jeudi 17 janvier 2013

Luc 5:1-11


Luc 5 : 1-11 La pêche miraculeuse  Dimanche  10 février 2013

1 Comme la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu, et qu'il se tenait près du lac de Génésareth, 2 il vit au bord du lac deux bateaux d'où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. 3 Il monta dans l'un de ces bateaux, qui était à Simon, et il lui demanda de s'éloigner un peu du rivage. Puis il s'assit, et du bateau il instruisait les foules.
4 Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance en eau profonde, et jetez vos filets pour pêcher. 5 Simon lui répondit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre. Mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. 6 L'ayant fait, ils prirent une grande quantité de poissons : leurs filets se déchiraient. 7 Ils firent signe à leurs associés qui étaient dans l'autre bateau de venir les aider. Ceux-ci vinrent et remplirent les deux bateaux, au point qu'ils enfonçaient. 8 Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus et dit : Seigneur, éloigne-toi de moi : je suis un homme pécheur. 9 Car l'effroi l'avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu'ils avaient faite. 10 Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les compagnons de Simon. Jésus dit à Simon : N'aie pas peur ; désormais ce sont des êtres humains que tu prendras. 11 Alors ils ramenèrent les bateaux à terre, laissèrent tout et le suivirent.

 Jean 21 : 1-11
1 Après cela, Jésus se manifesta encore aux disciples, à la mer de Tibériade. Voici comment il se manifesta.
2 Simon Pierre, Thomas, celui qu'on appelle le Jumeau, Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples étaient ensemble. 3 Simon Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous venons avec toi, nous aussi. Ils sortirent et montèrent dans le bateau ; cette nuit-là, ils ne prirent rien.
4 Le matin venu, Jésus se tint debout sur le rivage ; mais les disciples ne savaient pas que c'était Jésus. 5 Jésus leur dit : Mes enfants, avez-vous quelque chose à manger ? Ils lui répondirent : Non. 6 Il leur dit : Jetez le filet à droite du bateau, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc ; et ils n'étaient plus capables de le retirer, tant il y avait de poissons. 7 Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C'est le Seigneur ! Quand Simon Pierre eut entendu que c'était le Seigneur, il attacha son vêtement à la ceinture — car il était nu — et il se jeta à la mer. 8 Les autres disciples vinrent avec la barque, en traînant le filet plein de poissons, car ils n'étaient pas loin de la terre, à deux cents coudées environ.
9 Lorsqu'ils furent descendus à terre, ils voient là un feu de braises, du poisson posé dessus, et du pain. 10Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre. 11 Simon Pierre monta dans le bateau et tira à terre le filet, plein de cent cinquante-trois gros poissons ; et quoiqu'il y en eût tant, le filet ne se déchira pas.


Que  d’aventures, que d’événements ne se sont-ils pas déroulés au bord de ce lac mythique de Génésareth. Jésus aimait s’asseoir sur  les pentes douces de la colline dominant ses berges,  et c’est là qu’il donna ses premiers enseignements.  En se promenant  sur les bords du rivage,  le chercheur de Dieu trouvera à coup sûr l’empreinte de Jésus sur le sable et il reconnaîtra son embarcation parmi les barques  attachées sur le rivage, car c’est là que l’Evangile est né, c’est là aussi que la première église a trouvé ses premiers fondements.

Le promeneur  verra le Seigneur s’attarder  au bord du rivage marchant au bord de l’eau, à moins qu’il ait l’impression qu’il marche sur l’eau tant  les images deviennent irréelles quand le soir arrive.  A la tombée du jour, Jésus ne sera plus qu’une silhouette qui se détache à peine sur l’horizon.  C'est alors  que l’eau se met à  s’agiter  comme tous les soirs. Parfois cependant, le vent se lève, la houle s’amplifie,  la tempête menace.  La barque bousculée par les flots peine contre le vent et ceux qui avaient  embarqués prennent peur. Mais il suffit que Jésus mette le pied  à bord pour que le calme se fasse. Il se peut même qu'il se soit  déjà embarqué  sans que personne ne le sache et qu ’il dorme paisiblement couché  sur  un coussin tandis que  le navire prend de la gite.

