samedi 20 décembre 2008

Luc 2/21-34 Jésus vient pour ceux qui sont tombés Dimanche 28 décemvre 2008

Siméon, qui es-tu?






Luc 2/21-34

Quand le huitième jour fut accompli, il fut circoncis et il fut appelé Jésus, du nom indiqué par l'ange avant sa conception. Et quand les jours de leur purification furent accomplis selon la loi de Moïse, on l'amena à Jérusalem pour le présenter au Seigneur - suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur - et pour offrir en sacrifice une paire de tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme c'est prescrit dans la loi du Seigneur.

Et voici qu'il y avait à Jérusalem un homme du nom de Siméon. Cet homme était juste et pieux; il attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. Il avait été divinement averti par le Saint Esprit qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint au Temple poussé par l'Esprit. Et comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qui était en usage d'après la loi.


Il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit :Maintenant Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller en paix selon ta Parole, car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé devant tous les peuples - lumière pour éclairer les nations - et gloire pour ton peuple, Israël.


Son père et sa mère étaient dans l'admiration de ce qu'on disait de lui. Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère: Voici cet enfant est là pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël et comme un signe qui provoquera la contradiction. et toi-même, une épée te traversera l'âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient révélées.






L'essentiel du message de Jésus est donné d'emblée ici par ce vieillard qui parle en prophète : Cet enfant est là pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël et comme un signe qui provoquera la contradiction. Siméon est peu connu du lecteur de la Bible , ces quelques versets de l’Évangile de Luc sont les seuls à lui être consacrés. Pourtant en une formule lapidaire il résume tout l’Évangile qui n'a pas encore été prononcé. Désormais, aucun homme ne pourra tomber sans que son redressement ne soit une priorité pour Dieu. Notre vie s'ouvre donc sur la promesse que Dieu mettra tout en œuvre pour nous sortir d'affaire en cas de chute. Mais les hommes répondront-ils à sa mobilisation?


On oublie bien souvent cet épisode de la prophétie de Siméon. Mais c'est parce que l'événement est discret qu'il faut insister dessus. En général c'est par des interventions qui ne sont visibles que par leurs bénéficiaires que Dieu révèle aux hommes le sens qu'il veut donner au cours de l'histoire. L'événement relaté ici est discret : Joseph et Marie pour répondre aux obligations religieuses de leur temps doivent faire un sacrifice rituel prévu pour la naissance du premier garçon. La cérémonie, sans doute assez banale ne retient l'attention de personne. Pourtant, à un détour de l'une des immenses cours du Temple, un vieillard que l'on ne remarque plus, tant on a l'habitude de le voir ici s'approche. En quelques mots, il dit à ses parents l'essentiel de ce que sera le ministère de Jésus. Le vieux Siméon révèle que cet enfant porte en lui l'accomplissement de toutes les promesses faites à Israël. Siméon attendait, comme tous les juifs que Dieu intervienne dans l'histoire de son peuple. Il lui suffit d'une seule phrase pour que tout l'avenir s'éclaire d'un sens nouveau : "Il est là pour la chute et le redressement de beaucoup" Cette phrase prononcée, Siméon peut quitter le monde des vivants.


Quand nous nous interrogeons sur le sens de notre vie et que nous nous demandons à quoi nous servons réellement. Il nous suffit de nous souvenir que le destin de Siméon était de prononcer une seule phrase. Nous avons tous un rôle à jouer dans ce monde, ne serait-ce que celui de prononcer une seule phrase, encore faudra-t-il la prononcer au bon moment.

Siméon semble avoir dit les choses correctement : "Il est pour la chute et le redressement de beaucoup!" Ainsi Dieu promet-t-il de redresser tous ceux qui sont tombés! C'est tout un programme. La réalisation de cette promesse provoquera une telle contestation dans le monde, que sa mère, qui ici, comme souvent dans l’Évangile, représente l’Église en sera déchirée jusqu'au plus profond d'elle-même. Les hommes préféreront diviser l’Église plutôt que de se mette au service de l’Évangile, c'est à dire au redressement des plus faibles.

Les mots que Siméon vient de prononcer et qui constituent le tout premier élément de la vocation de Jésus ne sont pas nouveaux. La tradition biblique a toujours enseigné que Dieu se range du côté de ceux qui sont tombés. Il prend toujours le parti des faibles contre les forts. C'est par ce constat qu'a commencé l'histoire d'Israël: petit peuple d'esclave libérés par Moïse. L'évocation de la libération de ce peuple n'est-t-elle qu'un support à de somptueuses fêtes liturgiques que l'on célèbre à Pâques ou est-elle aussi une invitation à se mettre au service de tous les opprimés?

