mardi 18 août 2009

Les Ecritures doivent devenir Parole pour être entendues Marc 7/31-37 dimanche 6 septembre


Marc 7/31-37

31Il sortit du territoire de Tyr et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le territoire de la Décapole. 32On lui amène un sourd qui a de la difficulté à parler, et on le supplie de poser la main sur lui. 33Il l'emmena à l'écart de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, cracha et lui toucha la langue avec sa salive ; 34puis il leva les yeux au ciel, soupira et dit : Ephphatha — Ouvre-toi ! 35Aussitôt ses oreilles s'ouvrirent, sa langue se délia ; il parlait correctement. 36Jésus leur recommanda de n'en rien dire à personne, mais plus il le leur recommandait, plus ils proclamaient la nouvelle. 37En proie à l'ébahissement le plus total, ils disaient : Il fait tout à merveille ! Il fait même entendre les sourds et parler les muets.



La parole est d’argent, mais le silence est d’or.Pour Jésus, ce dicton n’exprime pas la sagesse dont il se réclame. Il donne priorité à la parole, car c’est par la parole que Dieu se révèle et c’est par la parole que se transmet sa volonté. C’est par sa Parole nous dit la première page de la Bible que le monde fut créé. Pour être fidèle à notre Dieu nous devons être attentifs au fait que la Parole doit prendre priorité sur l’Ecrit.

La tradition, mille fois répétée a figé les Eglises Chrétiennes dans l’ordre de l’Ecrit. On les classe parmi les religions du Livre. Les Chrétiens et en particulier les Chrétiens protestants se considèrent même comme un peuple fidèle à l'Ecriture. Ils ne sont pas forcément dans le vrai. L’Ecriture n’est qu’un support à la parole et Dieu se manifeste par la Parole et non pas par l’Ecrit.

Depuis que l’imprimerie a rendu le texte écrit accessible à tout le monde, on a tendance à croire que c’est le texte écrit qui a autorité et que la tradition n’est que le fait des peuples primitifs, sans connaissance suffisante pour écrire et lire. Au regard de Dieu il n’en est rien. C’est par le mode oral que Dieu a décidé de se manifester et de se révéler : « Dieu dit et la chose fut »

Notre propension a ne donner de valeur qu’au texte écrit a contribué à le figer et à le fixer à tout jamais sur le parchemin, le papier ou le marbre. Cette habitude nous empêche de recevoir la Parole d’une manière vivante, puisqu’elle est rendue immuable par le fait qu’elle a été fixée à tout jamais sur un support. Ainsi figée la Parole n’est plus évolutive et Dieu se trouve enfermé dans un sanctuaire de papier comme il était jadis enfermé dans un sanctuaire de pierres. On ne cherche plus à entendre Dieu autrement que par l’assimilation de textes écrits qui ont été reçus à une époque précise et qui est devenue normative pour l’éternité.

C’est au nom de ce principe que certaines églises excluent les femmes du ministère de la parole parce qu’il a paru sage de le faire, il y a 2 mille ans dans un contexte totalement différent du nôtre. La Parole ainsi figée dans le passé risque de devenir inaudible dans notre temps. C’est sur ce même principe que l’on a érigé les doctrines de l’apartheid et de la ségrégation raciale et c’est encore à partir de ce principe aujourd’hui que l’on se demande si l’on doit accueillir pleinement les homosexuels dans l’Eglise ou si l’on doit leur faire une place à part. Que d’injustices n’ont-elles pas été commises au nom du texte écrit, alors qu’on ne s’était pas donné la peine d’entendre la Parole d’une manière vivante et que l’on a préféré s’enfermer dans le texte écrit.

La vraie question est de savoir comment entendre la Parole de Dieu, tout en restant fidèle au texte écrit qui nous la transmet. Il me semble aujourd’hui que c’est sur des clivages de cette nature que se joue l’avenir du Christianisme et non pas sur les clivages hérités de l’histoire, tels que ceux qui opposent les catholiques et les protestants.

C’est sur des questions aussi importantes que celles que j’ai évoquées que se situe la portée de ce texte. Le miracle apparemment banal qui nous est rapporté ici, pose le problème de l’importance de la Parole entendue et transmise. Il place Jésus au centre de ce processus et semble nous dire qu’on ne peut entendre la Parole de Dieu que si Jésus intervient pour qu’elle devienne audible et que nous puissions ensuite la transmettre correctement.


On amène à Jésus un sourd qui a de la difficulté à parler. D’où vient-il, nul ne le sait car l’itinéraire proposé ici est trop flou pour avoir une signification géographique précise. En effet, on ne peut pas quitter Tyr et revenir par Sidon pour aller vers la mer de Galilée en traversant la Décapole. Prenez une carte, essayez d’en dégager un itinéraire, vous verrez que la chose est impossible. Cet anonyme qui vient de nulle part pourrait bien être l’un ou l’autre d’entre nous, car nous aussi nous sommes tous victimes de mauvaise audition. Si nous croyons pouvoir entendre, nous sommes la plupart du temps incapables d’écouter. Quant à notre Parole elle n’est pas toujours comprise comme nous le voudrions, il est donc souhaitable que ce qui arrive dans ce miracle à cet inconnu puisse nous arriver à nous aussi.


La suite du récit se passe dans l’intimité avec Jésus. Il le prend à part, loin des hommes et Jésus s’approprie son infirmité. Il lui met les doigts dans les oreilles et met sa propre salive au contact de sa langue. C’est sans doute un geste qui nous dégoûte un peu, mais qui nous dit clairement que Jésus s’est approprié la bouche de cet homme comme on le fait dans un baiser, aussi trivial peut être que ce que les Anglo-saxons appellent un « french kiss »


C’est alors que, pour la première fois depuis le début de ce récit que Jésus parle. Il est sobre dans ses propos, il ne donne pas un long enseignement, il prononce un seul mot : « ephphata », c’est à dire ouvre-toi. Ses yeux se tournent vers le ciel et il soupire si bien qu’on ne sait pas qui va s’ouvrir ? est-ce le ciel, les oreilles de l’infirme ou sa bouche ? Pourquoi choisir. Il est certain que la bouche et les oreilles retrouvent leur fonction, mais c’est aussi le ciel qui s’ouvre et qui est étroitement mis en relation avec la bouche et les oreilles de cet homme. En même temps qu’il peut communiquer avec les hommes il est placé dans la possibilité de communiquer avec Dieu.


Quand Jésus prend un homme en charge il le régénère complètement ! Cet homme n’est pas seulement un infirme qui retrouve les facultés dont il était privé. C’est l’être tout entier qui est mis en communication avec Dieu. Il est désormais capable d’entendre ce qui vient d’en haut, mais il est aussi capable de dire ce qu’il a entendu et de le dire clairement. Nous ne sommes plus sur le registre du miracle qui émerveille les foules et qui fait parler les bavards, nous sommes sur le registre de la conversion qui consiste à être pris en charge par Jésus pour entrer en communication avec Dieu afin que sa Parole devienne vivante.


La merveille ne réside pas dans le miracle mais dans le fait que Jésus soit capable de rétablir la communication avec Dieu. Jésus, une fois de plus, apparaît comme celui qui rend Dieu accessible.


C’est maintenant qu’il faut alors élargir la portée de ce passage et comprendre que c’est Jésus qui rend la présence de Dieu perceptible et la parole de Dieu audible. Il ouvre les oreilles de celui qui ne sait pas entendre, Il ouvre la bouche de celui qui ne sait pas parler. Il ouvre aussi les Ecritures qui prennent du sens et qui devienne vivante part sa seule présence.


Jésus se tient ainsi sur le chemin de quiconque aspire à être ouvert à Dieu. Par son souffle, il peut ouvrir le ciel, il peut ouvrir les Ecritures, il peut aussi ouvrir notre intelligence afin que la Parole Ecrite devienne une Parole de Vie. Nul ne peut s’approprier le texte biblique s’il ne prend soin, avant sa lecture, de se laisser ouvrir le cœur, l’esprit, l’oreille et l’intelligence par Jésus qui provoquera pour lui une ouverture des Ecritures qui pourront être reçues alors en plénitude comme Parole de Dieu.

mardi 11 août 2009

La vérité sur Dieu et sur l'homme Marc 7:1-23 dimanche 30 août 2009






Marc 7/1-23


1 Les pharisiens et quelques scribes venus de Jérusalem se rassemblent autour de lui. 2 Ils voient quelques-uns de ses disciples manger avec des mains souillées, c'est-à-dire non lavées. 3— Or les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s'être soigneusement lavé les mains, parce qu'ils sont attachés à la tradition des anciens. 4 Et, quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu'après avoir fait les ablutions rituelles. Ils sont encore attachés à beaucoup d'autres observances traditionnelles, comme le bain rituel des coupes, des cruches, des vases de bronze et des sièges. — 5 Les pharisiens et les scribes lui demandent : Pourquoi tes disciples mangent-ils avec des mains souillées, au lieu de suivre la tradition des anciens ?

