant avaient vu qu'il était un mendiant, disaient : N'est-ce pas là celui qui se tenait assis et qui mendiait ? 9 Les uns disaient : C'est lui. D'autres disaient : Non, mais il lui ressemble. Et lui-même disait : C'est bien moi. 10 Ils lui dirent donc : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ? 11 Il répondit : L'homme appelé Jésus a fait de la boue, me l'a appliquée sur les yeux et m'a dit : Va te laver à Siloé. J'y suis allé, je me suis lavé et j'ai recouvré la vue. 12 Ils lui dirent : Où est cet homme ? Il répondit : Je ne sais pas.

 

13 Ils menèrent vers les Pharisiens celui qui avait été aveugle. 14 Or c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. 15 A leur tour, les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Et il leur dit : Il a mis de la boue sur mes yeux, je me suis lavé et je vois. 16 Sur quoi, quelques-uns des Pharisiens disaient : Cet homme ne vient pas de Dieu, car il n'observe pas le sabbat. D'autres disaient : Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles ? 17 Et il y eut division parmi eux. Ils dirent encore à l'aveugle : Toi, que dis-tu de lui, qu'il t'a ouvert les yeux ? Il répondit : C'est un prophète.

 

18 Les Juifs ne crurent pas qu'il avait été aveugle et qu'il avait recouvré la vue, avant d'avoir appelé ses parents. 19 Ils leur demandèrent : Est-ce là votre fils, dont vous dites qu'il est né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ? 20 Ses parents répondirent : Nous savons que c'est notre fils et qu'il est né aveugle ; 21 mais comment il voit maintenant, nous ne le savons pas, ou qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez âgé pour parler de ce qui le concerne. 22 Ses parents dirent cela, parce qu'ils craignaient les Juifs, car les Juifs s'étaient mis d'accord : si quelqu'un confessait que Jésus était le Christ, il serait exclu de la synagogue. 23 C'est pourquoi ses parents dirent : Il est assez âgé, interrogez-le.

 

24 Les Pharisiens appelèrent une seconde fois l'homme qui avait été aveugle et lui dirent : Donne gloire à Dieu ; nous savons nous que cet homme est pécheur. 25 Il répondit : S'il est pécheur, je ne le sais pas ; je sais une chose : j'étais aveugle, maintenant je vois. 26 Ils lui dirent : Que t'a-t-il fait ? Comment t'a-t-il ouvert les yeux ? 27 Il leur répondit : Je vous l'ai déjà dit, et vous n'avez pas écouté ; pourquoi voulez-vous l'entendre encore ? Voulez-vous aussi devenir ses disciples ? 28 Ils l'insultèrent et dirent : C'est toi qui es son disciple ; nous, nous sommes disciples de Moïse. 29 Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d'où il est. 30 Cet homme leur répondit : Voilà ce qui est étonnant, c'est que vous ne sachiez pas d'où il est ; et il m'a ouvert les yeux ! 31 Nous savons que Dieu n'exauce pas les pécheurs ; mais si quelqu'un honore Dieu et fait sa volonté, celui-là il l'exauce. 32 Jamais encore on n'a entendu dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né. 33 Si cet homme n'était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. 34 Ils lui répondirent : Tu es né tout entier dans le péché, et c'est toi qui nous enseignes ! Et ils le jetèrent dehors. 35Jésus apprit qu'ils l'avaient jeté dehors. Il le trouva et lui dit : Crois-tu au Fils de l'homme ? 36 Il répondit : Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ? 37Tu l'as vu, lui dit Jésus, et celui qui te parle, c'est lui. 38 Alors il dit : Je crois, Seigneur. Et il l'adora.

 

39 Puis Jésus dit : Je suis venu dans ce monde pour un jugement, afin que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles. 40 Quelques Pharisiens qui étaient avec lui, après avoir entendu ces paroles, lui dirent : Nous aussi, sommes-nous aveugles ? 41Jésus leur répondit : Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites : Nous voyons ; aussi votre péché demeure.

 


 

La plupart du temps, on aborde les textes de l’Ecriture avec un ton de circonstance qui fait que les sermons que l’on produit à leur sujet, malgré l’intérêt qu’on leur porte et le talent de leur auteur prennent bien souvent un ton doctoral et ennuyeux. Pourtant ils cherchent à nous entretenir de notre relation à Dieu, c’est à dire de ce qu’il y a de fondamental dans notre vie. On se demande pourquoi dès que l’on aborde les questions sur Dieu, les propos gagnent en sérieux et perdent en vivacité. Pourtant, nous savons que Dieu ne manque pas d’humour, et c’est pourquoi, sans vouloir l’offenser le moins du monde, je me permettrai d’aborder ce texte de l’Evangile de Jean comme une intrigue policière.

