lundi 9 juin 2014

Matthieu 13:1-23 dimanche 13 juillet 2014 le Semeur.







Matthieu 13/1-23

Ce jour là, Jésus sortit de la maison et s’assit au bord de la mer. De si grandes foules s’assemblèrent auprès de lui qu’il monta s’asseoir dans une barque. Toute la foule se tenait sur le rivage. Il leur parla longuement en paraboles, il leur disait :

Le semeur sortit pour semer. Comme il semait, quelques grains tombèrent le long du chemin ; les oiseaux vinrent et les mangèrent. D’autres tombèrent dans des endroits pierreux, où il n’y avait pas beaucoup de terre. Ils levèrent aussitôt parce qu’ils ne trouvèrent pas une terre profonde ; mais quand le soleil se leva ils furent  brûlés et séchèrent faute de racines. D’autres tombèrent parmi les épines, les épines montèrent et les étouffèrent. D’autres tombèrent dans de la bonne terre : ils formèrent du fruit, un grain cent,  un autre soixante, un autre trente. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Les disciples s’approchèrent et lui dirent pourquoi  leur parles-tu en paraboles ? Jésus leur répondit : Parce qu’il vous a été donné de connaître le Royaume des cieux, et qu’a eux cela n’a pas été donné. Car on donnera à celui qui a et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a. C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient pas et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent. Et pour eux s’accomplit cette prophétie d’Esaïe : Vous entendrez bien et vous ne comprendrez point, car le cœur ce  peuple est devenu insensible ; ils se sont bouché les oreilles et ont fermé les yeux, de peur de voir de leurs yeux et d’entendre de leurs oreilles, de comprendre de leurs cœurs  et de se convertir en sorte que je les guérisse .

Mais heureux sont vos yeux parce qu’ils voient et vos oreilles parce qu’elles entendent. En vérité, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous regardez et ne l’ont pas vu entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu.

Voyez donc ce que signifie la parabole du semeur. Lorsqu’un homme écoute la  parole du royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur, c’est celui qui a reçu la semence le long du chemin. Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie, mais il n’a pas de racines en lui-même, il est l’homme d’un moment et dès que survient une tribulation ou une persécution, à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute. Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole mais en qui les soucis du monde et la séduction des richesses étouffent la parole et la rendent  infructueuse. Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend ; il porte du fruit : un grain en donne cent, un autre soixante et un autre trente



On a tout dit sur cette parabole tant elle est connue et le prédicateur aura du  mal à intéresser quelqu'un à son sujet. On a dit que ce semeur était d'une générosité incomparable, prodiguant sa semence sur toute la terre, même la plus ingrate. On a dit aussi qu'il était incompétent et qu'aucun homme  de métier ne s’y prendrait  comme lui sans se ruiner. Mais avant tout n’’oublions pas que  ce semeur  n'est pas un homme, mais qu’il est Dieu. Derrière son attitude, il y a un enseignement que nous ne comprenons pas toujours, et peut être aujourd'hui moins que jadis, car nous sommes  devenus des étrangers par rapport aux travaux de la terre.

Mais ce ne sont pas les qualités ou les défauts de ce semeur qui m’intéressent, je m'arrêterai sur le fait que Jésus explique qu’il est normal que certains ne les comprennent pas, car pour les comprendre, il faut avoir saisi ce que signifiait le mystère du Royaume des cieux. Notre but est donc d’essayer de comprendre  ce que représente pour Jésus ce  mystérieux Royaume.

Le semeur moderne doit rester perplexe en face de  ce texte, car on  décrit ici un  semeur qui jette sa semence de partout, sans tenir compte de la nature des terrains, que ce soit chemins pierreux, bonne terre ou broussailles. Quand par hasard, sa semence se met à produire elle, manifeste une productivité fantaisiste. Certains épis donnent  100 pour 1, un autre 60 et un autre 30. Autrement dit le semeur sème n'importe comment et ça pousse n'importe comment ! Ce n'est donc ni dans la manière de semer, ni dans la qualité de la récolte que réside l'enseignement de cette parabole. Ce n'est pas non plus dans l'insouciance et le désordre, mais ce serait plutôt dans la générosité et la gratuité. Le semeur jette tout ce qu'il a et le répand sans discrimination, de partout, et il ne se préoccupe pas de la quantité de ce qu'il récolte. Ce qui l'intéresse c'est qu'il y ait une récolte, et peu importe, semble-t-il qu'il ramasse moins qu'il ait semé. Ainsi, les règles de rentabilité du Royaume des cieux n'ont rien à voir avec les nôtres. Cela nous permet de constater qu'il y a un profond décalage entre  Dieu et nous, entre le ciel et la terre.