6 Il leur dit : Esaïe a bien parlé en prophète sur vous, hypocrites, comme il est écrit :
Ce peuple m'honore des lèvres,
mais son cœur est très éloigné de moi ;
7 c'est en vain qu'ils me rendent un culte,
eux qui enseignent comme doctrines
des commandements humains.
8 Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous vous attachez à la tradition des humains. 9 Il leur disait : Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu pour établir votre tradition. 10 Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère, et : Celui qui parle en mal de son père ou de sa mère sera mis à mort. 11 Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : « Ce que j'aurais pu te donner pour t'assister est korbân — un présent sacré » 12— vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère ; 13 vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous avez transmise. Et vous faites bien d'autres choses semblables.

14 Il appela encore la foule et se mit à dire : Ecoutez-moi tous et comprenez. 15Il n'y a rien au dehors de l'être humain qui puisse le souiller en entrant en lui. C'est ce qui sort de l'être humain qui le souille. [ 16]
17 Lorsqu'il fut rentré à la maison, loin de la foule, ses disciples l'interrogèrent sur cette parabole. 18 Il leur dit : Etes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui, du dehors, entre dans l'être humain ne peut le souiller ? 19 Car cela n'entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, avant de s'en aller aux latrines. Ainsi il purifiait tous les aliments. 20 Et il disait : C'est ce qui sort de l'être humain qui le souille. 21 Car c'est du dedans, du cœur des gens, que sortent les raisonnements mauvais : inconduites sexuelles, vols, meurtres, 22 adultères, avidités, méchancetés, ruse, débauche, regard mauvais, calomnie, orgueil, déraison. 23 Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et souillent l'être humain.



Que de crimes n'ont-ils pas été commis au nom de la vérité! Combien d'hommes et de femmes n'ont-ils pas perdu la vie parce qu'ils n'étaient pas en accord avec la vérité telle qu'elle était perçue à l'époque où ils vivaient! Depuis toujours, certains hommes se sont érigés en censeurs de leurs frères au nom de la vérité et en particulier de la vérité sur Dieu.

Mais sur quoi s’appuie-t-on pour savoir quelle est la vérité sur Dieu ? Elle repose semble-t-il sur la tradition que les hommes se transmettent de générations en générations et qui porte en elle le contenu de ce que l’on croit être la vérité sur Dieu. Elle s’appuie sur l’expérience des plus anciens témoins qui a été confirmée par l’expérience de ceux qui les ont suivis et qui ont ainsi créé une chaîne sans fin qui remonte à des origines qui se perdent dans la nuit des temps pour parvenir jusqu’à nous.

De grands événements tels que le don de la loi au Sinaï ou la résurrection de Jésus viennent apporter des fondements solides à cette tradition. Mais si on perd la trace des premiers témoins tels Abraham ou les patriarches, les générations qui leur ont succédé sont devenues de plus en plus fiables à mesure que l’on se rapproche de la nôtre.



Evidemment, au cours des siècles, certains témoins ont apprécié différemment des autres, les témoignages reçus. Ils ont même discrédité, parfois à juste titre, les témoins qui les précédaient et cela a donné les schismes et les divisions que l’on connaît aujourd’hui. Mais tous, avec les nuances que l’on vient de formuler étaient les témoins de la vérité sur Dieu. En dépit de ce que je vais dire par la suite, je m’inscris moi aussi dans cette longue lignée de ceux qui se veulent témoins de la vérité sur Dieu.

Cependant, si on se réfère à l’enseignement que Jésus donne au chapitre 7 de l’Evangile de Marc qui sert de support à ce sermon, il n’est pas sûr que Jésus donnerait son approbation à la notion de vérité sur Dieu telle que j’ai essayée de la définir. Jésus semble ne pas reconnaître à la tradition la vertu de transmettre la vérité sur Dieu. Il la récuse même au nom de la faculté de notre cœur à discerner la vérité. Il donne au cœur de l’homme une fonction déterminante pour discerner les voies de Dieu. C’est aussi le cœur de l’homme qui a capacité à nous détourner de Dieu et non le manquement à la tradition.

Jésus s’en prend donc à la pratique de ses contemporains qui bâtissaient leur vérité sur Dieu à partir de la tradition. Ils s’appuyaient sur les règles de piété définies par Moïse dans la stricte observance des lois sur le pur et l’impur. Déroger à la règle correspondait à une offense à Dieu qui l’avait instaurée par la voix du patriarche. Ses écrits étaient contenus dans la loi, dictée par la bouche de Dieu lui-même et pieusement conservée dans l’arche de l’Alliance, elle-même déposée dans le lieu Très saint du sanctuaire du Temple de Jérusalem. C’est donc à ce monument de la tradition qui réglait toute la vie de la communauté que s’en prenait Jésus au nom même de la vérité sur Dieu.

En fait Jésus ne s’en prenait pas vraiment aux règles du pur et de l’impur. Il ne leur reconnaissait pas de qualités susceptibles de transmettre des vérités sur Dieu. Jadis, la tradition sur laquelle Moïse et ses successeurs s’étaient appuyé, avait inscrit dans les nécessités religieuses les règles d’hygiène que l’expérience leur avait apportée : nécessité de se laver les mains avant de manger, interdiction de consommer de la viande de porc, circoncision des garçons et des centaines d’autres obligations… Toutes ces règles avaient pour but de préserver la vie. Dieu étant le Dieu de la vie, il était normal qu’il ait autorité sur les règles alimentaires, mais celles-ci n’avaient cependant aucune qualité pour dire quoi que ce soit sur la nature de Dieu ni sur ses exigences. Si le fait de ne pas manger de viande de porc était une prescription qui permettait de ne pas tomber malade, elle était bonne, mais en quoi servait-elle la cause de Dieu ? Si les règles alimentaires favorisaient la santé des hommes et que leur non-respect pouvait les rendre malades, cela ne pouvait en aucun cas les rendre mauvais ! ou irrespectueux de Dieu !

Quand les hommes sont mauvais et font du mal aux autres, ce n’est pas ce qu’ils mangent qui les rend mauvais, c’est ce qu’ils fomentent dans leur cœur, c’est ce qu’ils manigancent dans leur tête. C’est leur cupidité et leur avarice qui les rend mauvais. Cela vient du plus profond d’eux-mêmes. C’est là aussi que Dieu se plaît à nous visiter, et c’est en combattant avec nous contre nos mauvais penchants qu’il se révèle à nous comme notre « libérateur »

Si ce qui est mauvais en nous vient du plus profond de nous-mêmes, cela veut dire que chacun de nous est responsable de ce qu’il y a de mauvais en lui. S’il y a donc en lui la possibilité de provoquer des actions mauvaises, il y a aussi en lui la possibilité de provoquer des actions bonnes. Il est important de le dire, même si on est enclin à faire dire le contraire aux psy. de tout genre. Pour mener le combat contre nos penchants destructeurs, nous ne sommes pas seuls, c’est là que Dieu nous rejoint.

Dieu en prenant place en nous nous accompagne dans notre combat contre ce qui est mauvais et peut nous rendre meilleurs si nous le laissons faire. Ce combat se mène avec lui dans les parties secrètes de notre cœur qui restent invisibles à tout observateur de l’extérieur. Nul ne sait, en nous regardant, si nous sommes habités par Dieu. Ce serait une erreur de croire que parce que nous respectons les règles que la tradition nous a apportées, nous sommes habités par Dieu. Nul ne sait quelle est l’action de Dieu dans notre fort intérieur car ça ne se voit pas.

Or la curiosité malsaine des hommes voudrait que ça se voie. Si les règles alimentaires ont été proscrites dès le début du christianisme, d’autres traditions, toutes aussi incisives, se sont lentement imposées comme une nouvelle tradition dont le respect serait garant de la foi qui habitent les croyants. C’est ainsi que le respects de certaines règles et des pratiques sont requis pour faire figure de « bons chrétiens », si bien que du pur et de l’impur, on est passé du « visible au non visible » car selon nos critères il est nécessaire que la foi se voie.

C’est toujours un souhait de beaucoup de croyants de penser que ce qui est visible dans l’attitude des croyants serve de critère essentiel pour témoigner de la foi en Dieu. On pense que l’exemple de sa propre piété doit forcément amener ceux qui nous observent à se convertir et à croire en Dieu.

En fait, cela ne marche pas comme ça, car c’est au fond du cœur de l’homme que l’action de Dieu porte ses fruits. Personne n’a la possibilité d’accéder au cœur des autres, par contre, l’effet contraire peut se produire. Les mauvaises actions de ceux qui croient témoigner de Dieu en extériorisant leur foi peuvent nuire à l’action de Dieu dans le cœur des autres et créer des blocages tels qu’ils peuvent se détourner de Dieu.

Loin de mettre en cause les effets positifs des règles apportées par la tradition, Jésus nous rappelle que la seule chose nécessaire en matière de foi est celle qui se vit dans l’intériorité de son cœur. Il nous rappelle que c’est dans le secret de notre vie intérieure que se vit la réalité de la foi et que nul ne peut s’ériger en juge de la foi des autres et étayant son jugement uniquement sur ce qu’il voit.