 

C’est en effet de cette manière qu’il se présente. Cela ressemble à un polar bien construit où les auteurs prennent un malin plaisir à brouiller les pistes. Il faut rester très attentif si on ne veut pas perdre le fil de l’intrigue et manquer le détail qui risquerait de révéler la clé de l’énigme. A la fin du programme on reste surpris de découvrir que le coupable n’est pas celui vers lequel portaient nos soupçons. Il en va de même dans cette banale histoire d’aveugle guéri le jour du sabbat.

 

Dans ce récit la tension monte très vite, et les assistants s’interrogent sans le dire sur la légitimité de l’opération. Il y a comme un non-dit qui provoque des soupçons. On s’interroge alors sur le péché, on s’étonne de la guérison, on n’est même pas sûr de bien connaître le personnage central qui est l’aveugle : « ça n’est pas lui, dit-on mais ça lui ressemble ». Quant à l’homme guéri, il ne dit rien, il subit la guérison qu’il n’a même pas demandée et il sera puni parce qu’il a en bénéficié. On l’interroge et finalement on l’accuse de péché. D’innocent qu’il est, le voilà traîné comme un coupable devant les autorités qui en fait n’en sont pas vraiment, car les pharisiens n’ont qu’une autorité morale. Finalement il sera jugé et condamné. Il sera exclu de la synagogue. On le traite en coupable parce que quelqu’un lui a fait du bien !

 

Même si cela nous paraît étrange, cela n’est pas exceptionnel ! On peut le vérifier, chaque jour. Quand quelqu’un est au bénéfice d’un avantage quelconque, les mauvaises langues vont bon train. On se demande d’où peut lui venir une telle faveur et quelles sont les compromis auxquels il s’est livré pour avoir un tel avantage.

 

On se demande, sans le dire si cet aveugle n’a pas fait un pacte avec les forces du mal pour être guéri. Il était en effet courent de penser que la maladie était la sanction d’une faute commise par soi-même, ou par ses parents voire même par ses ancêtres : « Les parents ont mangé des raisins verts disait-on et les enfants ont eu les dents agacées. » (Jérémie 31/29) A moins d’un pacte avec le malin le malade ne pouvait être guéri le jour du sabbat. L’intrigue en sorcellerie avait commencée

 

C’est devant les pharisiens que l’on avait trainé l’accusé, ce sont eux qui allaient se charger de l’enquête. Elle sera à charge, bien entendu. Ce n’est d’ailleurs pas eux qui étaient à l’origine de l’affaire  mais c’était la rumeur, celle qui accompagne généralement les événements.

 

On s’interroge sur le bienfondé  du miracle. On s’adresse donc aux pharisiens. Mais qui est ce           « on» ? si non celle que j’ai appelé la « rumeur », c’est l’opinion publique qui n’accuse pas encore mais qui soupçonne.  C’est la masse des anonymes qui se prépare déjà à crier : « crucifie-le ». Comment cette maladie réputée incurable se pouvait-elle être guérie le jour consacré à Dieu se demandait-on, le jour où on n’était pas autorisé à soigner si non dans l’urgence. Il n’y avait pas urgence. Donc si Dieu ne s’autorise pas à intervenir dans ces conditions, ce ne peut être que le diable. C’est aussi simple et aussi logique que cela.

 

Et voilà que Dieu entre en scène avec le diable pour partenaire. N’est-ce pas étrange ?

 

Seuls les spécialistes sont capables d’expliquer cela. Ils donnent leurs explications  en se référant à la   Loi. Les spécialistes, ce sont les pharisiens ! En tout cas ils se font passer pour tels. Ils opinent très vite pour le diable. Le malade, accusé de pacte avec le démon devient coupable alors qu’il ne demandait rien et on le condamne à être jeté dehors.

 

Mais comme il est né aveugle, le soupçon se porte aussi sur ses parents. La peur entre en scène, c’est pourquoi ces derniers refusent de parler. Le moins ils en diront, le mieux ils se porteront. Toute parole, même bien intentionnée peut se retourner contre un accusé. Le silence est préférable à une tentative d’explication. La justice, ainsi abandonnée aux mains des pharisiens devient redoutable. C’est l’inquisition avant la lettre. Quand les pharisiens ont quelqu’un dans le collimateur, ils ne le lâchent pas. Tout manquement avéré à la Loi appelle forcément un coupable. Qui a contrevenu à la Loi ? Si ce n’est pas l’un c’est l’autre. Si le miraculé à seulement subi le miracle, si ses parents n’y sont pour rien, c’est celui qui a opéré la guérison qui a pactisé avec le démon. Et en raison de leur logique aveugle et implacable Jésus devient potentiellement coupable et par voie de conséquence agent du diable. On sent déjà se dresser l’ombre de la croix.