Il est bien évident que la manière d'agir du semeur ne concerne pas le travail de la terre mais qu'il concerne plutôt le travail des âmes. Il n'empêche qu'il doit forcément y avoir un point commun entre ce que Jésus nous enseigne et ce que nous faisons. Nous sommes invités à imiter le semeur dans certains de nos comportements. Mais lesquels ?

 Sans doute devons-nous tenir compte du caractère désintéressé de nos motivations,  en sachant que ce qui devrait nous animer en premier chef ne devrait  pas être l’intérêt mais la générosité.  Economiquement ce principe  est parfaitement incompatible avec la vie d’aujourd’hui, pourtant, où que nous soyons, nous devons nous présenter comme les témoins de notre foi selon laquelle nous croyons que c'est Dieu qui gère le monde et non les hommes.

Nous devons vivre notre foi  là où nous sommes et peu importe si le lieu où nous sommes  est propice  à sa manifestation.   Le semeur de la parabole commence son activité  par le chemin, et il continue par les pierres, puis  par les épines et enfin par la  bonne terre où le rendement est très variable. Voici donc une parabole adressée à chacun de nous pour qu'il ne se décourage pas si sa foi n'est pas prise au sérieux. Cela s'applique également à l'Eglise  pour qu'elle ne cherche  pas tant à être efficace qu’à  être fidèle. Il ne faut pas oublier que les œuvres  de la foi ne sont pas forcément celles qui se voient. Une Eglise trop visible qui aurait la faveur des foules n’est pas forcément fidèle.  Qu'elle cherche donc à donner toute sa mesure à sa générosité en vue du Royaume et peu importe si cela ne produit que de maigres fruits ou pas de fruit du tout. Le but de l'opération n'est pas l'efficacité, mais la manifestation du Royaume. Mais savons-nous bien encore ce qu'est le Royaume?

Tout le monde serait bien évidemment d'accord pour dire que le Royaume  concerne Dieu mais que dire de plus ? Les sages de notre pays ont été interrogés sur cette question, bien involontairement, il va s'en dire, et ils n'ont pas su répondre. En parlant de "sages" je veux faire allusion à une histoire assez ancienne où des magistrats ont fait figue de sages. Il y a  déjà longtemps, certains pasteurs frondeurs s'étaient avisés de traîner devant les tribunaux les autorités nationales de notre Eglise qui avaient enfreint selon eux, les règles du code du travail. Les magistrats, peu enclins à faire de la théologie ont pris les plaignants à leur propre piège. Ils se sont saisis de la déclaration de foi de l'Eglise Réformée qui existait encore et dans laquelle on peut lire que  « l'Eglise travaille au réveil des âmes... et qu'elle prépare les chemins du Seigneur jusqu'à ce que vienne par le triomphe de son chef, le Royaume de Dieu et sa justice ».  Ils ont conclut que "travailler à la venue du Royaume de Dieu" n'était pas un travail de la même nature que ce que l'on entend habituellement par cette expression, et ils les ont renvoyés  les plaignants à leurs chères  paroisses, ainsi avaient-ils échappé au piège qui consistait  à définir le Royaume de Dieu en termes  adaptés au monde extérieur à l’Eglise..

Pour beaucoup le Royaume de Dieu se confond avec la fin des temps et ils rejettent ainsi dans un avenir lointain la réponse aux urgences du moment. Il me semble que c'est parce que nous nous maintenons dans cette perspective que nos contemporains ne se sentent pas très concernés par notre message puisqu'il envisage une fin des temps qui se confond avec un futur lointain et problématique. Dans une telle vision des choses nous négligeons le court terme. Or c'est dans le court terme que se posent les urgences du moment. Les témoins de Jéhovah en supprimant le long terme et en déclarant que la fin du monde est toute proche, réduisent les distances du temps et répondent donc à leur manière aux urgences de notre époque, puisque pour eux le couvercle de la marmite va bientôt sauter. Leur réponse est sans doute mauvaise pensons-nous. Mais ils en ont une !  Le succès des sectes vient du fait qu'elles proposent une réponse dans le court terme. Qu'en est-il de nous ?

