Le Saint Esprit - dimanche 27 mai 2012- Jean 15:26-27 et Jean 16 :12-15
Jean 15 :26« Celui qui doit vous
venir en aide viendra : c'est l'Esprit de vérité qui vient du Père. Je
vous l'enverrai de la part du Père et il me rendra témoignage. 27Et vous aussi, vous me
rendrez témoignage, parce que vous avez été avec moi depuis le commencement.
Jean 16 :12« J'ai
encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pourriez pas les supporter
maintenant. 13Quand viendra
l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité. Il ne parlera pas en
son propre nom, mais il dira tout ce qu'il aura entendu et vous annoncera ce
qui doit arriver. 14Il révélera ma
gloire, car il recevra de ce qui est à moi et vous l'annoncera. 15Tout ce que le Père
possède est aussi à moi. C'est pourquoi j'ai dit que l'Esprit recevra de ce qui
est à moi et vous l'annoncera. »
« Je suis maître de moi, comme de
l’univers, je le suis, je veux l’être » disait l’empereur Auguste sous la plume de Pierre
Corneille dans Cinna. De tels vers ont accompagné la jeunesse des plus
anciens parmi nous, à l époque où on apprenait par cœur les vers célèbres
de la poésie classique. A force de les réciter sans faute sous peine de
recevoir de mauvaises notes, les jeunes élèves ont été imprégnés d’une
philosophie qui a sans doute durablement
marqué leur vie. Ils ont été ainsi préparés à ouvrir leur existence à un avenir
glorieux, tel que semblait l’annoncer le théâtre classique.
C’était l’époque des trente glorieuses a-t-on
dit, la prospérité caressait l’avenir
d’un monde moderne après de longues années
de troubles et d’agitation. Les guerres coloniales s’apaisaient et la tourmente de la dernière guerre mondiale
était oubliée. L’homme civilisé partait
à la conquête d’un avenir heureux et prospère. A quoi bon alors
s’encombrer de problèmes spirituels puisque la
science et la technique devaient maîtriser toutes les difficultés qui auraient
pu surgir. Dieu avait-il encore sa place dans un univers que l’intelligence
humaine devait désormais maîtriser ?
On envisageait la conquête des astres après avoir pour la première fois mis
les pieds sur la lune.
Aveuglé par sa réussite dont il trouvait les
origines dans la littérature, l’homme moderne prenait lentement la place de
Dieu. Une telle attitude relève bien évidemment de la tentation de l’homme qui
ne trouve aucune limite à son ambition quand tout va bien, mais quand les choses se mettent à mal tourner,
c’est une autre histoire ! Naturellement cette euphorie n’a pas durée,
mais la foi en Dieu est-elle revenue ?
On ne se
retourne pas tout naturellement vers Dieu, quand on l’a abandonné. Quand les événements se retournent contre nous, on
se replie plutôt sur soi-même en se culpabilisant, comme si on avait mal agi et
que la cause de notre échec était liée à une erreur d’appréciation. Il ne s’agit pas de remettre
en cause l’intelligence de l’homme, c’est son comportement qui l’est et qui a
déséquilibré tout le système pense-ton. Ce n’est pas faux !
Mais si on se culpabilise en s'accusant de ce qui ne va pas, on croit aussi trouver la réponse dans le mauvais
comportement des autres. On considère que la cause de notre désenchantement est
dans la perte de notre confiance dans
les hommes qui avaient pour charge la
responsabilité de gérer les nations. On se retourne contre ceux qui avaient le pouvoir et qui tenaient en main l’avenir de notre société. Les groupes
humains s’accusent alors mutuellement d’être la cause du dysfonctionnement
général.
C’est à nouveau dans la littérature que l’on trouve
l’illustration de ce phénomène. Jean de La Fontaine nous raconte dans
« les animaux malades de la pestes »
le désarroi du petit peuple des animaux
en proie à une épidémie et qui croit trouver son salut en sacrifiant un
pauvre âne qui avait brouté quelques brins d’herbe dans le champ d’un autre.
C’est maintenant que nous rejoint le texte de l’Évangile : « Quand sera venu l’Esprit de vérité, dit Jésus, il vous conduira dans toute la vérité ». Un peu plus haut dans l’Évangile on nous décrit l’Esprit saint comme étant un « consolateur » ou mieux, comme un « avocat ». Jésus n’a pas besoin d’emprunter ce long détour par la littérature classique, comme je l’ai fait, pour pointer du doigt les causes de notre désenchantement. Jésus sait fort bien notre propension à nous défausser sur les autres des erreurs entraînées par nos mauvais comportements. Depuis Abel assassiné par son frère qui l'accusait d' avoir accaparé les faveurs de Dieu, les accusations n’ont fait que se répéter au cours des siècles. Dieu sait nos penchants à l’esquive, c’est pourquoi il nous montre qu’on ne peut pas s’en sortir sans son aide.