Siméon et bien d'autres prophètes avant lui savaient que la volonté de Dieu était le service des plus humbles, mais que cette volonté restait sans suite auprès des hommes. Pour la première fois dans l'histoire du monde, le vieillard pressent que l'enfant qu'on lui présente porte en lui la capacité de renverser l'histoire en faveur des déshérités. Vous comprenez alors quelle a du être son émotion, même si les parents de Jésus ne comprenaient pas. Il sait cependant que tout cela ne se fera pas sans mal, c'est pourquoi, il parle de contradiction. Il comprend avant les autres que ce sera difficile, que les hommes se déchireront entre eux à cause de la dimension sociale et humanitaire que va prendre l'action visible de Dieu dans le monde des humains. L'amour de Dieu relayé par l'action des hommes se manifestera en premier lieu par le souci des humbles. C'est la vocation que Dieu donne à celui qui pour le moment n'est qu'un bébé et que les nations salueront plus tard sous le titre de Fils de Dieu.

C'est lui qui tombera le premier, parce qu'on l'a accusé de mépriser le culte et la tradition, au profit de l'amour du prochain. N'est-ce pas encore aujourd'hui un sujet de discorde entre ceux qui donnent priorité aux œuvres et ceux qui croient que priorité doit être donnée au culte, alors que les deux doivent se confondre en une même action. Quand il sera tombé, Dieu le redressera en le rappelant de la mort. Quand sa victoire sera révélée, on cherchera à interpréter le sens théologique que tout cela doit prendre. (1) l’Église, symbolisée par Marie se divisera à ce sujet et laissera les petits en dehors de ses soucis. Il est vrai que l’Église, bien qu'elle sache que le message d'amour qu'elle a reçu soit pour les petits pactise trop souvent avec les grands. Elle sait que Dieu se plaît dans l'humilité, mais elle préfère se montrer sur la scène publique. Elle sait que Dieu lui a donné vocation de servir, mais elle aime tout régenter. Dans cette Église dont je parle ici au singulier, je parle de toutes les églises qui la composent et en particulier la mienne.

Ceux qui ont vocation d'être redressés, qui sont-ils? Vous les connaissez mieux que moi, car ils sont nos prochains. Ils sont ceux qui près de chez-nous ont besoin de nous. Mais ce n'est pas de ceux là dont je veux parler ici. Je veux parler de nous-mêmes quand nous désespérons d'être secourus dans nos difficulté. Je pense à ceux qui se sentent en désaccord avec eux-mêmes et à ceux qui éprouvent une chute intérieure dont ils ne parlent pas parce qu'ils ne la comprennent pas ou parce qu'elle fait partie de leurs jardins secrets où ils ne laissent personne entrer. Je pense à ceux qui ne savent pas trouver le sens de leur vie et qui ne sont pas satisfaits du cours que prennent les choses dans leur existence. Je pense à ceux qui se fourvoient, parce qu'ils font semblant de croire qu'une vie réussie est une vie couronnée d'honneurs et de privilèges, et qui considèrent que la réussite sociale est un cadeau du ciel si non de Dieu!

C'est pour tous ceux-là aussi que Jésus reçoit vocation d'intervenir dans leur vie. Il est capable de mettre du baume sur les parties douloureuses et il ouvre devant les pas de chacun une perspective d'espérance. Prenez donc le temps de laisser Jésus naître dans vos âme, ouvrez-lui votre cœur pour qu'il s'en empare. Cela prend du temps, cela demande parfois du renoncement. Cela demande que l'on se remette à prier, même si on ne sait plus faire. Mais nous savons aussi qu'il suffit de le désirer pour que Jésus fasse le reste.


C'est alors que le mystère de la prière personne prend toute sa signification et son efficacité. Elle permet de s'ouvrir au Seigneur pour qu'il prenne en charge nos chutes. C'est alors, que sans que nous nous en rendions compte il commence à transformer notre vie et à nous ressusciter. Ainsi s'ouvre devant nous le programme d'une vie nouvelle habitée par Jésus et joyeusement ouverte à Dieu.


(1) Je vous renvoie à l'excellente émission: l'Apocalypse, qui hélas vient de s'achever, et qui relate le rôle désastreux que ces querelles ont joué dans l’Église naissante. Mais vous pouvez les retrouver dans le livre de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur : Jésus sans Jésus le Seuil

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