Pagnol a fait dire au curé de Manon des Sources un sermon qui à sa manière va dans le même sens.
La source ne donne plus d’eau et Monsieur le curé fait alors son sermon, du haut de sa chaire.
...Quand j’étais jeune, nous avions un cousin qui s’appelait Adolphin, dit-il. Il ne venait jamais nous voir, ni pour les fêtes ni pour les naissances, même pas pour les mort,. mais de temps en temps, j’entendais mon père qui disait : "Tiens, voilà Adolphin qui s’amène ! Il doit avoir besoin de quelque chose !"...
Au moment de partir, quand il avait embrassé tout le monde, il disait : "A propos Félicien, tu n’aurais pas une charrue de reste ?"... Ou alors, son cheval avait des coliques. Mon père ne refusait jamais, mais je l’ai souvent entendu dire : "L’Adolphin, c’est pas un beau caractère !"...
Eh bien mes amis, ce que vous faites aujourd’hui au bon Dieu, c’est le coup de l’Adolphin ! Il ne vous voit presque jamais, et brusquement vous arrivez les mains jointes, le regard ému, tout estransinés de foi et de repentir.
Allez... allez...bande d’Adolphins !...
Le Bon Dieu, Il n’est pas naïf ! Il sait bien que vous êtes là parce que la source ne coule plus ! …Ces prières que vous avez la prétention de Lui faire entendre, ce sont des prières pour les haricots, des oraisons pour les tomates, des alléluias pour les topinambours, des hosannas pour les coucourdes !
Allez, tout ça, c’est des prières adolphines : ça ne peut pas monter au ciel, parce que ça n’a pas plus d’ailes qu’un dindon plumé !"

Marcel Pagnol

Les illustrations sont de Pierre Yves Trémois : pour la naissance du surhomme : l'Apocalypse

mercredi 5 août 2009

Notre confession de foi Josué 24:1-18 dimanche 23 août 2009





Josué Chapitre 24



Alliance solennelle à Sichem


1 Josué rassembla toutes les tribus d'Israël à Sichem ; il convoqua les anciens d'Israël, ses chefs, ses juges et ses secrétaires ; ils se tinrent debout devant Dieu. 2 Josué dit à tout le peuple : Ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël : Vos pères, Térah, père d'Abraham et père de Nahor, habitaient autrefois de l'autre côté du Fleuve et ils servaient d'autres dieux. 3 J'ai pris Abraham, votre père, de l'autre côté du Fleuve et je lui ai fait parcourir tout Canaan ; j'ai multiplié sa descendance et je lui ai donné Isaac. 4 J'ai donné à Isaac Jacob et Esaü. J'ai donné en possession à Esaü la région montagneuse de Séir, mais Jacob et ses fils sont descendus en Egypte. 5 J'ai envoyé Moïse et Aaron, et j'ai frappé l'Egypte par les fléaux que j'ai produits en son sein ; puis je vous en ai fait sortir. 6 J'ai fait sortir vos pères de l'Egypte, et vous êtes arrivés à la mer. Les Egyptiens ont poursuivi vos pères à la mer des Joncs, avec des chars et leurs attelages. 7 Quand ils ont crié vers le SEIGNEUR, il a mis des ténèbres entre vous et les Egyptiens ; il a ramené sur eux la mer, et elle les a recouverts. Vos yeux ont vu ce que j'ai fait contre l'Egypte. Et vous avez habité longtemps dans le désert. 8 Je vous ai conduits au pays des Amorites qui habitaient en Transjordanie, et ils vous ont fait la guerre. Je vous les ai livrés, vous avez pris possession de leur pays et je les ai détruits devant vous. 9 Balaq, fils de Tsippor, roi de Moab, a fait la guerre à Israël. Il a fait appeler Balaam, fils de Béor, pour vous maudire. 10 Mais je n'ai pas voulu écouter Balaam ; c'est une bénédiction qu'il a prononcée sur vous, et je vous ai délivrés de sa main. 11 Vous avez passé le Jourdain et vous êtes arrivés à Jéricho. Les maîtres de Jéricho vous ont fait la guerre — les Amorites, les Perizzites, les Cananéens, les Hittites, les Guirgashites, les Hivvites et les Jébusites. Je vous les ai livrés 12 et j'ai envoyé en avant de vous les frelons, qui les ont chassés devant vous (ces deux rois des Amorites) . Ce n'était ni par ton épée, ni par ton arc. 13 Je vous ai donné un pays pour lequel vous ne vous étiez pas fatigués, des villes que vous habitez sans les avoir bâties, des vignes et des oliviers dont vous vous nourrissez sans les avoir plantés.


14 Maintenant, craignez le SEIGNEUR et servez-le avec intégrité et loyauté. Supprimez les dieux qu'ont servis vos pères, de l'autre côté du Fleuve et en Egypte, et servez le SEIGNEUR (YHWH) . 15 Mais s'il ne vous plaît pas de servir le SEIGNEUR (YHWH), choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir : ou les dieux que vos pères servaient de l'autre côté du Fleuve, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et ma maison, nous servirons le SEIGNEUR (YHWH) !



16 Le peuple répondit : Jamais nous n'abandonnerions le SEIGNEUR (YHWH) pour servir d'autres dieux ! 17 Car le SEIGNEUR (YHWH) est notre Dieu ; c'est lui qui nous a fait monter de l'Egypte, de la maison des esclaves, nous et nos pères ; c'est lui qui a produit sous nos yeux ces grands signes et qui nous a gardés tout au long de la route que nous avons suivie et face à tous les peuples parmi lesquels nous sommes passés. 18 C'est le SEIGNEUR (YHWH) qui a chassé devant nous tous les peuples, les Amorites qui habitaient ce pays. Nous aussi, nous servirons le SEIGNEUR (YHWH), car c'est lui qui est notre Dieu.






Il est utile et même parfois nécessaire de faire le point sur le contenu de notre foi et de repenser à ce que signifie notre relation à Dieu. Si on n’y prend garde c’est l’habitude qui risque de prendre le dessus et de vider notre foi de tout son contenu. On prie, on va à l’Eglise, on affirme même des vérités sur Dieu, mais, tout cela risque de devenir de la routine, voire même du confort intellectuel vide de sens. On se coule alors dans le moule de l’apathie qui nous conforte dans une vie spirituelle que rien ne semble devoir remettre en cause.

C’est alors que la vie se charge de bousculer nos habitudes. Un incident banal peut remettre beaucoup de choses en question. Il suffit qu’un de nos proches, fort en arguments, affiche des convictions qui heurtent les nôtres pour que nous mettions en cause nos certitudes. Il peut arriver qu’un événement imprévu ravisse à notre affection quelqu’un qui nous est cher et que notre esprit ne supporte pas le choc pour qu’il se mette à échafauder des théories hostiles à Dieu qu’on n’aurait pas imaginées jusqu’alors. Nous voilà alors, mal à l’aise face à un Dieu qui nous devient étranger et dont l’existence cesse peut être de donner du sens à la nôtre.

La tradition d’Israël connaissait ce danger qui risquait de mettre en cause la foi de ceux qui se croyaient solides dans l’épreuve. C’est pour cela qu’elle avait instauré des fêtes de renouvellement de l’Alliance ou de pèlerinage pour permettre au peuple entier de faire le point sur sa foi et de se conforter dans ses convictions.

C’est sans doute dans une telle fête que le texte que nous avons lu trouve son origine. Nous en évoquerons les détails plus tard, mais déjà nous constaterons que le culte dominical, tel qu’il est célébré habituellement dans notre tradition réformée, nous donne tous les éléments suffisants pour maintenir notre foi en éveil et nous faire réagir quand certains de ses éléments sont mis en cause.


Tous les éléments de notre foi sont évoqués au cours du culte. Ainsi, l’invocation qui ouvre notre célébration rappelle que le Dieu que nous révèle Jésus Christ est un Dieu qui rend les hommes libres. Le rappel de la Loi ou l’évocation de la volonté de Dieu sous une forme ou une autre nous place devant nos responsabilités de la vie quotidienne en nous redit que nous ne pouvons pas vivre chaque jour sans être en accord avec Dieu. C’est sa présence qui doit éclairer et motiver nos actions. La prière qui suit nous replace face à Dieu et nous permet de faire intérieurement le point sur nos actions de la semaine écoulée. Evidemment nous en mesurons les faiblesses, c’est pourquoi il est nécessaire qu’une fois encore nous entendions les promesses de Dieu qui annonce son pardon et qui effacent le souvenir de toutes les défaillances que nous avons pu avoir et que nous regrettons. Nous nous sentons alors en union d’amour avec lui.

Ayant ainsi refait l’inventaire de tous les éléments de notre foi, nous pouvons écouter la lecture de la Parole de Dieu et l’interprétation qui en est faite pour nous permettre d’actualiser notre foi. C’est alors le moment de formuler une fois encore les éléments qui caractérisent notre relation à Dieu. C’est cet élément qui figure dans notre culte sous le terme de confession de foi. Nous nous y associons par la pensée et nous ne nous privons pas de formuler en nous-mêmes les réserves que nous pourrions faire quitte à en reparler plus tard avec qui de droit. C’est ainsi que nous gardons en nous une foi vivante qui résiste à l’usure du temps, parce qu’elle est régulièrement révisée par notre esprit critique.