 

Leurs arguments sont-ils cependant aussi solides que cela ? L’opinion des pharisiens a-t-elle valeur de preuve ? Ils savent bien que leur enquête est truquée, que leurs conclusions sont erronées et que leurs arguments sont spécieux. C’est moi, tout à l’heure, qui ai parlé de pacte avec le diable, ce n’est pas eux. Dans leur habileté, ils ont entraîné les témoins à tirer ces conclusions que nous venons de faire. Les pharisiens ne l’ont pas fait. C’est l’opinion publique, la rumeur qui va faire un travail de sape et attaquer la personne de Jésus. Ils s’y sont bien pris en le désignant comme un trublion de banlieue dont la personne n’est pas fréquentable, ils ne l’accusent pas encore et ils ne l’interrogent même pas. Ils ne le condamnent pas encore, mais c’est l’autre, l’aveugle que l’on condamne. Et c’est sa famille qu’on inquiète. Quant à Jésus on attend, en montant l’opinion contre lui.

 

Mais qui est coupable ? Qui est derrière cette affaire ? Qui a autorité sur le mal ? On en revient au point de départ ! Reprenons alors l’enquête à notre compte comme le ferait un détective privé commandité par la défense. En fait Jésus est intervenu alors qu’on ne lui demandait rien si non de faire un commentaire sur le mal : « cet homme était-il aveugle à cause de son péché ?» Jésus ne répond pas mais il le guérit. C’est la guérison qui donnera la bonne réponse..

 

Jésus agit comme Dieu l’a déjà fait. Il mêle sa salive qui symbolise la parole à la terre d’où a été façonné l’homme dans le récit de la création. Les auteurs nous donnent  une clé pour comprendre. Jésus a agi avec les prérogatives de Dieu pour corriger, dans ce monde ce qui ne va pas. Les pharisiens n’ont pas encore compris cela, c’est pourquoi ils lui font un procès à Jésus. En fait, ils l’ont bien compris, mais ça ne correspond pas à leur interprétation de la Loi. Ils ont une approche humaine de l’histoire qui les empêchent d’entendre ce que Dieu a à leur dire, car Dieu se place toujours dans le camp des faibles, quel que soit la réalité dans laquelle ils se trouvent En accusant Jésus à cause de leur interprétation personnelle, c’est eux qui deviennent les coupables car ils affirment trouver les signes du diable dans les actions bonnes où Dieu se révèle. Ils ne peuvent pas comprendre que le bien s’oppose au mal et que Dieu se cache  derrière les gestes qui font vivre. Il cautionne toutes les actions qui améliorent le sort de l’humanité souffrante. Et si l’humanité souffre, ce n’est pas le fait de Dieu, puisque Dieu intervient pour corriger les souffrances. C’est ainsi qu’il continue à participer à la création.

 

Ceux qui ont accaparé  la vérité sur le bien et sur le mal reçoivent une bonne leçon de modestie. La vérité est dans ce qui facilite et améliore la vie des hommes. Heureux alors seront-ils, tous ces rejetés de la planète que Dieu destine à la vie, même s’il y a des obstacles sur leur chemin, même si le mal leur dresse des embûches. Quant au mal et à l’origine de la souffrance, Jésus ne nous en dira pas plus. Le mal reste le premier accusé de ce procès qui n’est pas terminé et où les accusateurs pourraient bien finir en agents du mal. Le procès se termine donc en laissant les accusateurs s’enfermer eux-mêmes dans leurs contradictions et en laissant au lecteur le soin de trouver la voie du salut qui mène à Dieu.

 

 

samedi 25 février 2023

 

Dimanche 5 mars La transfiguration : Evangile de Matthieu 17/1-9 – Reprise du 16 mars 2014

 

1 Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère et il les conduisit à l'écart sur une haute montagne. 2 Il fut transfiguré devant eux : Son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. 3 Moïse et Élie leur apparurent, ils s'entretenaient avec lui. 4 Pierre prit la parole et dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. 5 Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les enveloppa. Et voici qu'une voix sortit de la nuée qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. Écoutez-le ! 6 Lorsqu'ils entendirent (cela), les disciples tombèrent la face contre terre, saisis d'une crainte violente. 7 Mais Jésus s'approcha, les toucha et dit : Levez-vous, soyez sans crainte ! 8 Ils levèrent les yeux et ne virent que Jésus seul.



9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : Ne parlez à personne de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité des morts. 10 Les disciples lui posèrent cette question : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Élie doit venir d'abord ? 11 Il répondit : Il est vrai qu'Élie vient rétablir toutes choses. 12 Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu, et qu'ils ne l'ont pas reconnu et qu'ils l'ont traité comme ils l'ont voulu. De même le Fils de l'homme va souffrir de leur part.


Beaucoup d’entre nous ont sans doute entendu parler du discours prononcé par Martin Luther King à Washington le 28 août 1963 au cours duquel il évoqua son rêve d’un peuple américain libre et uni. Il l’exprima en décrivant la vision qu’il avait d’une Amérique nouvelle : " I have a dream : j’ai la vision"  avait-il commencé à dire depuis les marches du monument de Lincoln où il haranguait une foule de deux cent mille manifestants noirs. Ses propos laissaient entendre qu’il devinait déjà les signes d’une vie nouvelle qui attendait le peuple noir la bas au-delà des collines de l’Alabama.