Si nous sommes maladroits pour donner des réponses, l'Evangile cependant en donne une, mais cela nécessite de notre part un comportement différent de celui des autres. Peut-être sommes-nous trop maladroits, trop égoïstes, pour savoir manifester la réponse de l'Evangile.  Il est clair pour lui, que le Royaume de Dieu  relève d’une autre sagesse que celle qui a cours dans la société d’aujourd’hui. Dieu est rendu présent par la spontanéité, la générosité, l’abnégation de ceux qui savent que c'est Jésus Christ qui les habite et qui motive leurs attitudes. C'est par eux que Jésus est présent dans ce monde et qu'il répond à  ses questions.

Pour tout Chrétien conséquent Dieu se tient continuellement à ses côtés, quand il prie, quand il agit ou quand il dort. Le Royaume de Dieu devient une réalité pour nous, toutes les fois que nous prenons conscience que la présence de Dieu en nous sollicite des attitudes  nouvelles qui sont en décalage par rapport à l’attitude que prendraient les autres dans des conditions semblables.

Il est donc nécessaire maintenant que nous nous interrogions sur notre propre spiritualité et notre  vie intérieure,  car le Royaume de Dieu est en nous. Il est l’expression de la présence de Dieu dans votre âme, autrement dit de votre intimité avec Dieu.  Certes ma question est indiscrète et n'appelle pas de réponse. Mais elle nous invite à un questionnement sur nous-mêmes.

Nous existons parce que le Christ vit en nous, et nous devons nous en émerveiller chaque matin et en rendre grâce à Dieu chaque soir. Et  quand nous le ferons tous, ce sermon n'aura plus de raison d'être.


Illustrations : Le semeur de Van Gogh

jeudi 5 juin 2014

Matthieu 11:25-30 la sagesse de Dieu Dimanche 6 juillet 2014




En ce temps là, Jésus prit la parole et dit : Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et que tu les as réservées aux enfants. Oui, Père je te loue de ce que tel a été ton bienveillant dessein. Tout m’a été remis par mon Père et personne ne connaît le Fils si ce n’est par le Père, personne non plus ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.

Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et retenez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est aisé et mon fardeau léger.



On n’ose pas toujours le dire, mais parfois Jésus nous agace. Il y a des moments où on a du mal à le suivre et où ses propos nous blessent. On n’ose cependant pas le dire car de telles pensées paraîtraient inconvenantes. Aujourd’hui, il s’en prend aux sages et aux intelligents. Et naturellement, nous nous sentons visés, parce que nous nous croyons sages et intelligents, et sans nous flatter, nous le sommes vraiment. Il s’en prend à nos vertus les plus caractéristiques pour les opposer à celles des tout petits enfants qui en raison de leur manque d’expérience n’ont pas encore pu tester leur propre intelligence. En nous déstabilisant ainsi, on ne sait pas où Jésus veut en venir.

Comment peut-il s’en prendre à notre sagesse alors que la Bible valorise la sagesse humaine en commençant par celle de Salomon qui était proverbiale? Jésus s’en prend à notre intelligence. N’est-ce pas grâce à elle que le génie humain parachève la création ? N’est-ce pas grâce à elle que nous traduisons en actes les intuitions que Dieu nous donne par son Saint Esprit ? Comment pourrions-nous aider les autres et les aimer comme nous-mêmes si nous ne pouvions les considérer avec intelligence et les aider dans la mesure de nos compétences ? Jésus veut-il que nous changions de comportement ? Veut-il que nous abandonnions tout pour mendier notre bol de riz sur les chemins, comme le font certains moines bouddhistes ? Nous faut-il revenir comme les Hébreux dans le désert qui attendaient chaque soir que la manne leur vienne du ciel ?

