Pentecôte :
Actes 2 :1-13 dimanche 19 mai 2013
1 Lorsque arriva le jour de la Pentecôte, ils étaient
tous ensemble en un même lieu. 2 Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme
celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient
assis. 3 Des langues leur apparurent, qui semblaient de feu et qui se
séparaient les unes des autres ; il s'en posa sur chacun d'eux. 4 Ils
furent tous remplis d'Esprit saint et se mirent à parler en d'autres langues,
selon ce que l'Esprit leur donnait d'énoncer.
5 Or des Juifs pieux de toutes les nations qui sont
sous le ciel habitaient Jérusalem. 6 Au bruit qui se produisit, la multitude
accourut et fut bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa
propre langue. 7 Etonnés, stupéfaits, ils disaient : Ces gens qui parlent
ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8 Comment se fait-il que chacun de nous
les entende dans sa langue maternelle ? 9 Parthes, Mèdes, Elamites,
habitants de Mésopotamie, de Judée, de Cappadoce, du Pont, d'Asie, 10 de
Phrygie, de Pamphylie, d'Egypte, de Libye cyrénaïque, citoyens romains, 11 Juifs
et prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons dire dans notre langue les
œuvres grandioses de Dieu ! 12 Tous étaient stupéfaits et perplexes ;
ils se disaient les uns aux autres : Qu'est-ce que cela veut dire ?
13 Mais d'autres se moquaient en disant : Ils sont pleins de vin
doux !
Le
temps passe, l’habitude s’installe, nos vies sont rythmées par le changement
des saisons et chaque changement est marqué par une célébration chrétienne.
Sans doute en avons-nous oublié l’origine, on ne sait même plus très bien ce
que signifient ces célébrations, mais
toutes sont marquées par une sorte de miracle qui nous ouvre à la vie. A Noël, l’hiver est
célébré par la naissance d’un enfant qui annonce le renouveau de la vie. A Pâques le printemps marque sa venue par les
promesses de la résurrection et d’une
vie nouvelle. A Pentecôte, c’est le feu qui descend du ciel, pour donner un sursaut de vie à l’annonce de
l’été. Même si à l’automne les chrétiens se divisent sur le sens à donner à la
fête, c’est encore la vie qui est célébrée. Pour les uns c’est la communion
entre tous les saints à La Toussaint, pour les autres c’est la
redécouverte de la gratuité du salut
offert à tous dans les promesses de l’Évangile lors de la fête de la Réformation.
Partout la vie est à l’honneur pour remplir le cœur des humains d’espérances
toujours nouvelles. Mais avec le temps on s’en fatigue et on oublie toutes les
promesses de vies que ces moments contiennent
Les
croyants, au fil des ans cherchent de la nouveauté dans les messages qu’ils
reçoivent, et reprochent aux prédicateurs de ne plus savoir leur redonner d’espoir.
Mais comment faire preuve d’originalité quand depuis les grands moments de la
Réforme rien ne se passe vraiment ou tout au moins rien ne semble nouveau dans la formulation de la foi. Faute de demander à Dieu de faire
preuve de nouveauté on accuse les
églises de manquer d’originalité.
Pourtant
à Pentecôte c’est bien la nouveauté que l’on célèbre, mais veut-on vraiment de
cette nouveauté qui est annoncée avec éclat? On nous invite à changer notre
mode de relation avec Dieu, mais le voulons-nous vraiment ?
A
Pentecôte, c’est la première fois dans l’histoire que les hommes comprennent
que Dieu veut changer son mode de relation avec eux. Ce n’était pourtant pas nouveau. Depuis que les hommes ont
entrepris de fixer par écrit leur
histoire avec Dieu dans la Bible, cette
volonté de Dieu avait été rendue manifeste, mais elle avait été occultée par les hommes eux-mêmes.
Le
projet de Dieu consiste à opérer un transfert de responsabilité dans leur
relation avec le monde. Dieu en se retirant du monde laisse aux hommes le soin
d’organiser son évolution en ayant pour seul guide son seul esprit pour
orienter leurs entreprises. Encore faut-ils qu’ils acceptent de jouer le jeu.
De
mémoire d’homme tout a commencé quand un peuple opprimé par un autre a décidé
de ne plus se laisser faire. L’idée
qu’ils avaient droit à la liberté ne
leur venait sans doute pas
d’eux-mêmes, cela leur venait certainement d’ailleurs ! Était-ce la
première manifestation de l’esprit de Dieu dans la société des hommes ?
Sans doute !