Un avocat nous est promis pour arranger les
choses. On comprend tout naturellement que les hommes s’étant écartés de Dieu pour mener leurs
affaires à leur guise ont besoin d’un avocat pour se réconcilier avec lui. Si on a
mis Dieu à l’écart, il est nécessaire
qu’on nous aide à retrouver un chemin
d’entente avec lui. En fait il n’en est rien. Avant de se réconcilier avec
Dieu, il faut avant tout se réconcilier avec les hommes, car si nous accusons certains d’avoir rompu l’équilibre qui nous
menait à la prospérité, il faut aussi se réconcilier avec ceux qui nous accusent
à notre tour d’avoir contribué à ce même déséquilibre. Cette double accusation est incompatible avec
une bonne entente avec Dieu. C’est
pourquoi il s’en mêle.
Mais si Dieu s’en mêle, son action n’est pas
forcément visible immédiatement. Il ne cherche pas à faire de miracle en
s’immisçant dans nos affaires. Il ne cherche pas à négocier
notre retour vers lui en échange d’un
progrès technique retrouvé. Si Dieu intervient, c’est en secret, dans
l’intimité de chacun de nous. Il nous demande de faire une démarche vers lui. Si Dieu nous donne rendez-vous au fond
de notre cœur où il nous attend, il
désire cependant que nous fassions un
pas vers lui.
Certes, il arrive à tout un chacun de faire
une pause dans sa vie et de réfléchir à tout ce qui se passe en lui et autour
de lui. Ce moment est perçu par Dieu comme un moment favorable à une rencontre avec
lui. Mais ce n'est pas pour autant que le dialogue s'installe entre lui et nous. Il nécessite un effort sur nous-mêmes pour repenser notre vie en sa présence, car Dieu est porteur de vie.
A son contact nous devons nous laisser saisir par un dynamisme qui nous vient de lui et qui pourrait provoquer en nous des sentiments qui nous désorientent. Nous ressentons à la fois le poids de nos fautes et la chaleur du pardon. Nous sentons aussi la colère monter dans notre fort intérieur contre les autres et contre nous-mêmes et en même temps nous ressentons une paix immense et une sérénité qui s’installent en nous. Ce bouleversement radical remet en cause notre manière de penser et notre relation aux autres. C'est ainsi que le saint Esprit se manifeste en nous. La suite dépend de nous.
A son contact nous devons nous laisser saisir par un dynamisme qui nous vient de lui et qui pourrait provoquer en nous des sentiments qui nous désorientent. Nous ressentons à la fois le poids de nos fautes et la chaleur du pardon. Nous sentons aussi la colère monter dans notre fort intérieur contre les autres et contre nous-mêmes et en même temps nous ressentons une paix immense et une sérénité qui s’installent en nous. Ce bouleversement radical remet en cause notre manière de penser et notre relation aux autres. C'est ainsi que le saint Esprit se manifeste en nous. La suite dépend de nous.
Ce ne sera peut être qu’une bonne expérience spirituelle,
en attendant la suivante, et cela n’aura pas
changé les choses en profondeur dans
notre sentiment vis-à-vis de Dieu. Il est à parier que Dieu
souhaitait autre chose de notre part car il a tout
fait pour que nous entamions un vrai
dialogue avec lui. Si c'est lui qui a provoqué cette émotion, il attendait une suite qui ne dépend plus que de
nous. C’est alors que la relation qui pourrait s'établir avec lui devrait transfigure notre existence et nous permettre de voir l'avenir autrement. Ce
dialogue qui s'est établit avec Dieu se fait désormais dans la durée et provoque en nous un bouleversements
radical dans notre vision des choses. Chacune, des actions que nous entreprenons se fera désormais sous couvert de dialogue avec l’Esprit, qui blotti au fond de nous-mêmes,nous aide à voir les choses du même regard que Dieu . Ce faisant nous devenons des êtres nouveaux, disponibles pour agir sur des routes nouvelles.
Quiconque se laisse interpeler par Dieu et
accepte le dialogue avec lui risque de se sentir investi par lui et peut se
sentir appelé pour faire des
choses qu’il ne soupçonnait même pas. C’est ainsi que le Saint esprit agit en
nous.
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