Bien qu’il sache fort bien nos réticences à ses propos, il nous vente la sagesse des nourrissons. Ils sont encore si petits qu’ils dépendent entièrement de leur mère. Jésus sait certainement qu’à ce stade de leur évolution, ils sont entièrement égocentriques et que leur existence se réduit à la satisfaction de leurs pulsions immédiates. Quand leurs besoins de confort ne sont pas satisfaits, ils pleurent pour exiger que leurs désirs soient assouvis ? Est-ce ainsi que Jésus veut que nous soyons, tels Adam et Eve dans le jardin d’Éden vivant de tout ce qui leur était donné en abondance ? Mais ça ne marche pas ainsi, le jardin des Ecritures nous est interdit et pour vivre sur terre il nous faut être responsables de nos actes ? Il nous faut agir intelligemment pour que le plus possible d’entre nous vivent correctement. N’est-ce pas là la volonté de Dieu ? Il est évident que ce n’est pas là que Jésus eut en venir.

Si nous persistons dans ce type de raisonnement nous allons nous orienter sur une mauvaise voie. Il est évident que Jésus s’en prend pas à nos valeurs intellectuelles et à notre manière d’appréhender les problèmes avec sagesse. Par contre il veut nous mettre en garde contre nous-mêmes. Il sait que plus nous sommes compétents, plus nous avons acquis de savoir, plus nous sommes enclins à faire confiance en l’homme et en l’homme seul. Plus nous donnons du poids à nos valeurs humaines, plus nous risquons d’oublier Dieu.

Jésus nous invite à un peu de modestie par rapport à nous-mêmes et à ne pas confondre sagesse et connaissance, car bien souvent nous croyons qu’en accumulant les savoir nous croissons en sagesse. Ce qui est faux. Nous allons vérifier la justesse de ses propos à travers l’Ecriture. Le récit le plus significatif en la matière se trouve sans doute dans l’histoire de David et de Goliath. Que les récits soient historiques ou légendaires ne changent rien à l’affaire. David nous est présenté par les textes comme un garçon intelligent et avisé. Cependant, face au géant Goliath, aucune sagesse humaine ne lui aurait donné une seule chance. Il fallait donc que son intelligence et sa sagesse soient relayées par une audace dont l’intuition lui venait d’ailleurs.


Autre exemple : Le peuple d’Israël lui-même, malgré toute la sagesse de Moïse pouvait-il défier raisonnablement le pouvoir du pharaon, traverser les eaux hostiles de la mer Rouge et envisager de séjourner dans le désert au milieu des reptiles et des scorpions à la recherche d’une hypothétique terre promise ? C’était un défi au bon sens et pourtant il l’a relevé. Toute l’Ecriture nous relate ce type d’événements pour nous enseigner que la foi en Dieu repose sur ce type de défi que l’on relève en s’appuyant sur la foi et non sur la connaissance. Les hommes de la Bible avaient capacité d’affronter les obstacles de la vie grâce à l’intuition qui leur venait de Dieu et qui pouvait parfois s’opposer à la sagesse et à l’intelligence humaine. Ils ont cependant bien souvent préféré suivre leur propre sagesse en oubliant d’écouter Dieu et leur aventure a tourné court.

C’est là que Jésus attendait ses auditeurs, c’est là qu’il nous attend aussi. Il considère que notre sagesse et notre prudence risquent de neutraliser notre capacité à espérer. Notre raison nous porte à limiter raisonnablement les risques. C’est pourquoi, nous nous sentons toujours trop faibles pour entreprendre, trop pécheurs pour espérer, trop vieux ou trop peu nombreux pour entreprendre. Notre sagesse et notre intelligence établissent des limites de prudence que Jésus veut nous faire dépasser. Il veut que nous devenions des prophètes de bonheur dans une société qui passe son temps à se protéger du pire et qui méconnaît les capacités de réussite que contient l’espérance.