Chacun de ses auditeurs, pétri des récits de la Bible, reconnaissait certainement en l’entendant la vision de Moïse sur la montagne contemplant la Terre Promise. Grâce à l’espérance que Jésus avait déposée en lui, Martin Luther King put entrevoir la promesse d’un peuple noir et d’un peuple blanc réconciliés formant une seule nation.

 

Jésus nous enseigne à l’imiter. Il nous apprend à rechercher la compagnie des hommes et des femmes de la Bible pour être enseignés par eux. A la lumière de l’Évangile leur message prend une valeur éternelle et parle à chaque génération d’une manière durable.


Bien que Jésus ait affirmé que Dieu aime les hommes d’un amour incommensurable, ceux-ci ne s’en rendent pas vraiment compte. Ils sont plus revendicateurs des grâces de Dieu, que témoins de son amour. Ils se comportent comme si Dieu leur devait aide et assistance pour prix de leur foi en lui.


La seule manière de nous rendre compte de l’action de Dieu au milieu des hommes c’est de voir comment il a agi envers ceux qui nous ont précédés dans la foi. C’est en les rencontrant, que nous comprendrons comment les femmes et les hommes de la Bible ont rendu compte de l’amour de Dieu. Dieu les a aimés du même amour que celui dont il nous aime aujourd’hui. S’il a mis en eux sa sagesse, il n’a cependant pas voulu que les épreuves leur soient enlevées, mais il n’a jamais cessé de les accompagner quand celles-ci surgissaient. Grâce à la foi qui était en eux, ils ont su les surmonter et ils ont pu, chacun avec sa sensibilité, témoigner de la manière dont Dieu s’est intéressé à eux.


Cette expérience de la vie en Dieu telle que je suis en train de l’évoquer n’est pas réservée aux intimes de Jésus, mais elle est offerte à chaque lecteur de la Bible qui y trouve des compagnons de route dont l’expérience enrichit sa compréhension des choses. L’Esprit saint habitait déjà en eux et c’est grâce à lui qu’ils étaient en contact étroit avec Dieu. Ce même Esprit habite aussi en nous. C’est grâce à lui que nous pouvons retirer un enseignement de leur témoignage. C’est ainsi que notre route peut être encore aujourd’hui éclairée par les expériences de vie de ceux qui ont vécu au contact de Dieu avant nous. L’Esprit saint qui préside à cet échange porte en lui le mystère de Dieu, selon lequel il veut sauver tous les hommes.


C’est par lui qu’il nous communique encore aujourd’hui la puissance de vie qui était déjà en Jésus et qui l’a poussé hors du tombeau. Cette même puissance de vie était déjà présente dans l’existence de tous les témoins de Dieu bien avant la venue du Christ. C’est ainsi qu’ils ont pu témoigner de lui bien avant qu’il vienne sur terre. En eux habitait déjà cette espérance qui grâce à eux nous mobilise à la suite de Jésus.


Cette vision que Pierre, Jacques et Jean reçoivent sur la montagne remplit cette fonction. Par elle ils comprennent que Jésus a assumé dans son œuvre tout ce à quoi Moïse et Élie aspiraient. Bien qu’il ne se passe apparemment rien au cours de cette vision, les trois apôtres ont été amenés à comprendre qu’il y avait un lien étroit entre Moïse Élie et Jésus. C’est le Saint Esprit qui depuis toujours a constitué ce lien.


Tous ces témoins de Dieu qui ont précédés la venue de Jésus, tels Moïse et d’Élie, ont eu leurs faiblesses. Dieu les a choisi non pas parce qu’ils étaient meilleurs que les autres, mais parce qu’ils étaient comme les autres. Ils avaient les mêmes contraintes que nous, les mêmes ambitions, les mêmes péchés aussi. Ils ont connu le désespoir et la foi leur a parfois manqué. Ils ont porté en eux des culpabilités avouées ou ignorées. Ils étaient semblables en nous en tout point. Mais si Jésus nous les désigne comme compagnons de route, c'est que leur histoire peut éclairer la nôtre. L'Esprit d'entreprendre qui les animait est le même que celui qui habitait en Jésus et qui a donné du sens à son action.


Mais prenons y garde, s’il nous est donné de croiser Moïse, Élie et les autres, comme il est raconté dans ce passage des Écritures, il n’est pas question que nous nous réfugions avec eux dans leur passé pour le reproduire aujourd’hui dans notre temps. Leur temps est révolu et nous devons rester dans notre temps et vivre dans notre temps, enrichis par leur expérience. Il nous appartient maintenant de vivre notre propre histoire et de devenir à notre tour un chaînon dans la longue chaîne des témoins de ceux qui nous ont précédés et qui nous suivront.