Les Evangélistes  se sont  souvenus  qu’une autre fois, Jésus organisa un pique-nique  fantastique  sur ce même rivage. On en  on a gardé  le souvenir pendant longtemps. Chacun avait tiré ses provisions de son sac et les avait partagés avec les autres et Jésus les avait bénis.  

Ces mêmes  auteurs n’ont pas oublié  tous ces moments passés avec lui. C’est en les racontant  qu’ils ont donné ses premiers contours à l’Eglise naissante et qu’ils ont formulé des consignes pour les églises à venir !  Les églises à venir avez-vous dit ? Pourquoi pas ! N’avez-vous pas remarqué qu’il y avait deux barques,  et la barque n’est-elle pas le symbole de l’Eglise ? Et là il y en a deux. Affaire à suivre.

La personne de Jésus au bord du lac est si présente qu’il semble faire partie du paysage tant les Evangile nous l’ont rendu familier. Le récit de ce jour  évoque un jour de pêche mémorable. Par une belle matinée, la foule se bouscule  tellement autour de Jésus, qu'il est pressé par les uns et bousculé par les autre. Personne n’a   vraiment d’ égard pour sa personne. Il   a   déjà les pieds   dans le lac. Il  ne peut  se faire entendre.  Il  doit se réfugier sur une barque pour ne pas tomber à l’eau.

C’était la barque de Simon, le patron pêcheur, le futur Pierre. Jésus s’installe confortablement, il s’assied pour être plus stable et aussi parce que c’est assis que l’usage veut que l’on fasse les discours. Il parle d’abondance et tous sont séduits. Il esquisse les premiers traits de la future église  comme un lieu de libre parole. En lisant le récit de cette aventure les membres de l’Eglise, bien plus tard  comprendront  que Jésus a besoin de la participation de chacun pour que son Evangile devienne réalité.

 Mais Jésus sur sa barque montre qu’il n’est pas seul à l’œuvre.  Pour que sa parole puisse porter il faut qu’il reçoive l’aide de Pierre qui bien que fatigué se remet à la manœuvre. Il fait avancer le bateau  en pleine eau pour être à une  distance  raisonnable de la foule et pour ne pas d'être  étouffé par elle, mais il est assez près tout de même pour que la parole amplifiée par l’eau puisse atteindre chacun.

Jésus  se tait au bout d’un moment. Mais ce n’est pas fini. Il remet les marins  au travail. Ils  n’ont pas perdu leur temps  pendant qu’il parlait. Selon l’Evangile de Luc ils ont  lavé leur filet,  selon les autres Marc et Matthieu,  ils les ont  réparés. Disons qu’ils se sont  préparés,   ainsi que leur filet pour donner suite aux  événements car Jésus va  avoir besoin de ces hommes et de leur  filet.    A contre cœur,  ils obéissent à Jésus qui les mobilise pour une nouvelle action.  A nouveau ils  vont peser sur les rames, et  jeter leur filet à l’endroit indiqué.

Il est curieux de constater que les Chrétiens renâclent quand Jésus les met au travail. Ils ont rarement envie de faire ce que Jésus souhaite qu’ils fassent. Aujourd’hui, les Eglises donnent plutôt dans le cultuel, dans le culturel aussi, dans le social parfois. Elles répugnent à s’engager ailleurs. Elles veulent rester dans le politiquement correcte, et elles font la sourde oreille et plaident leur incompatibilité ou leur incompétence quand il s’agit d’avoir un discours subversif ou des attitudes provocantes.

Quoi qu’il en soit de leurs réticences, le miracle se produit quand même. Cet épisode a tellement marqué les esprits qu’il a été repris dans l’Evangile de Jean qui l’a complètement transformé. Il en a fait un événement central de la résurrection sous l’influence de laquelle les disciples remplis d’enthousiasme se sont mis  à réaliser par eux-mêmes le miracle prévu par Jésus. Ils étaient  venus à la pêche pour palier à leur morosité et à leur marasme plus que par nécessité. La vue du ressuscité les a complètement transformés. Elle   a provoqué en eux un dynamisme tellement surprenant qu’ils ont été projetés sur les routes du monde. A partir de ce moment ils n’auront plus qu’un seul souci, celui de  donner aux hommes l’envie de vivre. C’est ainsi qu’ils sont devenus  pêcheurs d’hommes  comme Jésus leur en avait fait la promesse de son vivant, jadis  sur les bords de ce lac.