Un des plus gros défi que nous ayons à relever, c’est celui que nous pose notre propre savoir, car c’est sur lui que nous asseyons notre sagesse. Il constitue comme une force d’inertie qui nous empêche d’avancer parce qu’il fait de nous des êtres blasés face à l’avenir. Notre savoir  s’appuie sur tant d’expériences que nous avons l’impression du « déjà vu » qui nous prive de toute audace et qui neutralise notre faculté d’espérer. Ce savoir qui s’appuie sur l’expérience des autres neutralise notre propre intelligence et notre propre sagesse. Il pèse sur nous d’un poids comparable à celui du joug que l’on posait sur la nuque des bœufs à l’époque de la traction animale. Si le joug permettait aux bœufs de tirer

des charrettes de gros poids, il les obligeait à baisser la tête et les empêchait de voir devant eux. Leur vision de la route en était ainsi obstruée. Le poids de notre savoir nous met dans ces conditions semblables à celles des bœufs au travail, il nous empêche de voir au-delà de nous-mêmes les possibilités que Dieu dessine à l’horizon de notre route.

Jésus savait que l’Ecriture était témoin d’une autre manière de voir les choses. Il a appris par exemple que dans l’histoire de David et Goliath, David a déposé les armes trop lourdes que le roi Saül avait mises à sa disposition pour le protéger. Elles l’empêchaient de se mouvoir au lieu d’assurer sa sécurité. De même, le peuple d’Israël avait du oublier sa propre sécurité avant de quitter l’Égypte et abandonner tout ce qui aurait pu entraver sa progression dans le désert. Il n’avait pour le protéger que la certitude que Dieu l’accompagnait dans son aventure et ne l’abandonnerait pas. C’est ainsi qu’ils pouvaient courir le risque de l’entreprise. Dans une telle aventure, notre sagesse et notre intelligence peuvent agir comme des freins qui pourraient contrecarrer les projets que Dieu nous amène à formuler. Nous ne pouvons donc être audacieux dans la foi sans déposer les poids qui entravent nos désirs.

Déposer nos poids trop lourds, ne consiste pas seulement à dépasser notre savoir et nos connaissances pour laisser Dieu pénétrer en nous et faire sa demeure dans notre âme, c’est aussi agir de telle sorte que le poids des expériences que l’on a acquises ne pèse pas d’une manière négative sur les messages que Dieu nous envoie. C’est aussi accepter que les remords que l’on peut avoir ou que le dégoût que l’on peut avoir de soi-même n’encombrent plus notre avenir. Dieu a décidé une fois pour toutes, par le pardon qu’il nous donne de nous en débarrasser et d’en porter pour nous tout le poids. Il a décidé que le passé ne devait plus être un obstacle. Il se charge lui-même d’en assumer le poids et il place devant nous des projets qui font vivre. C’est cela qu’on appelle l’espérance. L’espérance, c’est la puissance de vie que Dieu met en nous et avec laquelle nous construisons notre destin.

Sermon déja proposé  le 2011

samedi 31 mai 2014

Matthieu 10:37-42 - Le Dieu de Jésus Christ - dimanche 29 juin 2014



Matthieu 10 : 37-42  dimanche  

37 Celui qui me préfère père ou mère n'est pas digne de moi, celui qui me préfère fils ou fille plus que moi n'est pas digne de moi ; 38celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n'est pas digne de moi. 39Celui qui aura trouvé sa vie la perdra, et celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera.
Qui vous accueille m'accueille

40 Qui vous accueille m'accueille, et qui m'accueille accueille celui qui m'a envoyé. 41Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète obtiendra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en sa qualité de juste obtiendra une récompense de juste. 42 Quiconque donnera à boire ne serait-ce qu'une coupe d'eau fraîche à l'un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis, il ne perdra jamais sa récompense.


Celui qui rencontre Jésus pour la première fois  se trouve bouleversé et même  fortement  déstabilisé sans qu’il y prenne garde. Cette rencontre peut se produire par l’intermédiaire d’ une  personne rencontrée à l’improviste,  qui nous rapporte certains de ses discours, elle peut se produire par le biais de nos lectures ou d’une tout  autre manière.  Jésus parle de Dieu et du monde d’une manière tellement  différente  de ce qu’on les conçoit habituellement qu’il retient notre attention.

Habituellement nous voyons en Dieu le « Tout puissant », de qui procèdent toutes les réalités. Il nous apparait parfois comme un être lointain qui cache se majesté derrière les merveilles de la nature telle une nuit étoilée en plein été ou le spectacle fantastique d’une aurore boréale ou d’un tempêtes  qui secoue les vagues et les élève à des hauteurs considérables.  Les merveilles de  la nature ne manquent pas de  nous provoquer quand nous découvrons à la loupe binoculaire le prodige de l’articulation des membres d’un insecte. Sa couleur fantastique ou le mystère par lequel il utilise ses phéromones dans les échanges avec ses semblables contribuent également à notre émerveillement.