L’habitude de fréquenter le culte fait que souvent nous oublions que chacun des éléments de la liturgie est une proposition qui nous est faite et qu’elle appelle une réaction de notre part. L’expression « amen » qui termine chaque élément du culte est une invitation à donner notre approbation intérieure à ce qui vient d’être dit. Il n’est pas opportun, bien évidemment, d’interrompre le déroulement de la célébration pour exprimer notre désaccord, le cas échéant. Mais il est bon après coup, de pouvoir en parler car c’est ainsi que nous progresserons dans la foi.

Si nous voulons que notre foi demeure vivante, il est important que nous prenions conscience périodiquement des éléments qui la composent et que nous prenions actes de l’évolution de notre pensée, qui peut différer par moments des opinions que nous croyions fermement établies. Celui ou celle qui préside le culte formule des propositions et il appartient à chacun des participants de se situer dans la foi par rapport à ce qui est dit. Il est clair que nous sommes nous-mêmes les arbitres et les ministres de ce que nous croyons, car nul ne peut avoir raison contre ce que nous pensons. Chaque fois, alors que nous participons au culte nous devons en sortir fortifiés et notre foi solidifiée, non pas tellement par ce qui a été dit que parce que nous avons pensé par rapport à ce qui a été dit.

Nous pouvons maintenant rejoindre le cours normal du texte que nous avons écarté quelques instants pour envisager comment au cours des semaines nous pouvons progresser dans la foi. Nous avons découvert qu’il nous est offert chaque dimanche de faire le bilan sur ce que nous croyons. Cette situation se produisait aussi dans l’Israël antique mais elle n’était offerte que pour les grandes fêtes.

Ces fêtes étaient soigneusement préparées, les textes qui étaient proclamés étaient judicieusement rédigés. Ils étaient ensuite lus à haute voix et la lecture en était ponctuée de grands coups de cymbales sonores et accompagnée par les sonneries du schofar. Le but de l’opération n’était pas tellement de permettre à chaque individu de préciser les éléments de sa propre foi mais de permettre à la communauté entière de retrouver le chemin de la fidélité qui la liait à son Dieu depuis Abraham et des ancêtres fondateurs. Malgré les erreurs commises à chaque génération, on espérait que Dieu consentirait à ce que l’on renouvelle solennellement l’ Alliance passée avec lui. Par la même occasion on considérait qu’il renouvelait son pardon et permettait le retour en grâce de tout le peuple devant lui.

Le texte du Livre de Josué qui est proposé à notre méditation aujourd’hui porte les traces de cette tradition du renouvellement de l’Alliance. Ecrit à une époque beaucoup plus récente que l’événement qu’il évoque, il restitue les éléments fondateurs de la foi d’Israël. Il les énumère chronologiquement en commençant par Abraham et tous les ancêtres mais il oublie intentionnellement de mentionner les moments d’infidélité.

Cette évocation a en effet pour but de faire grandir la foi collective de ce peuple et non de la rabaisser. De cette évocation il ressort que Dieu est un Dieu qui sauve son peuple et qui oublie ses moments de faiblesse et de reniement.

Au cours de la célébration évoquée ici, on ménageait un moment où le peuple pouvait à nouveau s’engager et redire son attachement à Die . Il confessait sa foi en affirmant que son Dieu n’était pas comme les dieux païens. Le Dieu d’Israël est fidèle à son peuple, il le suit dans tous les territoires où il se trouve, et le peuple qui accepte de lui être fidèle en sort grandi. Mais la grâce qui repose sur cette fidélité a un prix, c’est le prix de sa propre fidélité à laquelle il doit s’engager.

Accepteront-ils d’en payer le prix ? Josué ici, bien entendu émet le doute qui les fait réagir. Ils joignent alors leurs voix à celle de Josué et ils répèteront de génération en génération : « Moi et ma maison nous servirons le Seigneur »

Il n’y avait alors, plus qu’à écrire dans le Livre, la résolution qui avait été prise et à dresser une pierre pour en garder le souvenir. Ainsi chaque fois que l’on célèbrera cet événement on se souviendra de tous les éléments qui le composent. Ils se souviendront qu’ils ont fait alliance avec un Dieu qui libère et ne punit pas et qu’à leur tour ils ont décidé de lui rester fidèles en agissant comme un peuple sauvé et pardonné.


Il appartient maintenant à chacun d’entre nous de reprendre à son compte les différents éléments de sa foi en se souvenant du moment de sa propre histoire où il a réalisé que Dieu était intervenu dans sa vie. Depuis la venue de Jésus notre relation à Dieu est devenue
une affaire personnelle. Nous sommes seuls à connaître les événements par lesquels Dieu s’est manifesté à nous dans notre vie, et nous seuls pouvons en faire état devant lui. C’est pourquoi nous devons périodiquement, en faisant l’historique de tous les éléments de notre foi redire à nouveau : « Moi et ma maison nous servirons l’Eternel »


Les images qui illustrent ce sermon sont tirés d'un tableau de Max Leehnardt. Elles évoquent un "culte au désert" Cet épisode de l'histoire du protestantisme français, est commémoré chaque année lors du rassemblement protestant le premier dimanche de septembre au Mas Soubeyran

lundi 27 juillet 2009

le pain vivant descendu du ciel Jean 6:51-58 dimanche 16 août 2009

Jean 6-51

C'est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours ; et le pain que, moi, je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde.

52 Les Juifs se querellaient entre eux ; ils disaient : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ?


53 Jésus leur dit : Amen, amen, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas de vie en vous. 54 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le relèverai au dernier jour. 55 Car ma chair est vraie nourriture, et mon sang est vraie boisson. 56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, comme moi en lui. 57 Comme le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et comme moi, je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi.


58 Voici le pain descendu du ciel. Il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères : ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra pour toujours.




Quelle pourrait-être l’idée forte qui permettrait à nos contemporains de formuler avec dynamisme des projets d’avenir ? Comment inventer un art de vivre qui serve de référence à tous ceux qui voudraient jouer un rôle dans l’évolution de la société ? Ce questionnement devrait être le premier souci de ceux qui ont la charge d’organiser le monde, mais aucune idée géniale ne semble avoir été retenue pour répondre à notre question. Nous la garderons en mémoire cependant pour essayer d’aborder ce texte sur le « pain de vie »

Pendant longtemps, le pain a été la référence nécessaire pour définir l’art de vivre. On mange son pain blanc quand la vie est facile, les tourments lui donnent un goût amer et la misère le colore en noir. En tout état de cause on gagne son pain à la sueur de son front. C'est là une citation qui nous vient tout droit de la Bible qui met le pain en référence à ce qui fait vivre. Mais l’homme du vingt et unième siècle n’est plus un mangeur de pain ! Alors quel sont pour lui les critères de la qualité de vie ?

Une petite incursion dans les événements récents de l’actualité ou dans les éléments marquants du cinéma ou de la télévision nous aiderons peut être à saisir à quoi l’homme moderne est sensible.

Il y a quelques semaines Mikaël Jackson est mort. Cet événement n’est pas passé inaperçu. Les foules ont manifesté de différentes façons leur désarroi après la disparition de cette idole internationale, tant cet homme avait marqué sa génération. La presse a tout dit à son sujet. Il a hanté le show-biz comme un feu follet, bondissant avec un talent inouï dans la vie de ses contemporains en remettant en cause leur sens de l’art. On notera aussi qu’il a changé son apparence. De noir qu’il était à l’origine, sa silhouette fragile a bondi dans le blanc.
Il n’a pas fait rêver que les ados, beaucoup de gens furent sensibles à son personnage, à sa manière d’être et à son art. Mais malgré tout, on a du mal à cerner sa personnalité. On dirait qu’il a fasciné les masses parce qu’il s’est enfermé dans un rôle de perpétuel mutant, un homme d’apparence assez peu virile, mais toujours en devenir, un enfant qui se refuse d’être adulte, à la fois séduisant et inquiétant.

L’actualité impose un rythme invraisemblable à notre sensibilité. A peine enterré Mikaël Jackson fait place à Harry Potter qui envahit les cinémas. C’est le sixième film qui transpose à l’écran la saga du petit sorcier. Le personnage éclipse l’acteur qui par ailleurs a fait parler
de lui dans un rôle pour le moins ambigu. Lui aussi tel un autre feu follet sautille d’une intrigue à l’autre. Issu de nulle par, fils d’un couple de sorciers disparus de façon mystérieuse, il est marqué par un destin où la mort tient une place importante, cependant nous découvrons qu’ il est l’élu, promis à un avenir brillant qu’on ne pressent pas encore. Comme Mikaël Jackson il n’appartient vraiment à aucun monde. Son personnage est chargé de toutes sortes de légendes issues des plus anciennes traditions de notre histoire. Tout cela se meut dans le décor psychédélique d’une université britannique traditionnelle habitée par le fantastique. Le mal rôde derrière chaque porte, la magie sert de mot de passe à chaque énigme et le mal dissimule les formes de son visage dans les nuages menaçants surmontant le paysage lugubre. Cet aspect des choses s’inscrit inconsciemment en nous, comme un négatif de la peinture de la création du monde de Michel-Ange où Dieu sort aussi des nuages et se confond avec eux pour créer l’homme. Le monde de Harry Potter fascine parce qu’il est irréel, il s’appuie sur des valeurs traditionnelles qu’il transforme pour les rendre fantastiques et inquiétantes. Il apparaît donc lui aussi comme un défi au monde moderne qui se cherche et où des esprits pervers disputent aux forces du bien l’avenir du monde en ne tenant aucun compte de Dieu. (2)

Mais notre tour d’horizon ne s’achève pas là. Chaque soir plusieurs millions de spectateurs ont rendez-vous avec « plus belle la vie ». C’est un autre univers, bien différent en apparence du précédent. Il a pour décor un quartier de Marseille habité par des gens comme tout le monde. C’est un univers bon enfant où des événements, empruntés à l’actualité rythment le quotidien des personnages qui appartiennent à toutes les classes d’âge de la société et à tous les milieux sociaux: Barman, avocat serveuse, médecin, homme ou femme d’affaire, institutrice, juge, modiste, étudiants lycéens, sdf… . La vie sentimentale de tous ces personnages
tient une grande place dans le déroulement de l’histoire. Les amoures décousues de tout ce petit monde sont mouvementées et chacun passe aisément d’un partenaire à l’autre. Fait caractéristique, toutes les familles sont des familles recomposées et certaines sont totalement décomposées.