Riches de leur expérience nous devons habiter cette terre que Dieu nous demande de mettre en valeur pour sa plus grande gloire. Depuis l’origine des temps, son esprit d’amour a soufflé sur elle et depuis toujours des voix se sont fait entendre pour dire le pardon et l’espérance. Le même Esprit a suscité leur message, le même Esprit a révélé que Dieu habitait en Christ pour le réconcilier avec les hommes, le même Esprit aujourd’hui nous envoie dans ce monde, chargés d’une mission de réconciliation et d’amour.


Les hommes d’aujourd’hui auraient-ils le cou plus raide que ceux de jadis car ils semblent manquer d’espérance ? Le monde moderne est rebelle à Dieu dit-on, parce que l’existence d’aujourd’hui ne fait aucune place à la spiritualité. L’égoïsme gagne du terrain et tous sont trop avides de consommer plutôt que de faire une place à Dieu.


Pourtant, si nous fréquentons ceux qui étaient avant nous, si nous prenons pour compagnons les plus illustres témoins de la Bible, nous réaliserons bien vite que de tout temps, les hommes ont résisté à Dieu. Élie qui dans le passage d’aujourd’hui se tient aux côté de Jésus n’a-t-il pas eu, seul contre tous, à s’opposer à tout un peuple gagné au paganisme et n’a-t-il pas douté du chemin à suivre ? Il avait contre lui le roi et la reine qui avaient mis sa tête à prix. Il s'est alors enfui, terrassé par le doute et le désespoir. Quant à Moïse, n’a-t-il pas cassé les tables de la loi parce qu’il était exaspéré à cause du manque de foi de son peuple?


Si vous allez à la rencontre de tous ces témoins que l’Écriture vous donne comme compagnons de route, vous découvrirez que votre tâche n’est pas plus lourde que la leur, Dieu leur a donné l’espérance et la foi, et c’est avec elles qu’ils ont eu à marcher. Pensez à Élie qui fuyait devant les spires de la reine Jézabel quand un ange lui apparut dans la tourmente. Pour le réconforter il lui donna une cruche d’eau et une galette de pain et cela dut lui suffire pour survivre pendant les 40 jours de marches qu’il lui fallut faire en plein désert pour atteindre le mont Horeb.

 

Les croyants d’aujourd’hui doivent se souvenir qu’ils ont un gros avantage sur les témoins qui les ont précédés, c’est qu’ils ont la certitude que la réponse à toutes leurs questions se trouve en Jésus, alors que les autres espéraient seulement que cette réponse leur serait donnée par le Messie qu’ils attendaient. Ils espéraient en la venue d’un messager de Dieu qui ferait toute chose nouvelle, pour nous ce messager est venu et nous l’avons reconnu en Jésus. Ce que l’Esprit saint leur donnait d’espérer, il l’a réalisé en Christ qui nous accompagne parce qu’il reste vivant au milieu de nous pour l’Éternité.

mercredi 15 février 2023

 

sermon du dimanche matin  Jean 4/5-2-42 

12 mars 2023 *

Ce texte s’achève sur l’affirmation des Samaritains  selon laquelle ce serait vraiment lui le sauveur du monde. Pourquoi qualifie-t-on Jésus de Sauveur ? En quoi peut-il être notre Sauveur et par extension en quoi est-il le sauveur du monde. C’est par cette expression que se définit en grande partie la foi chrétienne : Jésus est notre  Sauveur !  Cette question ne cesse de nous interpeller:

En fait toutes les fois que l’on ouvre l’Evangile c’est cette affirmation qui nous interpelle. Ne soyons donc  pas étonnés si c’est cette expression qui prend place insidieusement  dans les propos qui concluent cet échange de Jésus avec la Samaritaine à la suite de ce qu’il dit à propos  de l’eau que  Jésus lui demande à boire. En fait il lui demande à boire, mais c’est lui qui l’entretient sur la qualité de l’eau qu’il pourrait lui donner.  Même si Jésus lui propose  une eau qui fait vivre, la conversation a commencé par la  demande de Jésus qui a soif et qui sollicite  d’elle une gorgée d’eau, mais la conversation dévie et c’est Jésus qui lui parle de l’eau qu’il est susceptible de lui donner. Il s’agit d’une eau qui désaltère sans que l’on ait à aller la  puiser au puit, comprend-elle dans un premier temps. Elle n’a pas encore saisit qu’il s’agissait  d’une eau spirituelle  qui contient  des éléments suffisamment porteurs de vie pour qu’on puisse vivre  sans avoir recours à autre chose qu’à  se confier à Jésus qui, sans vraiment le dire se propose de nous prendre en charge toute la vie durant.