Qui n’a pas été  intrigué par la danse des abeilles grâce à laquelle elles  communiquent entre elles ? C’est, en effet,  par ce procédé que les chercheuses révèlent aux butineuses le lieu  où se trouve la source d’approvisionnement en nectar ou en pollen. Nous pensons que toutes ces merveilles  ont Dieu pour auteur et ont été programmés par des calculs tels qu’aucun ordinateur n’aurait pu les réaliser. «  O ! Dieu que ton nom est grand sur toute la terre ! » Pensons- nous  dans notre fort intérieur en paraphrasant le psaume 8 »

Quand nous songeons à l’humanité et aux prodiges d’intelligence qui sont les siens, «  Qu’est ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui et le fils de l’homme pour que tu  prennes garde à lui » continuons-nous dans notre paraphrase. Avec Job nous nous émerveillons et nous nous humilions devant tant de grandeur et nous pensons que seul le lecteur de la Bible peut  trouver du sens et de la cohérence dans tout cela.  Mais ce Dieu si grand et si merveilleux  reste  inaccessible à notre pensée. Comment le rejoindre  et devenir son ami ?

Las ! Depuis toujours on nous a appris que ce grand Dieu pouvait être redoutable et qu’il devenait exigent quand il  se rapprochait de nous. Etant lui-même parfait il redoute notre imperfection si bien qu’il  est capable de nous sanctionner  à cause de  notre apathie à nous améliorer. Il voudrait que nous nous repentions sans restriction des fautes commises, même si nous n’en avons pas conscience. Nous pouvons  ainsi à chaque moment encourir son courroux qui nous  pourrait  nous emmener  à la mort.

Etres fragiles et fautifs, nous cherchons cependant à gagner le droit d’exister devant Dieu. Nous avons  cependant appris  que dans sa générosité, il nous le concède par amour si nous acceptons de partager sa manière de voir les choses.  La société religieuse du temps de Jésus était bien organisée pour aider les hommes à fonctionner  dans cet univers où tout était réglé pour que  les humains s’accordent harmonieusement avec leur Dieu. Grâce au ministère  des prêtres et du clergé de leur temps les choses pouvaient entrer dans ordre acceptable.

Jésus, quant à lui,  n’y a pas trouvé son compte. Il a développé son ministère en opposition à ce qui était vécu dans le monde religieux de son temps.  A sa suite les humains ont construit une autre société.  Elle n’était cependant pas absolument différente de la précédente.  Supprimant  les rites des sacrifices  du temple, oubliant une partie des exigences de la Loi,  les humains ont instauré d’autres manières d’être présent à Dieu.  Elles étaient moins contraignantes mais  maintenaient  cependant  les humains en état de dépendance par rapport au divin.  Si Jésus ne se retrouvait pas dans  la première conception des choses s’y retrouverait-il mieux  dans l’autre  que l’on a  tenté de construire à son injonction? Ce n’est  évident.

La première impression que nous retenons de Jésus quand nous  le rencontrons dans les évangiles, c’est qu’il  s’approche des hommes et qu’il  commence par prendre en charge leurs craintes.  Il présente alors Dieu sous un jour  différent de ce que nous avons l’habitude d’imaginer.  «  Pourquoi as-tu peur et de quoi as-tu peur ? » semble-t-il nous dire. « Tu ne sais pas ! Tu n’as pas de réponse, tu crois que c’est Dieu qui en est cause !  Mais Dieu n’est pas ainsi. Il voudrait être ton Père. Il voudrait être ton libérateur. C’est pourquoi il entreprend de combattre contre les peurs  qui te pourrissent la vie, et pour t’aider, il met en toi une partie de son esprit afin de te donner assez d’énergie pour faire face à la vie. »

Tout cela n’est pas vraiment nouveau, tout cela était déjà contenu dans les Ecritures dont les prophètes  ont rendu témoignage au cours des siècles. Mais leur témoignage avait été obscurci  par d’autres propositions concernant  Dieu qui les avaient occultés.  Pourtant Jésus n’a pas hésité, il  a effacé  tous ces contre témoignages qui obscurcissaient les Ecritures et a  donné priorité à ce que Dieu avait à cœur. Il a rappelé  les promesses de vie pour tous et la certitude que Dieu avait  que les hommes étaient capables de se transformer pour construire eux-mêmes le Royaume que Dieu espérait.