Ces trois épisodes, extraits de la vie quotidienne de nos concitoyens, vont nous aider à dresser le portrait des moins de quarante ans, car c’est à eux que nous aimerions destiner notre propos, bien qu’ils soient très absents du monde de nos églises. Mais curieusement, quand Jésus était sur terre, c’est à des gens de cette même génération qu’il s’adressait et ce sont eux qu’il convertissait à son enseignement. Ces gens étaient touchés par son Evangile et retrouvaient l’espérance qu’ils n’avaient plus. C’est bien là la leçon que l’on peut tirer de ces trois regards que nous avons portés sur l’actualité : l’espérance semble en être absente et chacun semble se réfugier dans une fuite en avant qui n’a pas de but.

Pourtant, personne ne peut vivre sans espérance et Jésus enseignait qu’il ne peut pas y avoir d’espérance sans Dieu puisque c’est lui qui habite l’avenir. L’espérance est donc ce qui fait vivre les hommes aux quotidien, mais cette notion d’espérance a un contenu trop flou pour avoir un écho auprès de nos contemporains. Bien qu’ils évoluent dans un monde où l’avenir est incertain ils ont du mal à imaginer ce que pourrait être leur vie à long terme, car leurs références reposent sur ce qui est transitoire, c’est pourquoi l’aspect de mutant de Mikaël Jackson les a fascinés. Ils ont également du mal à projeter leur vie sentimentale au-delà de ce qui est éphémère comme le montre en le caricaturant la série de « plus belle la vie ». C’est aussi ce que Jacques Attali exprime dans un de ses derniers articles où il dit : « Comme on a accepté, après bien des scandales, le divorce, on admettra sans doute un jour, le divorce provisoire, la vie multiple passagère, la vacance de la famille, en lieu et place des vacances familiales. » (1)

Face à toutes ces idées que je projette sur vous en cascade, l’Evangile donne des points fixes sur lesquels on peut ancrer son esprit : Le Dieu que Jésus présente comme son Père pour qu’il devienne notre ¨Père est un Dieu constant dans sa fidélité. Il fait de la vie le point de repère incontournable autour duquel chacun peut organiser sa propre vie. Si Jésus se présente comme le pain venu du ciel, il signifie par là, que la fréquentation de son Evangile est la seule voie d’accès qui permette de rejoindre Dieu.

Evidemment aujourd’hui aussi, les hommes cherchent à rejoindre Dieu, car ils ont conscience qu’il peut leur être d’un grand secours pour construire leur existence, mais ils ont perdu la clé du chemin qui mène à lui. Ils cherchent hors des églises et ailleurs que dans la Bible, des chemins pour l’atteindre. Ils lisent alors les philosophes à la mode qui se prétendent athées mais qui écrivent sur Dieu avec compétence. Ils lisent aussi certains écrits de théologiens modernes que les feux de l’actualité ont portés à la connaissance du grand public, mais ils traitent de Dieu, comme s’ils n’y croyaient plus ! La porte qui mène à lui semble donc être définitivement fermée.

Compte tenu de tout cela il nous paraîtrait convenable de regarder l’avenir d’un œil désabusé, s’il ne restait une grande multitude de témoins, dont beaucoup sont membres de nos églises. Ils ont fait leurs propres expériences de foi, ils ont lu les écrits mis en avant par l’actualité et ils ont fait la part des choses. C’est sur ce peuple immense qui avec sagesse a décanté et décrypté les discours des médias, que repose le témoignage de l’Evangile et sur qui repose l’avenir du message chrétien.

Quand Jésus parlait aux foules, il convertissait ses auditeurs à son enseignement. Ceux-ci devenaient ses témoins et aussi ses disciples. C’est sur leur témoignage que l’Evangile a gagné les confins du monde.

Ces mêmes témoins, sont aujourd’hui les membres fidèles de nos églises. Eux seuls sont capables de témoigner auprès de ceux qui n’entrent plus dans les lieux de culte, des mystères de l’Evangile. Eux seuls sont capables de renouer des liens avec ceux qui ont tout oublié de la tradition chrétienne. C’est à leur contact qu’ils recevront ce pain qui descend du ciel qui jadis a donné l’espérance a tant de monde. Ce même scénario qui s’est déroulé au premier siècle est en train de se reproduire aujourd’hui, et c’est sur la masse des fidèles, que vous êtes tous, que repose l’espérance du monde.



(1)L’Express, N° 01722 du 16 juillet 2009

(2) "La guerre des étoiles" et le "Seigneur des anneaux" traitent également du même sujet et ont fasciné en leur temps toutes les générations confondues.

samedi 18 juillet 2009

Elie face à son destin: 1 Rois 19/4-8 dimanche 9 août 2009

Chapitre 19

1 Achab rapporta à Jézabel tout ce qu'avait fait Élie, et comment il avait tué par l'épée tous les prophètes. 2 Jézabel envoya un messager à Élie, pour lui dire : Que les dieux me fassent ceci et qu'ils ajoutent encore cela si demain, à cette heure, je ne fais de ta vie ce que tu as fait de la vie de chacun d'eux ! 3 Élie, voyant cela se leva et s'en alla, pour (sauver) sa vie. Il arriva à Beér-Chéba, qui appartient à Juda, et y laissa son jeune serviteur.

4 Quant à lui, il alla dans le désert, à une journée de marche ; il s'assit sous un genêt et demanda la mort en disant : C'en est trop ! Maintenant, Éternel, prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères. 5 Il se coucha et s'endormit sous un genêt. Or voici qu'un ange le toucha et lui dit : Lève-toi, mange. 6 Il regarda, et il y avait à son chevet un gâteau sur des pierres chaudes et une cruche d'eau. Il mangea et but, puis se recoucha. 7 L'ange de l'Éternel vint une seconde fois, le toucha et dit : Lève-toi, mange, car le chemin serait trop long pour toi. 8 Il se leva, mangea et but ; avec la force (que lui donna) cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, à Horeb.


9 Là-bas, il entra dans la grotte et y passa la nuit. Or, voici que la parole de l'Éternel lui fut (adressée) en ces mots : Que fais-tu ici, Élie ? 10 Il répondit : J'ai déployé mon zèle pour l'Éternel, le Dieu des armées ; car les Israélites ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels, ils ont tué par l'épée tes prophètes ; je suis resté, moi seul, et ils cherchent à prendre ma vie.
11 L'Éternel dit : Sors et tiens-toi sur la montagne devant l'Éternel ! Et voici que l'Éternel passa ; un grand vent violent déchirait les montagnes et brisait les rochers devant l'Éternel : l'Éternel n'était pas dans le vent. Après le vent, ce fut un tremblement de terre : L'Éternel n'était pas dans le tremblement de terre. 12 Après le tremblement de terre, un feu : L'Éternel n'était pas dans le feu. Enfin, après le feu, un son doux et subtil. 13 Quand Élie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau, il sortit et se tint à l'entrée de la grotte.



Il est commun de penser que « le fidèle serviteur est rarement récompensé à la hauteur de ses mérites. Mais celui qui place sa confiance en Dieu reçoit une récompense d’une autre nature » Ce pourrait être un proverbe, mais ce n’en est pas un. Ce pourrait être une maxime d’un illustre penseur, mais ce n’est pas le cas. C’est tout simplement une formule que j’ai inventée comme première réaction à cette aventure qui est arrivée à Elie dans le texte qui nous est proposé.


Tous ceux qui ont éprouvé un moment de lassitude au service de Dieu et qui ne le comprennent plus ou qui ne l’entendent plus, reconnaîtront sans doute, dans cette histoire des points de ressemblance avec leur propre histoire.

Elie nous apparaît ici comme effondré devant l’épreuve qu’il vit au quotidien et qui l’entraîne vers une mort certaine. Mais connaissez-vous Elie, ce personnage que la tradition biblique a élevé au rang de prince des prophètes ? En fait Elie est mal connu.