Cette proposition correspond bien à une offre de salut mais ne nous dit pas ce que cela représente réellement. Si l’eau est nécessaire pour vivre, elle est la bonne image pour nous parler de salut. Le salut devient donc l’affirmation que Jésus est celui qui peut donner du sens à la vie. Nous sommes sauvés quand nous découvrons ce qui donne du sens à notre existence. Il s’agit de l’action de Dieu en nous. C'est la présence de Dieu en nous,   qui donne du sens à la vie. C'’est ce qu’affirme Jésus. Il affirme que qui que nous soyons, Dieu s’intéresse à nous et que lui Jésus peut nous aider à saisir cette action de Dieu .  Ici Jésus nous dit que la présence de Dieu en nous donne du sens à la vie que nous menons.  La présence de Dieu en nous est évidente même à notre insu et c’est ce qui donne  du sens à notre vie. Cela peut donc nous amener à penser que    nous sommes sauvés. C’est ce qu’affirme Jésus.

Ici, curieusement Jésus ne se présente pas comme celui qui va donner du sens à la vie de la femme, il ne se présente pas comme son pourvoyeur en eau. Au contraire il se fait demandeur : « Donne-moi à boire »  dit-il. Il se met d’emblais dans la position du demandeur. C’est la femme en lui donnant de l’eau  qui pourra l’aider à vivre. A partir de ce constat, elle va comprendre  au travers des propos de Jésus qu’en agissant ainsi, en permettant aux autres de vivre elle devient auxiliaire de Dieu. Mais la conversation qu’ils échangent va encore plus loin.  La femme comprend que Jésus devient pour elle le porteur d’un  message de Dieu et que ce message est chargé de puissance de vie. Sans le savoir,  en acceptant les propos de Jésus elle découvre qu’il y a en elle   la possibilité de devenir auxiliaire de Dieu, comme elle va le sera dans quelques minutes quand elle apportera le message  de Jésus aux gens de son village. Elle reçoit la fonction de devenir auxiliaire de Dieu et elle n’en sait rien encore. Elle dira à la foule que chacun peut trouver du sens à sa vie en Jésus qui se propose de les faire boire une eau qui n’a pas de prix puisqu’elle signifie la présence de Dieu dans leur existence.

Sans aucune action de leur part, il suffit pour eux de faire assez confiance  dans les propos de Jésus  pour que ses paroles deviennent efficaces en eux  et qu’ils découvrent qu’ils ont de la valeur aux yeux de Dieu en Jésus. En comprenant cela, la femme a tout compris.  Il suffit à chacun de comprendre qu’il a de la valeur aux yeux de Dieu. C’est ainsi que la parole de Jésus devient source d’eau vive et devient efficace en chacun d’eux. La vie de chacun prend alors du sens, c’est alors qu’ils sont sauvés

Si cette présence de Dieu dans leur vie se réalise maintenant par la présence de Jésus qui leur parle de l’action de Dieu en eux sans qu’ils n’y puissent rien. Ils réalisent que Jésus leur donne accès au salut sans qu’ils n’aient pas d’autre chose à faire que d’accepter qu’il y a de la place en eux pour accueillir l’action de Dieu.  Cette possibilité qu’ils découvrent par l’action de la femme qui témoigne des  paroles de  Jésus auprès des gens de son village n’est pas nouvelle. Elle puise ses origines dans les Ecritures elles-mêmes aussi loin que l’on peut se projeter en elles.

 En effet, tout cela se passe auprès d’un puits qui rappelle la présence de Jacob et des anciens témoins de Dieu au service  des hommes. Les puits dans les Ecritures sont perçus comme des lieux de rencontre et même de rencontre amoureuse. Plusieurs histoires d’amour vont se concrétiser auprès de puits. C’est auprès de puits que les patriarches ont rencontré leur épouse. Est-ce à dire ici que Jésus tenterait d’amorcer une histoire d’amour avec cette felle ?  Certainement pas. N’allez pas croire que Jésus est tombé amoureux de la femme, mais c’est la femme qui va découvrir grâce à lui le sens profond de sa vie et l’amour que Dieu a pour elle. Elle découvre ainsi que Dieu travaille en elle sans qu’elle le sache et dans le secret de la vie qu’il partage avec elle se prépare,  sans le savoir à  entrer dans la longue cohorte des témoins de Dieu. Ce sera également le cas de chacune et de chacun de nous.

A l’image de cette femme chacune et chacun de nous doit prendre conscience que Dieu travaille en lui ou en elle sans qu’il le sache, car c’est ainsi que se prépare l’avenir avec Dieu. Il suffit maintenant à la femme de penser à Dieu en faisant le bilan de sa vie pour réaliser que depuis longtemps, Dieu  travaille en elle et la prépare à un avenir qu’il partage avec elle. Jésus l’aide à faire  cette découverte en retraçant avec elle les différentes étapes de sa vie qui reprend corps sous  l’action du Seigneur.   La femme est tellement bouleversée par cette découverte qu’elle en oublie sa cruche au bord du puits, mais cela n’a plus d’importance car la cruche ne lui servira plus à rien pour abreuver les autres, elle est désormais  porteuse de la bonne nouvelle qui abreuvera chacun de ceux vers qui Dieu l’envoie. Elle a découvert dans sa relation avec Jésus que Dieu a désormais possibilité  d’agir par elle pour guider la vie des autres qu’il prend désormais en charge  par le ministère de cette femme.