Pour
y arriver, il fallait qu’ils le veuillent et qu’ils prennent leur destin en
main. Les bases d’une nouvelle relation à Dieu étaient jetées. La réussite de leur entreprise était liée à
leur action et non pas à l’attente d’un éventuel miracle que Dieu voudrait bien leur accorder. Même si les choses n’ont pas toujours été présentées ainsi, elles se sont réalisées parce que ce peuple s’est levé, s’est mis en marche et
à entrepris de collaborer à sa propre libération. C’est l’histoire de la sortie
des Hébreux hors Égypte sous la conduite de Moïse. La Bible nous raconte
leurs échecs successifs. Mais
l’endurance, la persuasion, l’action de l’esprit de Dieu qui ne cessa de
souffler sur eux eurent raison de leurs oppresseurs.
L’histoire
était lancée, l’idée faisait son chemin et la collaboration de Dieu était
assurée pour ceux qui acceptaient de prendre leur destin en main. Mais si la
machine était mise en route, le moteur avait des ratées. La Bible contient
quantité de ces récits où l’enthousiasme et l’espérance des uns étaient
contrecarrés par la violence et la méchanceté des autres, car c’était sans
compter sur le mal qui s’installe dans le cœur des hommes et fait capoter les
meilleurs projets.
On
aurait cru qu’avec le passage éclair de Jésus sur terre ( 3 ans à peine) et sa
mort épouvantable, l’esprit d’entreprise que Dieu avait mis au cœur des hommes
dès l’origine était définitivement anéanti. Détrompez-vous, c’est juste le
contraire qui se produisit et c’est là le miracle de Pentecôte. Le moteur de
l’espérance se remit en marche, car Dieu inspira à cette occasion le secret du
bon carburant pour relancer la machine. Il fut découvert dans l’Evangile de
Jésus, c’est l’esprit de fraternité, autrement dit l’amour entre les hommes
dont la présence constante dans
l’enseignement de Jésus avait attiré sur lui la haine puis entraîné sa mort.
« Aime
ton prochain comme toi-même » ! Ce n’était pas nouveau, avant d’en
faire la règle de son Evangile, Jésus l’avait trouvé dans les textes même de la
Loi de Moïse. C’est dire que ce message était contenu dans l’Ecriture depuis
son origine. Curieusement à Pentecôte l’esprit venu d’en haut a réveillé dans
le cœur des hommes apeurés le désir d’entreprendre avec pour première règle
celle de l’amour, du respect du prochain, du partage et de la fraternité.
Remplie de ce précieux carburant indispensable, l’Eglise pouvait entrer dans un long projet de vie inspirée par son
Seigneur que l’Esprit Saint maintenait vivant parmi ses disciples. Ils étaient
bien décidés à changer le monde par l’amour qui désormais les habitait. Curieusement
cela ne leur prit que 3 siècles.
Ce
ne fut pas si facile. L’esprit du monde ne laissa pas les choses se faire, et
c’est toujours lui qui vient se mettre en travers des meilleurs projets que le
Seigneur nous inspire. L’Esprit du monde, c’est celui qui consiste à croire que
la raison du plus fort est toujours la meilleure. Il vient contrecarrer les
projets que Dieu inspire aux hommes.
Suivant les temps et les moments, suivant la paresse des croyants à se tourner
vers Dieu dans la prière, suivant la lassitude du moment, les choses avancent
d’une manière chaotique.
Si
telle est désormais la clé de l’avenir,
qui consiste à agir sous l’inspiration de l’esprit de Jésus, nous ne
pouvons y participer que si nous mettons
joyeusement à la disposition de la collectivité tous les dons que nous
avons reçus et que Dieu a mis à notre disposition pour que nous collaborions au
mieux-être de tous. Nos dons sont de différentes natures car le monde est fait
d’individus différents appelés à se compléter sans qu’aucun d’entre eux ne se
croie investi du pouvoir de dominer les autres à cause des dons qui reposent
en lui. Dieu fait confiance à notre liberté pour que nous sachions au mieux les
faire valoir pour que la collectivité où nous agissons se développe avec harmonie.
Certes
les rumeurs que l’actualité fait monter vers nous étouffent l’enthousiasme qui
émane des récits de Pentecôte. Mais si ces rumeurs portent atteinte à notre
moral, elles n’étouffent pas la voix de
Dieu qui nous exhorte à mettre encore plus d’audace, plus d’amour, plus de
partage au service de tous ces prochains qui aujourd’hui semblent privés
d’espérance. Mais l’espérance demeure dans notre ligne de mire. Dieu en fait la
marque de notre avenir, il nous rappelle
qu’il a mis en nous cet esprit d’entreprise dont le monde a besoin qui nous
stimule pour que nous en usions.
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