Pourtant, comme le patriarche Enoch, un autre grand inconnu, il fut élevé au ciel et ne connut pas la mort. C’est lui aussi qui sortit de la nuée en compagnie de Moïse pour saluer Jésus sur la Montagne de la Transfiguration. Pourtant la Bible ne lui a consacré aucun livre, il apparaît pour la première fois au détour du chapitre 17 du premier livre des Rois et le lecteur devra glaner au cours des chapitres suivants les épisodes tourmentés de sa vie au service du Dieu d’ Israël. Pourchassant le paganisme latent il mit de nombreuses fois sa vie en danger, provoquant le roi Achab et sa terrible épouse, la reine Jézabel.

Réfugié au bord d’un torrent à sec, au cours de la grande sécheresse qu’il avait prophétisée comme châtiment de Dieu face à l’impiété ambiante, les corbeaux se mirent à son service. Passionné de Dieu, c’est sa propre expression, il défia les prophètes de Baal qu’il extermina avec une brutalité sanglante qui nous consterne. Mais là n’est pas aujourd’hui la question. La question réside dans le fait que, à cause de sa fidélité à Dieu, sa vie n’a été qu’une perpétuelle fuite en avant devant les sbires de la reine lancés à ses trousses.

Nous le trouvons à la porte du désert, épuisé par une tâche qu’il ne peut accomplir sans y laisser la vie. Derrière lui, les soldats sont près de le rejoindre. Devant lui s’étend le désert torride. A brève échéance, la morsure du soleil associée au tenaillement de la faim et de la soif aura tôt fait de lui réserver le même sort que les soldats de la reine lui réservaient. L’image a été exploitée dans de nombreux westerns et vous n’aurez pas de peine à imaginer son état d’âme. Mais généralement les héros du cinéma, défigurés par la souffrance finissent par s’en sortir et assouvissent leur vengeance contre celui qui est l’auteur de leur supplice.

Si la haine et l’esprit de vengeance sont des stimulants suffisant pour maintenir un homme en vie, à combien plus forte raison le sera l’esprit que Dieu souffle sur nous. Mais quand l’Esprit de Dieu ne parvient plus jusqu’à nous, et que Dieu lui même semble être absent de nos vies, quelle force peut alors nous soutenir ? Face à l’épreuve que l’on subit, on ne peut plus espérer de consolation que dans la mort, et c’est le cas du prophète.

Il est arrivé à beaucoup d’entre nous de se trouver ainsi acculés au désert du désespoir et privés de réconfort humain. Echec de la vie, chômage ou maladie, aucune issue ne semble possible. Et, bien que la vie continue à revendiquer ses droits, on reste cependant sans force et vide d’espérance. La présence de Dieu n’est plus sensible. Il semble nous avoir oubliés et son silence provoque notre questionnement : Dieu existe-t-il vraiment ? N’est-il pas une invention de l’esprit humain ? Face à une telle question, c’est la réflexion réflexion de Ivan Karamasof qui apporte une réponse qui peut nous sortir de notre résignation. Dostoîevski fait dire à son héros que Dieu quels que soient les traits qu’on peut lui reconnaître ne peut être inventé par l’homme, car l’homme est trop mauvais pour concevoir une réalité telle que celle de Dieu. Il n’a pas tort ! Car si notre esprit n’arrive pas à le cerner, Dieu est quand même bien là.

Dieu était bien là et Elie ne le savait pas ! Comment l’aurait-il pu puisqu’il dormait ?Il avait mis en sommeil toute sa sensibilité et il se laissait empoter par le néant. Pourtant Dieu veillait. Il prit les traits d’un ange, c’est à dire qu’il prit forme humaine pour venir à lui. Il le toucha de sa main ! Mais Dieu a-t-il une main pour toucher ? Dieu intervient presque toujours auprès de nous en se révélant dans l’action d’un homme ou d’une femme, si bien que le contact d'une main humaine peut faire le même effet que si c'était Dieu qui avait touché. L’ange lui présenta un pichet d’eau et une galette ! Mais était-ce suffisant pour la traversée du désert ? Elie, sans doute déçu, retomba à nouveau dans le sommeil. Avait-il rêvé en dormant ? En tout cas, ce que l’ange avait proposé ne semblait pas être une réponse suffisante. L’ange le sortit à nouveau de sa torpeur mortelle, il insista pour qu’il se mette debout, car même Dieu doit s’y prendre à plusieurs fois pour nous convaincre, et l'ange lui refit la même proposition d’une galette et d’un pot d’eau.

La présence de l’ange et la galette ne font pas partie d’un rêve, c’est la réalité vraie. La suite du récit montre que c’était suffisant. Ainsi dans nos situations de détresse, quand il semble qu’il n’y a plus d’espoir, il suffit souvent d’un petit rien, pour que nous découvrions dans ce petit rien, le doigt de Dieu. Ici une simple parole, un simple geste, et ce qui apparemment a une valeur insuffisante, transmettent quand même une énergie suffisante pour surmonter la crise. Dans la présence de l’ange, Elie a discerné la présence de Dieu, et même si la réponse qu’il donne semble dérisoire, elle est assez forte pour qu’il reparte et affronte le désert. Dieu était là et Elie ne le savait pas ! Il avait demandé la mort dans sa prière et Dieu lui donnait la vie

Dans pareille situation la seule chose à faire est de se convaincre que même si on ne le voit pas Dieu est là. Même si le geste qui nous le révèle est insuffisant, il aura assez de puissance pour transformer notre situation et y mettre assez d’énergie pour que nous vivions.

Il faut dire cependant qu’il est des moments dans l’histoire, que la Bible n’a pas osé prévoir mais auxquels l’histoire des hommes a donné une réalité. Il s’agit de moments tels, que la furie des hommes réussit à barrer, pour un temps, la réalité de la présence de Dieu et à fermer la porte à tout espoir, si bien qu’aucune énergie ne parvient de la part de Dieu. Ce serait une erreur de ne pas le dire. Impuissance de Dieu demande-t-on ? Et la seule réponse humaine que l’on puisse faire, est à notre tour de garder le silence, impliquant par là notre ignorance.

Mais ce n’est pas parce que la folie des hommes peut voiler parfois la présence divine, qu’il faut en faire une règle. Il ne faut pas non plus se laisser séduire par toutes ces histoires merveilleuses que les hommes ont racontées et continuent à raconter pour aider leurs semblables à espérer. Ce genre de récit, nous invitant à espérer une réponse miraculeuse à notre situation désastreuse, nous entraîne bien souvent dans des déconvenues, qui nous font plus douter qu’espérer en Dieu.

Nous avons dans le récit d’Elie une anticipation de l’attitude qui sera celle de Jésus dans ses contacts avec les gens en difficulté. Jésus a rarement réalisé de grands prodiges, mais c’est le plus souvent par une parole d’exhortation, qu’il a dynamisé ceux qui le sollicitaient au nom de Dieu : « prends ton lit et marche » est la réponse, universellement connue, que donna Jésus au paralytique et qui fut assez efficace pour qu’il surmonte son infirmité.

Mais l’histoire d’Elie ne s’arrête pas là. Nous sommes, nous aussi dans la même situation. Quand la crise est passée, l’histoire continue. Elie parvint à l’Oreb, la montagne de Dieu ! Quarante jours de marche avec une galette et une cruche d’eau. Il est évident que le récit a beaucoup emprunté au merveilleux, mais sa conclusion est aussi la conclusion de notre propre histoire.

L’épreuve s’achève par une rencontre véritable avec Dieu. En découvrant le vrai visage de son Dieu Elie trouve aussi le vrai sens de sa vie. Ce Dieu ne se révèle ni par sa puissance ni par une manifestation spectaculaire. Il se présente à Elie dans un souffle doux et subtile qu’il ne voit pas puisqu’il s’est caché le visage, mais qu’il pressent. Le Dieu qui lui a donné l’énergie suffisante pour traverser le désert se révèle comme une réalité douce et subtile dans l’amour de laquelle il est bon de se laisser porter. Nous sommes invités à découvrir notre Dieu derrière cette force douce et subtile qui met en nous assez de dynamisme pour traverser tous les déserts de notre existence. Il a pris le visage de Jésus Christ qui nous précède sur le chemin de notre propre éternité, et sur ce chemin là, les hommes n’ont aucune emprise pour barrer la route à Dieu.

mardi 14 juillet 2009

Le pain venu du ciel Jean 6: 32-40 dimanche 2 aout 2009



Jean 6/32-40

Jésus leur dit : Amen, amen, je vous le dis, ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel, c'est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel ; 33 car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel pour donner la vie au monde. 34 Ils lui dirent : Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là. 35 Jésus leur dit : C'est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui met sa foi en moi n'aura jamais soif. 36 Mais je vous l'ai dit : Vous m'avez vu, et vous ne croyez pas. 37 Tout ce que le Père me donne viendra à moi ; et celui qui vient à moi, je ne le chasserai jamais dehors ; 38 car je suis descendu du ciel pour faire, non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. 39 Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le relève au dernier jour. 40 La volonté de mon Père, en effet, c'est que quiconque voit le Fils et met sa foi en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le relèverai au dernier jour.