Jésus est venu vers ceux qui se sentaient attirés par lui et il continue à venir  vers ceux  qui espèrent en lui.  Jésus bouscule tout ce que les siècles ont rajouté à la loi et ont contribué à la  défigurer. C’est ainsi qu’à titre prophétique, un jour dans le parvis du temple il a  chassé les animaux destinés  aux sacrifices qui  dénaturaient  les vrais enjeux qui se jouaient dans le sansctuaire.  Il offrait ainsi une nouvelle manière de comprendre Dieu, car Dieu se voulait, selon lui, d’abord un libérateur et un pourvoyeur de vie. Jésus proposait le mot amour pour supplanter toutes les attributs dont Dieu était affublés  pour le définir. Sa justice et  sa toute puissance passaient après .C’est ainsi, pour qu’une femme coupable d’un péché passible de mort puisse vivre,  il l’a accueillie avec tellement  d’amour que ses adversaires qui voulaient la punir  en la tuant, en  ont oublié leurs instincts meurtriers.  

Si donc Dieu est pourvoyeur de vie, il ne  peut être associé à ce qui  pourrait mener à la mort, pas même à ce qui pourrait être perçu comme un juste jugement.  Nul alors ne pourra trouver en Dieu la justification de la haine qu’il éprouve pour les autres ni se justifier des violences  qu’il exerce contre ses semblables. Il ne pourra  pas non plus contraindre Dieu à endosser la responsabilité des maladies, ni des catastrophes.  Si les hommes veulent en savoir les origines qu’ils laissent le saint Esprit visiter leur merveilleuse intelligence, peut-être alors verront-ils le monde autrement et du coup, ils verront Dieu autrement.

Ainsi, au contact de Jésus, Dieu nous apparait autrement  que de  la manière dont on le conçoit habituellement. De ce constat va naître un énorme malentendu, car cette manière de voir les choses ne va pas plaire à tout le monde. Ceux qui  se trouvent dans des positions privilégiées et qui pensent que Dieu les conforte dans leur  situation sont dans l’erreur. C’est ainsi que Jésus écartera de  lui un jeune homme plein de bonne volonté qui n’avait pas compris que ses richesses n’étaient pas un don que Dieu lui avait réservé et que s’il voulait rester en accord avec lui, il devait se faire justice à lui-même  et les partager avec plus défavorisés que lui.

Quand on s’attaque aux privilégiés et que l’on dit que Dieu ne trouve pas sa place dans leur camp, on s’attire forcément des inimitiés. Plus ils seront puissants, plus ils feront du mal à ceux qui  les contestent. Tel fut le sort de Jésus et lucidement Jésus a laissé entendre que ce sera aussi le sort de ceux qui partageront ses idées sur Dieu. S’élèveront alors des dissensions, la paix espérée prendra des formes de guerre.  Il n’y aura plus de place dans le monde pour ceux qui préconisent une autre manière de voir Dieu que celle qui consiste à diviser le monde en mettant d’un côté les bien méritants, les bien nés, les bien convertis et en mettant de l’autre ceux qui ne sont pas de cet avis.

Dans une telle perspective et malgré les divisions qu’il suscite dans les rangs de ses adversaires, mais aussi dans les rangs de ses amis, voire même de sa future Eglise, Jésus entrevoyait cependant ce moment où sa conception  de Dieu sera de plus en plus partagée par les humains et où les croyants, malgré les obstacles susciteront des adhésions et où le monde, gagné à la sagesse de Jésus se transformera. Tel est le Royaume dont il parlait, telle est l’espérance dont il accompagnait ses propos, telle est la perspective d’avenir dans laquelle il nous engage à entrer.


Ces petits personnages de Poulbot vivant dans un monde défavorisé, laissent entrevoir par leur sourire  l’espérance d’un monde meilleur.