Au travers de cette femme, c’est la vie de chacun  qui prend du sens. Elle  est samaritaine, c’est dire qu’elle n’est pas d’origine juive. Elle appartient à un peuple perçu comme marginal, elle a eu une vie peu recommandable et sans doute dissolue. Elle découvre que Dieu a de l’intérêt pour elle. Elle devient désormais un modèle pour nous tous et chacun de nous découvre, grâce à elle que sa vie a du prix aux yeux de Dieu quel que soit le contenu de cette vie. C’est là la grande révélation que Jésus nous réserve à partir de  ce texte, c’est que  Dieu se propose de se servir de nous pour aller  à la rencontre des autres afin qu’ils comprennent, chacun à leur tour qu’ils ont de la valeur devant Dieu, quelle que soit leur vie. Cela nous rend disponibles au service de Dieu et nous révèle que qui que nous soyons, Dieu a besoin de nous pour que son Royaume prenne du sens dans la société des humains qu’il se propose de continuellement renouveler

samedi 8 mai 2021

 Dimanche 9 mai 2021

 

Lectures

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 15,9-17.

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.


Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »
Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.


Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »
 

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Depuis notre plus tendre jeunesse, on nous a appris à croiser les chemins de Dieu. En tout cas ce fut le cas pour  ces jeunes gens qui comme moi ont suivi une éducation religieuse. C’est à l’Ecole du dimanche qu’on nous a enseigné  à discerner le bruit de son  pas quand il résonnait sur  les routes que nous fréquentions. C’est à l’écoute de ces grands héros  qu’étaient Moïse,  Abraham, Jacob ou  David que nous avons appris à rechercher la trace de Dieu. Le temps passant, nous avons fait nos expériences personnelles et nous avons pris l’habitude de baliser les chemins où on avait une chance de le rencontrer. A l’adolescence ce fut une autre histoire et nos voies se sont souvent séparées de la sienne. En fait, dès que nous sentions sa présence, nous détournions le regard pour le porter dans une autre direction. Tels sont les souvenirs que j’ai gardés  de cette époque lointaine où la pratique religieuse faisait encore partie  des habitudes que l’on cherchait à  inculquer aux enfants.

Mais le quotidien de la vie est une rude école. A force d’éviter ce qui pouvait être le regard de Dieu, on loupait  à tous les coups, un contact avec lui.  Dieu est  devenu alors plus lointain et nos soucis nous ont détournés de lui.

Nous avons fait d’autres investigations  à son sujet. Les philosophes nous y ont aidés. Nous avons  cru comprendre que Dieu se cachait  pour mieux se laisser trouver et qu’il nous faudrait travailler davantage sur nous-mêmes pour pouvoir faire un bout de chemin avec lui.

Nous avons aussi été tentés par l’idée de tout laisser tomber et de porter nos soucis dans une autre direction. La distance par rapport à lui s’est encore faite plus grande.

La vie a pris le dessus, le souci du lendemain et de notre avenir s’est  emparé  de nous et Dieu est resté de côté. Sans doute avons-nous espéré en secret qu’à l’occasion de notre passage dans un lieu de culte à l’occasion d’une fête familiale ou autre, Dieu en profiterait pour  se manifester, mais en sortant du lieu de prière,  nous n’avons pas manqué de penser que  l’officiant,  n’avait pas été à la hauteur de nos espérances, qu’il n’avait pas été convainquant et qu’il n’avait pas dit ce qu’il fallait pour nous toucher et nous amener à réfléchir autrement, si bien que nous n’avons pas vu les anges monter et descendre sur leur grande échelle, comme ils l’avaient fait pour Jacob et le ciel ne s’est pas ouvert.

Tel fut mon aventure spirituelle et celle de beaucoup de mes semblables !

En fait, si le courant n’est pas bien  passé entre Dieu et nous,  c’est que la vie nous a bloqué trop souvent les chemins d’accès à sa présence et que les soucis du moment ont fait  comme une sorte de barrage entre lui et nous.

Aujourd’hui, nous nous accusons volontiers de ne pas en faire assez pour que sa présence s’impose à nous. Mais nous pensons, sans oser l’avouer que Dieu doit aussi prendre  sa part de responsabilité.