Il existe donc un pain qui fait vivre, non pas pour une durée de quelques heures, mais qui peut nous faire vivre éternellement! A cette découverte il est normal que les disciples de Jésus lui demandent de leur donner de ce pain pour toujours! Comme si ce pain pouvait être mis à leur disposition ! Comme s’ils ne savaient pas que Jésus parlait d’une réalité spirituelle et non pas d’une réalité matérielle qui ne s’achète pas dans le commerce comme on pourrait acheter un pain fait de froment.

Jésus donne volontairement dans l’ambiguïté et ses interlocuteurs savent bien les nuances qu’il met dans ses propos. Il suffit d’écouter avec attention la lecture de ce passage, comme vous l’avez fait, pour découvrir que le sens du texte ne réside pas dans le sens premier des mots, mais qu’il se révèle dans la manière dont les mots sont agencés entre eux. Le texte parle plus à notre sensibilité qu’à notre intelligence, c’est pourquoi votre esprit s’est laissé saisir par le mot pain. Vous avez saisi que ce mot plusieurs fois répété était associé à la notion de ciel, et qu’il était aussi associé à la personne de Jésus et qu’il était aussi associé à la notion d’éternité, si bien que le pain vous est apparu à la fois comme une réalité céleste et comme une réalité matérielle. Il vous a été proposé comme nourriture pour l’immédiat et en même temps comme nourriture pour l’éternité. Ce pain était l’expression de la foi de Jésus, et maintenant il est en train de devenir l’expression de la vôtre.

J’aurais mauvaise grâce de décortiquer maintenant ce texte pour y chercher des explications que notre intuition nous révèle d’elle-même. Vous n’avez pas besoin de mes explications pour savoir que le pain que propose Jésus n’est pas le pain du boulanger, mais qu’il est une réalité spirituelle. Seulement la réalité spirituelle est étroitement liée à la réalité matérielle. Et si nous n’avons pas accès à la réalité matérielle, comme pourrions-nous accéder à la réalité spirituelle? Celui qui n’a pas accès au pain matériel semble ne pas pourvoir avoir accès au pain spirituel. Il faut donc que la matérialité de notre être soit nourrie avant qu’elle ait accès à la réalité spirituelle.

Dans la plupart des civilisations, le pain est considéré comme la nourriture de base, en tout cas dans le vocabulaire courant. Tout le monde sait ce que signifie l’expression : « gagner son pain à la sueur de son front ». On sait aussi « que le pain de l’ exil est toujours amer » et que l’homme vertueux « est celui qui mange le pain qu’il a gagné ». La notion de pain est liée à la notion minimale de la possibilité de vie dans notre société. Celui qui ne gagne pas son pain est un marginal. S’il ne gagne pas de pain, s’il est affamé, s’il ne sait plus la valeur matérielle du pain comment alors le faire participer à la réalité du pain spirituel ? Comment parler de pain spirituel dans une société où l’on manque de pain matériel? Ce pain matériel n’est pas forcément lié au manque de farine, de sel et d’eau, il est peut être lié à d’autres choses qui manquent pour vivre, tels que l’amour ou l’espérance. Le pain spirituel est peut être lié à des manques dont la possession est nécessaire pour qu’on puisse sublimer la notion de pain matériel et lui donner une signification spirituelle.


Depuis quelque temps, notre société s’est réellement focalisée sur la situation de ceux qui manquent vraiment de pain matériel. On pense aux sans domicile fixe. On réalise que l’on ne fait pas tout ce que l’on devrait faire pour qu’il n’y en ait plus. On n’y arrive pas vraiment par manque d’ingéniosité et aussi parce que certains d’entre eux ont tellement été meurtris par la vie qu’ils se refusent à rejoindre les rangs de la société établie. Mais il nous faut aussi penser à tous ceux que la crise actuelle appauvrit encore davantage et à ceux qui habitent ces pays que l’on dit sous-développés pour lesquels les puissances riches ont réduit leur aide de moitié. Pourtant, nous savons bien que ce n’est pas forcément de nourriture que beaucoup de gens manquent dans notre monde. La nourriture est nécessaire comme première urgence, mais nos contemporains sont privés aussi des autres éléments qui permettraient de spiritualiser leur situation. J’ai utilisé, tout à l’heure, les mots d’amour et d’espérance. Ils sont la farine et le sel nécessaires pour permettre de parler de pain du ciel.


Si nous sommes persuadés que l’espérance et l’amour sont les caractéristiques du christianisme, nous n’avons donc pas à chercher bien loin pour savoir ce qu’il faut faire pour que le monde où nous sommes trouve de ce pain, puisque nous en avons les ingrédients. Tout se passe pourtant comme si un voile terne de pollution ou de scories était tombé sur nous et sur nos églises et avait rendu invisibles les structures mêmes de notre foi. C’est comme si notre espérance et notre amour n’étaient plus perceptibles par les hommes qui nous observent sans comprendre.


Maintenant que j’ai dit cela, je ne suis pas plus avancé pour dire la suite! Et quelle suite ? Je n’ai pas de secret pour faire jaillir de nos lieux de prière l’espérance et l’amour qui y sont contenus bien qu’on ne les y discerne mal. La seule chose que je constate, c’est que ce pain fait d’amour et d’espérance est un pain venu du ciel. Ce ne sont pas les hommes qui le fabriquent. Ce pain venu du ciel est gratuit et nous vient de Dieu. Ce sont là deux choses auxquelles nous ne sommes pas habituées : ni la gratuité, et je n’en dirai rien, ni Dieu, puisque il représente une notion venue d’ailleurs et indépendante des hommes.

Le monde matérialiste où nous sommes ne croit que dans un Dieu qui lui garantirait le maintien de ses privilèges, même ceux acquis au prix de la faim des autres. Notre société divinise ses aspirations profondes, elle divinise le progrès, la liberté, l’égalité, la démocratie, les droits de l’homme, et quand elle en trouve la trace retrouve dans l’Ecriture, elle les attribue à Dieu. En fait, elle s’en sert pour se diviniser elle-même en cherchant dans les textes ce qu’elle sait y trouver. Quant à se laisser bousculer par des idées qui la mettrait en cause, telles que celles de partage et de justice sociale, il y a un pas que bien peu réussissent à franchir. Or, Dieu vient vers les hommes là où ils ne l’attendent pas. On affirme qu’il parle d’amour et on a raison, mais c’est surtout de justice qu’il (1). On prêche l’éternité en son nom et lui, il préfère parler de partage et d’égalité. S’il a donné la vie à un homme que l’on avait mis, mort dans un tombeau, c’est pour que nous produisions la vie là où la mort impose ses droits. Malgré tout, il propose quand même un avenir de vie et d’espérance à une humanité qui ne voit dans l’avenir qu’une série de catastrophes liées sa mauvaise gestion du monde. Il rappelle avant tout que le pain de l’espérance ne peut nourrir le monde que si le monde entier mange à sa faim.

Dieu est toujours capable de produire une nourriture spirituelle à partir des éléments qui sont déjà en nous : l’espérance et l’amour. Mais il nous appartient de tout mettre en œuvre pour que ceux qui ont faim puissent d’abord être rassasiés. Pourtant Dieu est capable de nous surprendre en faisant jaillir de nos églises, que l’on compare parfois à des coquilles vides, un dynamisme qui transformera le monde.
Nous pouvons nous demander comment cela peut se faire ? Et la réponse nous viendra de l’Evangile sous forme de question : pourquoi êtes vous incrédules ?
Si maintenant, en parlant de ce pain, vous pensez à la Sainte Cène, et que vous vous questionnez pour savoir si Dieu est réellement présent dans le pain, ou pour savoir quand ce pain cesse d’être matériel pour devenir
spirituel, vous découvrirez bien vite, qu’il faut dépasser tout cela. Il faut prendre le pain comme il nous est donné, à la fois matériel et à la fois spirituel, et si on veut en savoir plus, la réponse ne peut nous venir que d’ailleurs. Elle nous viendra de Dieu, pas des hommes ! S’il a plu à Dieu de ne pas nous donner de réponse plus claire, c’est qu’elle n’est pas essentielle, car une seule chose est essentielle, c’est que nous nous attachions à rendre possible tout ce qu’il nous donne d’espérer




(1) en faisant un pointage rapide dans la concordance de la Bible Second , on trouve 98 références pour amour et 170 pour justice. Cette constatation a, bien entendu, besoin d’être affinée.



samedi 11 juillet 2009

La Multiplication des pains Jean 6/1-15 - dimanche 26 juillet 2009


Jean 6/1-15
1 Après cela, Jésus s'en alla sur l'autre rive de la mer de Galilée, la mer de Tibériade. 2 Une grande foule le suivait, parce qu'elle voyait les signes qu'il produisait sur les malades. 3 Jésus monta sur la montagne ; là, il s'assit avec ses disciples. 4 Or la Pâque, la fête des Juifs, était proche. 5 Jésus leva les yeux et vit qu'une grande foule venait à lui ; il dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains pour que ces gens aient à manger ? 6 Il disait cela pour le mettre à l'épreuve, car il savait, lui, ce qu'il allait faire. 7 Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pains ne suffiraient pas pour que chacun en reçoive un peu. 8 Un de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit : 9 Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; mais qu'est-ce que cela pour tant de gens ? 10 Jésus dit : Faites installer ces gens. — Il y avait beaucoup d'herbe en ce lieu. — Ils s'installèrent donc, au nombre d'environ cinq mille hommes. 11 Jésus prit les pains, rendit grâce et les distribua à ceux qui étaient là ; il fit de même pour les poissons, autant qu'ils en voulurent. 12 Lorsqu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne se perde. 13 Ils les ramassèrent donc ; ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d'orge qui restaient à ceux qui avaient mangé. 14 A la vue du signe qu'il avait produit, les gens disaient : C'est vraiment lui, le Prophète qui vient dans le monde. 15 Jésus, sachant qu'ils allaient venir s'emparer de lui pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, seul.