Le miracle ne  relève pas tellement du prodige à cause  d’une pêche particulièrement fructueuse qui est à l’origine du récit rapporté d’abord par Luc et modifié ensuite par Jean, mais il consiste à transformer des hommes passifs en  acteurs capables de donner l’envie de vivre aux autres  sous la conduite de Dieu.

Mais ce n’est pas tout.  Pour que le miracle puisse  se produire il a fallu le concours d’une deuxième barque qui est venue en aide à la première. On avait signalé sa présence dès le début de l’histoire, mais on n’avait pas dit qui était dans cette deuxième embarcation. C’étaient les fils de Zébédée. Il faut entendre par là Jacques et Jean. Le récit de l’Evangile de Jean ne mentionne pas cette autre embarcation, et les autres évangiles, ceux de Marc et de Matthieu s’ils parlent d’une autre barque ne font aucune allusion au miracle. Il y a sans doute ici,  sous-jacent,  un problème d'une autre nature ! Mais avant de l’aborder, regardons avec quelle minutie  la technique de pêche est rapportée.

Les hommes de la première barque font signe à ceux de la deuxième de les rejoindre.  Ils ne les hèlent pas comme des amateurs pourraient  le faire parce qu'il ne faut pas faire de bruit afin de  ne pas faire fuir le poisson. Les autres s’approchent donc  avec précaution et pour que le filet ne se  rompe pas, ils ne le sortent pas de l'eau mais  ils déversent directement le contenu  dans les barques qui enfoncent  tant la charge est lourde.  L’auteur de l’Evangile de Jean ne prend pas les mêmes précautions. Il se contente de dire que Pierre tire le filet à terre au risque justement de perdre une partie du produit de la pêche, mais il ne se rompt pas.

Ce récit  tel que le raconte Luc  avec art, semble être pris sur le vif, pourtant nous savons que plus de quarante ans séparent le  moment où il a été écrit du moment où il s’est produit. La manière de le raconter reflète  certainement l’atmosphère de l’époque où il a été rédigé, mais l’habileté du narrateur fait que le lecteur ne s’en rend pas compte.  A ce moment-là, de profondes dissensions avaient déjà creusé des brèches dans l’unité de l’Eglise naissante.  « La grande église » comme se plaisent à l’appeler les historiens, c’est-à-dire l’église constituée autour du nom de Pierre s’était déjà imposée comme église dominante. Mais l’église dite « judéo chrétienne » issue de la prédication de Jean s’opposait à elle et refusait toute rupture avec les milieux juifs comme l’avait déjà fait l’autre église. Deux tendances s’affrontaient déjà.

Nous avons compris, par le rôle qui est dévolu à Pierre que le  récit de Luc   insiste  sur la prédominance  de la " grande église". Cependant, il  n’accrédite pas   encore  la rupture entre les deux courants. Il présente son récit comme si l’autre partie de l’église, celle qui s’est constituée autour du nom de Jean (1) et qui est identifiée à la seconde barque, fait encore partie de l’église apparemment unie.  Dans le récit de l’Evangile de Jean, sans doute issu des milieux de la deuxième église, on veut oublier la situation conflictuelle, on ne tient pas compte de la division. Ce récit  ne connaît qu’une seule église, mais retire l’autorité à Pierre pour la donner à Jean qui est le  seul à reconnaître le Seigneur ressuscité. Quant à Pierre, il reste  hésitant parce qu’il ne sait pas encore où est la bonne voie pour lui.

En dépit des ruptures qui se préparent, Luc  n’hésite pas  à encourager les diverses factions de l’église à faire front commun face au vaste chantier que représente l’évangélisation du monde à qui il faut donner vie. Ce mot d’ordre qui ne tient pas compte des divisions  doit   traverser les siècles et devenir  le nôtre aujourd’hui. Qu'on se le dise!

(1) Jacques, l’autre fils de Zébédée était mort depuis longtemps ( en 42)


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