Nous pensons même qu’il ne  sait pas lui-même se révéler à nous de la manière qui nous toucherait vraiment,  si bien que nous ne savions pas  nous rendre disponible à sa présence. A mesure que la conscience de Dieu s’éloignait de nous, le sentiment de culpabilité vis-à-vis de lui se faisait grandissant, et les églises en ont aussi rajouté.

En fait, maintenant que j’ai effleuré quelques thèmes que les prédicateurs utilisent parfois le dimanche dans leur sermon, il est temps que je laisse la parole à Dieu lui-même en pensant  que c’est maintenant à son tour  de parler pour que nous puissions entendre correctement ce qu’il a à nous dire, puisque selon le prologue de l’Evangile de Jean, c’est dans la parole que Dieu puise sa révélation. C’est en méditant de telles pensées que l’Evangéliste écrivit son Evangile que nous écoutons ce matin.

Il devait se demander comment les hommes avaient pu se méprendre sur Dieu depuis l’origine des temps, comme ils l’ont fait et comme je viens de le faire depuis quelques minutes. Comment moi-même et ses contemporains,  n’ont-ils rien compris au message de Jésus, au point de le tuer pour étouffer dans sa bouche le mot amour dont il illustrait tous ses propos ? Ce mot mille fois répété, mille fois commenté correspondait dans sa pensée à tous les barreaux de l’échelle sur lesquels montaient  les anges pour entraîner les hommes vers le ciel et sur lesquels ils descendaient à leur tour  pour permettre à Dieu de parvenir jusqu’aux hommes

Dans cet Evangile le mot amour donne une coloration particulière au comportement de Dieu. L’amour est cette attitude qu’il prend pour ne pas rester séquestré dans  le ciel où les hommes ont coutume de l’enfermer avec ses anges. En fait, son but est  de rejoindre  la  terre afin de se faire plus proche  possible de l’humanité.

Mais qui pourrait croire que ce simple mot, amour  pourrait  porter  en lui seul toute la Loi et les Prophètes ? Pourtant, ce mot, contient en lui-même toute la passion de Dieu pour l’homme. Cette passion le comble de joie qu’il tient à partager avec nous. Dieu se révèle dans ce  seul mot comme un passionné de l’homme.

C’est cet aspect de lui-même que Dieu   se plait à nous faire découvrir quand nos chemins se croisent. Au loin donc, tout sentiment de culpabilité ! Dieu est un passionné de l’humanité, il ne s’applique à exister que pour elle et c’est pour elle, nous suggère le récit de la création, qu’il aurait tout créé afin que les hommes se complaisent à  vivre en sa présence.

Pour Dieu, la passion  qu’il a pour les hommes découle normalement  de son  amour pour eux  si bien que même si le mot passion n’est pas dans l’Evangile,  il se déduit de l’amour auquel il se réfère, si bien que  les deux mots amour et passion vont ensemble. Ces  deux mots  nous  sont donc donnés  pour éclairer nos cheminements au cours de notre existence. Ces mots ils révèlent aux hommes le seul comportement qu’ils doivent avoir en toute circonstance. Il s’agit d’aimer passionnément ce monde où Dieu les pousse à agir pour le mieux-être de tous.

Ainsi notre comportement vis-à-vis de Dieu devrait-il être contenu dans cette seule prière : «  Seigneur, apprends-nous à aimer » nous devrions la faire  sans cesse  quand nous aurons compris  que là est la seule règle qui nous vient de Dieu pour vivre sur terre selon sa volonté, car c’est dans cette action  que se trouve le salut auquel  nous aspirons. Nous sommes ainsi amenés à considérer que chaque fois qu’une menace pèse sur l’humanité, il se trouvera toujours assez d’individus capables d’aimer  pour renverser le cours de la situation dans laquelle ils se trouvent.

Cela pourra prendre du temps, mais sous l’inspiration de Dieu qui ne cesse  de nous accompagner cela se produira.

Ce n’est donc pas le génie humain qui déterminera le cours de l’histoire, ni sa brillante intelligence mais la capacité  des hommes à aimer leurs semblables  et à coopérer ensemble pour gérer le monde que Dieu a créé pour eux. C’est donc en pratiquant l’amour dans toutes les acceptions du possible que s’écrit l’avenir.

C’est en mettant  en notre cœur cette capacité à aimer que Dieu nous a donné la clé de l’avenir. Certes  il se trouvera toujours quelques individus pour penser le contraire qui négligeront Dieu  et penseront que l’avenir est lié  à la manière dont les feront usage de leur brillante intelligence, mais la clé résidera toujours  dans leur capacité à aimer, sans quoi l’humanité ne pourrait exister  car l’amour est constitutif de la personnalité  humaine et l’avenir du monde ne peut se faire si nous n’usons pas de cette capacité. Le secret que nous révèle Dieu, c’est que notre capacité à aimer  est déterminante à tel point que Dieu a choisi le mot amour pour manifester sa propre existence, car Dieu est amour nous dit Jean.

Amen.