Nombreuses sont les religions qui invitent leurs adeptes à participer à un banquet à la fin des temps. Ceux qui auront le privilège d’y participer partageront avec la divinité les mets les plus raffinés. Mais avant d’entrer dans la salle du banquet, il faudra pour chacun franchir avec succès les dures étapes que la vie leur réserve avant d’avoir le droit de figurer au nombre des invités. La vie terrestre est ainsi conçue par elles comme un parcours  qu’il faut accomplir pour entrer  dans la béatitude éternelle.

Jésus, ne semble pas avoir échappé à la règle. Cependant à la différence des religions animistes Jésus ne conçoit pas l’existence terrestre  comme un parcours initiatique. Au contraire, pour lui, c’est Dieu qui vient à la rencontre des hommes. Il participe avec eux à la longue marche de leur existence. Il se propose de les assister pour qu’ils surmontent leurs angoisses et maîtrisent les obstacles que la maladie, la faim et les oppressions dressent devant leurs pas. C’est ce qui se répète régulièrement depuis  que sous la conduite de Moïse  il a organisé la fuite hors d’Égypte du peuple des Hébreux.

Notre existence est ainsi remplie de moments où nous devons apprendre à voir Dieu agir en notre faveur. Jésus nous promet alors qu’au  terme de notre vie, l’action libératrice de Dieu ne nous fera pas défaut. Il a raconté cette action de Dieu  dans plusieurs     paraboles qu’il situe dans des banquets et même dans des banquets de noce signifiant la fin heureuse qui nous est  réservée.

Jésus a participé à de nombreux repas au cours desquels il n’a pas manqué de  donner un enseignement sur la fin des temps. Dans l’épisode de la multiplication des pains, il apporte un élément supplémentaire. Il établit un lien entre le repas ordinaire de tous les jours qui est une nécessité de la vie avec le repas mythique de la fin des temps. Tout cela évidemment ne prend vraiment de sens que si on se souvient qu’au dernier soir de sa vie il partagea le pain qui devint pour ses apôtres un don de vie et signifia pour eux l’invitation qui leur était faite d’entrer dans le Royaume.

Contrairement au banquet final que les peuples celtes, partageaient avec le Dieu Odin qui les récompensait en buvant avec eux de la cervoise tiède dans le crane de leurs ennemis, Jésus n’attend pas la fin de la vie des hommes pour leur signifier la réalité de leur salut. Ce salut devient effectif dans la vie même des participants. Il les nourrit alors qu’ils ne demandent rien et il leur apporte le salut sans,           qu   qu’ils ne s’en soient rendus dignes. Jésus transforme le mythe en réalité. Il rend le salut présent sans tenir compte des péchés et ceux qui participent à l’événement n’ont pas besoin d’attendre leur mort,  pour savoir que Dieu les aime.

C’est là le premier enseignement qu’il faut tirer de cet épisode : le salut n’est pas le résultat d’une longue pratique, il n’est pas la récompense d’une vie méritoire. Il est à l’évidence la conséquence de la présence de Jésus parmi les hommes. La présence de Jésus, à elle seule suffit, à nous assurer que Dieu a prévu l’éternité pour que les hommes s’y accomplissent. Ainsi Dieu s’installe pour toujours dans notre vie.

Cet épisode de la multiplication des pains en est un signe tellement significatif qu’il sera rapporté 5 fois dans les Évangiles. Jésus en confirmera la portée un peu plus tard, lors du repas de Pâques qu’il partagera au soir de sa vie avec les siens. Ce repas final sera compris  comme le don total de sa vie à la cause des hommes.

Mais si tel est l’enseignement de Jésus, on ne peut s’empêcher de lui opposer tous les démentis que l’histoire des hommes nous a fait connaître. On a vu trop de peuples laminés par la disette et la famine. On a vu trop d’humains mourir de faim ou de maladie sans qu’aucun miracle ne vienne les secourir malgré leurs prières incessantes. L’apparente surdité de Dieu  aux détresses humaines laisse Jésus mourir avec nos illusions. Pourquoi le Seigneur n’a-t-il donné qu’une seule fois ce signe et ne l’a-t-il                pas répété à l’infini?  Ainsi on aurait pu dire qu’il avait réellement changé le monde?

En fait, rien n’a changé. Le monde reste désespérément mauvais. Pourtant cela  n’empêche pas  Jésus  de   nous affirmer que l’éternité de Dieu nous appartient. C’est à partir de cette certitude qu’il recrute des hommes et des femmes de bonne volonté pour que sous son impulsion et à son instigation ils se mettent à leur tour à transformer le monde et à le faire évoluer pour que les promesses du Christ annonçant un changement radical se réalisent. Le but de Jésus est donc que nous organisions nous-mêmes, à l échelle de la planète le partage initié ce jour là.

l’Écriture n’a jamais caché que l’humanité avait été mise à part par Dieu pour organiser le monde afin qu’il  reste ( ou qu’il devienne) un paradis. Ce paradis est présenté comme un projet formulé par Dieu à l’origine et que le péché des hommes s’évertue à faire échouer. La crise mondiale qui s’aggrave montre que les hommes continuent par leur égoïsme à détruire le projet divin. Les pays nantis réduisent aujourd’hui leur participation au développement. Notre pays pour ce qui le concerne a baissé sa participation de 0,7% à 0,39% contribuant ainsi à plonger les pays les plus pauvres dans une détresse qui grandit davantage alors qu’ils ne sont responsables, ni de la crise financière, ni des émissions de gaz   à effet de serre qui demain les rendra encore plus vulnérables.

C’est dans ce contexte qu’il faut recevoir le récit de la multiplication des pains. Il nous ramène dans le droit fil du projet divin. Les participants à ce repas partagent tous les maigres provisions qui passent par les mains de Jésus. Ils sont tous rassasiés. Nous ne voyons personne en train de faire bombance en tirant de son propre panier des suppléments de victuailles. Nous ne voyons pas  non plus, les gros bras faire usage de leur puissance physique pour accaparer plus de nourriture que nécessaire et faire des provisions pour les négocier plus tard.  La nécessité que Jésus leur impose de partager collectivement les modestes vivres qu’il leur offre montre clairement que quand ça se passe mal, c’est le péché qui   est à l’œuvre et qu’il empêche la vie des hommes d’évoluer harmonieusement.

Sans le péché   qui fausse tout, les hommes deviendraient  capables de remplir leur vocation d’hommes, c’est à dire qu’ils seraient              capables de gérer le          monde tel que Dieu l’avait prévu. Or Jésus ne cesse de dire que le péché a été détruit par Dieu. Il     laisse   donc miroiter la possibilité  que le monde pourrait évoluer autrement qu’il ne le fait.

Mais apparemment, ça ne marche pas et le monde où nous sommes semble courir inéluctablement vers sa perte. Beaucoup de croyants qui ne supportent pas   l’accroissement des injustices auxquelles il serait   possible de remédier, se réfugient dans l’attente d’une intervention de Dieu qui détruirait le monde des incrédules et donnerait aux fidèles l’éternité promise.

Ils n’ont pas tort, mais ils s’arrêtent à mi-chemin. Ils attendent au lieu d’agir. C’est bien souvent l’attitude qui est également celle de leurs églises. Elles ont prêché le salut, elles ont enseigné aux hommes la morale pour s’y maintenir.   Mais elles aussi se sont arrêtées là en attendant que Dieu fasse le reste, elles ont figé l’histoire du salut dans l’événement de la conversion de chacun. Elles réactualisent continuellement       cet événement dans les sacrements qu’elles pratiquent fidèlement, mais elles semblent ignorer l’étape suivante. Elles la rejettent dans le camp de Dieu.   Pourtant Dieu compte sur elles    pour  réaliser  cette dernière étape.

Il s’agit maintenant du salut du monde dont nous sommes chargés par vocation divine.  Les hommes qui   ont fait l’expérience du salut dans leur foi sont maintenant appelés par Dieu à gérer le monde  pour qu’il devienne ce monde nouveau symbolisé par la multiplication des pains.

Il y a donc deux étapes dans l’histoire du salut. Il y a le salut individuel qui est une chose acquise. Il reste la deuxième étape, celle du salut du monde qui est confié de toute éternité aux hommes qui doivent inlassablement donner des signes d’espérance et de vie là où le péché tend à répandre la mort.

Le miracle de la multiplication des pains est porteur en lui de cette double espérance. L’espérance du salut de chacun que Jésus prend en charge et l’espérance du monde pour laquelle Jésus renvoie la balle dans notre camp. Pour cela nous devons apprendre à jouer dans la société des hommes avec les règles que Dieu nous a données dans l’Écriture.